60 ans après l'officialisation de la "Journée Internationale de la Femme Africaine" (JIFA) par l'Organisation des Nations unies, (ONU), Suzanne Bellnoun, présidente fondatrice de l'Organisation des Femmes Africaines et de la Diaspora (OFAD), fait partie du club sélect qui œuvre pour la structuration des femmes de la diaspora.
Cette structuration s'articule en mettant un accent particulier sur le besoin d'accompagnement et de reconnaissance des femmes africaines à l'étranger. Et ce, " malgré leurs compétences maintes fois démontrées et en dépit de leur droit de participer en toute égalité aux efforts de développement ici, en France, et là-bas, en Afrique, les Africaines peinent à accéder aux postes de travail requis et à l'investissement et au financement afin d'entreprendre ", souligne Suzanne Bellnoun, convaincue de la force et des engagements des femmes de la diaspora africaine.
Elle explique que la migration féminine africaine n'est plus marginale. En appui d'un rapport, "les femmes sont même devenues majoritaires dans les diasporas africaines". À l'échelle de l'ensemble des pays de l'OCDE, la part des femmes dans la migration depuis l'Afrique est passée de 46,7% en 2001 à 48,2% en 2016.
Pour Suzanne Bellnoun, ce sont des femmes africaines qui impulsent désormais des dynamiques nouvelles dont l'entrepreneuriat est un des domaines d'activité qui les attire le plus. Il s'agit, pour l'OFAD, de les structurer, de les accompagner et surtout de matérialiser la forme d'entreprises déjà envisagée par ces porteuses de projet.
" Prenons un exemple concret de la sécurité alimentaire, confie-t-elle. Les femmes envisagent d'entreprendre dans le domaine agricole. Nous leur conseillons de se mettre en coopérative et d'acquérir des terres dans leurs pays respectifs. Elles pourront assurer une chaîne de création de richesses depuis la plantation, la récolte, la transformation jusqu'à la commercialisation, que ce soit au niveau national ou international. Le Fonds d'investissement en création sera dédié à l'accompagnement de ce genre de projets. ".
À la question "comment expliquer l'intérêt actuel porté par les institutions et les pouvoirs publics pour cette mutualisation des actions en faveur de l'autonomisation des femmes", Suzanne Bellnoun répond par son implication profonde ou ancienne reconnue dans les problématiques de la diaspora africaine et son expérience acquise dans les projets de co-développement franco et euro-africains.
" Nous avons su créer un environnement à la fois, conjoncturel et structurel favorable aux activités entrepreneuriales de la diaspora féminine dans leur pays d'accueil et sur le continent africain. Nous menons en même temps des actions auprès des pouvoirs publics, des entreprises et du grand public. "