Centrafrique: Le discours du président Touadéra a crispé le climat politique

Faustin-Archange Touadéra, président de la République centrafricaine.

En Centrafrique, la semaine écoulée a fait remonter certaines tensions, entre les explosions d'origine toujours incertaines à Bossangoa dans la nuit du dimanche 27 au lundi 28 novembre et le discours du chef de l'État mercredi soir.

Les points de tension se sont enchaînés ces derniers jours en Centrafrique. Le week-end dernier, le camp militaire de Bossangoa a été touché par des explosions qui n'ont pas fait de victime. Et mercredi 30 novembre, le président centrafricain s'est adressé au pays à la veille de la fête nationale, faisant notamment le point sur la situation sécuritaire.

Faustin-Archange Touadéra a accusé les opposants d'en appeler aux " terroristes " pour déstabiliser le pays. Le Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC), qui rassemble les principaux acteurs opposés à une réforme de la loi fondamentale (de même que le Conseil de Résistance pour la Transition, organe formé récemment par des personnalités en exil), était comparé à une " association de malfaiteurs qui crée la psychose dans l'opinion ", et en " appelle aux organisations terroristes aux fins de mettre le pays à feu et à sang ".

Des propos indignes selon l'opposition, qui dénonce une dérive personnelle du pouvoir, comme Crépin Mboli-Goumba, coordinateur du BRDC. " La République n'est pas un clan ", dénonçait hier l'opposant joint au téléphone par la rédaction Afrique.

Crépin Mboli Goumba: "Ce qui aurait dû préoccuper le président de la République, c'est de rassembler les Centrafricains"

François Mazet

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" Il faut être prudent dans le choix des mots "

Alors que la question d'un référendum constitutionnel est toujours en suspens, que les fausses nouvelles et les discours radicaux en ligne pullulent, le vocabulaire utilisé par le président inquiète le politiste Paul-Crescent Beninga, enseignant-chercheur et figure de la société civile qui juge cette qualification " très grave ", au micro de François Mazet, de la rédaction Afrique.

" Aujourd'hui, il faut le dire, nous sommes confrontés à une crise politique, constate-t-il au micro de RFI. Je crois qu'il faut être extrêmement prudent dans le choix des mots, parce que l'intérêt, de mon point de vue, est de trouver plutôt des mots qui sont susceptibles de décrisper la tension. " Pour le chercheur, les termes " terrorisme " ou " complicité de terrorisme " pour faire référence à l'opposition participent à ce qu'il nomme " la dynamique du raidissement du régime ". Un discours qui ouvre la voie selon lui à " un jeu de ping-pong qui n'est pas de nature à faciliter la décrispation du climat politique ".

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