Algérie: L'invasion de la ville de Laghouat, l'autre carnage de la France coloniale

LAGHOUAT — L'invasion de la ville de Laghouat, le 4 décembre 1852, par la France coloniale met en évidence l'une des plus cruelles formes de la politique de la terre brulée appliquée par le colonialisme français, selon l'historien et universitaire Mâamar Djirène.

Dans le cadre de la commémoration, ce dimanche, du 170eme anniversaire de ce carnage, le chef du département d'Histoire à la Faculté des Sciences humaines, islamiques et de civilisation de l'Université Ammar Thelidji de Laghouat a indiqué que les massacres perpétrés par les forces coloniales françaises à l'encontre du peuple algérien, lors de la prise de Laghouat, en représailles aux farouches résistances menées héroïquement par Chérif Benabdallah et Bennacer Benchohra, font partie des "plus atroces crimes commis par la France coloniale dans le cadre de sa politique de la terre brulée et la réalisation de ses desseins expansionnistes et de mainmise sur le Sud algérien".

"La prise de la ville de Laghouat est devenue, par la force des choses, un véritable holocauste perpétré par la France coloniale pour venir à bout d'une population classée guerriers ennemis", suite à la mort des soldats français et leur général Puscaren, a soutenu l'intervenant.

M. Djirène a indiqué que ce massacre a fait entre 2.500 et 3.000 martyrs, hommes, femmes et enfants, soit les deux tiers d'une population de 4.500 âmes d'une ville martyrisée par les troupes coloniales.

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Selon lui, cette hécatombe a engendré un choc parmi les habitants de la ville de Laghouat qui en gardent encore les stigmates indélébiles en attribuant, pour marquer cette date, des qualificatifs comme l'année de la "Khalia" ou de la "Chekara" (extermination au sacs).

Et l'historien d'ajouter que pour protéger les nouveaux nés et les enfants de sexe masculin du massacre, les femmes rescapées leur ont porté des boucles d'oreilles et des robes, pour les préserver de la tuerie, sachant que dans leur entreprise funeste, l'armée coloniale s'en prenait aussi aux garçons notamment, les considérant comme les futurs dépositaires du patriotisme et défenseurs de la patrie, espérant, de ce fait, se prémunir d'une éventuelle vengeance de ces futurs hommes.

L'universitaire a estimé que la stratégie d'extermination contre la population locale fut une exhibition de force et fait partie des tactiques de la terre brulée menées par les trois généraux de l'armée coloniale.

Pour étayer ses témoignages liés au génocide des Laghouatis, l'universitaire est revenu sur les mémoires d'officiers de l'armée coloniale riches en données sur ce massacre et dans lesquelles ils relatent : "après avoir caché tous les cadavres, Laghouat était devenue une ville morte, vidée de sa population, et où seuls les soldats français régnaient".

Dans ses mémoires, l'officier français Eugène Fromentin avouait: "l'horreur du spectacle était grandiose, insupportable au point où même les chiens ont déserté la ville, une cité fantôme où l'air pollué par la décomposition des cadavres était devenu irrespirable, alors que les soldats continuaient de faire leurs butins, en s'accaparant les bijoux des femmes tuées".

Dans le même sillage, l'universitaire Djirène a indiqué que le département d'Histoire de l'Université de Laghouat accorde une grande importance à la résistance populaire de Laghouat, ajoutant que les étudiants s'emploient à préserver les épopées de cet évènement et à transmettre les sacrifices des aïeux aux générations montantes, notamment cette résistance, écrite en lettres d'or et faisant la fierté du peuple algérien, alors que ces actes abominables demeurent une honte dans l'histoire du colonialisme français.

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