Sénégal: Médias - Mamadou Kassé raconte l'évolution de la presse sénégalaise, 30 ans après la Déclaration de Windhoek

5 Décembre 2022

Le journaliste sénégalais Mamadou Kassé raconte dans un ouvrage collectif et bilingue (français et anglais) comment la presse sénégalaise a évolué au cours des trente dernières années, à la suite de la Déclaration de Windhoek pour une presse africaine indépendante et pluraliste.

Mamadou Kassé rappelle que les médias "constituent une composante essentielle dans la promotion de la démocratie, de la bonne gouvernance et des droits de l'homme". Le livre de 212 pages paru en octobre dernier est le fruit de contributions de journalistes et d'éditorialistes de plusieurs pays d'Afrique : Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Côte d'Ivoire, Eswatini, Ghana, Guinée, Kenya, Lesotho, Maurice, Namibie, Niger, Nigeria, Ouganda, République démocratique du Congo, Sénégal, Tanzanie et Zambie.

L'ouvrage intitulé "Tracing the footprints of the Windhoek Declaration and Charting the Windhoek Declaration" a été publié avec la collaboration de l'Unesco. Des éditeurs africains et des universitaires des pays déjà cités, parmi les 38 représentés en 1991 au séminaire de l'Unesco à Windhoek sur l'exercice du métier de journaliste, y ont contribué. Cette rencontre tenue dans la capitale de la Namibie avait donné naissance à la Déclaration de Windhoek pour une presse africaine indépendante et pluraliste.

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Dans son article intitulé "La presse sénégalaise, 30 ans après Windhoek", Mamadou Kassé rappelle que "ce n'est qu'à partir de 1974 (... ) que la presse privée d'informations générales fit son apparition avec, notamment, le journal satirique Le Politicien, du journaliste Mame Less Dia, le journal Promotion, de Boubacar Diop". "D'autres petits journaux à durée de vie plus ou moins courte" ont ensuite existé au Sénégal, a-t-il ajouté. "Certains d'entre eux duraient le temps d'une élection et étaient financés par les politiciens", écrit Kassé, soulignant que "la chute du mur de Berlin, qui consacre la fin de la guerre froide, a entraîné le dépérissement des journaux de gauche jusque-là soutenus par les pays de l'Est".

Mamadou Kassé évoque "la mutation" des grands groupes de presse comprenant des radios, des chaînes de télévision, des quotidiens et d'autres périodiques, à partir de cette première alternance. Ce changement s'est accéléré avec l'arrivée de nouveaux investisseurs, dont des hommes d'affaires, des capitaines d'industrie et des artistes, dont le chanteur Youssou N'Dour.

Le journaliste insiste sur le fait que le business-plan de ces investisseurs "est basé sur une approche axée sur le multimédia (presse, audiovisuel, numérique), afin de capter le maximum de marchés".

Cette expansion des groupes de presse a conduit le ministère de la Communication à entamer en 2011 des concertations, dans le but de "faire l'inventaire des entreprises exerçant dans le domaine des médias (radiodiffusion, télévision, presse écrite, presse en ligne)", rappelle encore le journaliste.

Kassé aborde également la question des statistiques financières des entreprises, la subvention annuelle à la presse, qui est passée de 80 millions de francs CFA en 1990 à 700 millions en 2015 et 1,4 milliard de francs en 2021.

"Quelque 200 organes de presse sont inscrits dans ce programme de subvention (presse écrite, radios, télévisions, sites d'information), ainsi que les écoles de formation en journalisme", rappelle-t-il.

Dans sa contribution, Mamadou Kassé s'est intéressé aussi aux organes de régulation et d'autorégulation des médias au Sénégal : le Conseil national de régulation de l'audiovisuel et le Conseil pour l'observation des règles d'éthique et de déontologie des médias. Il a rappelé les efforts visant à professionnaliser davantage le secteur des médias, avec l'établissement de la carte nationale de presse délivrée aux journalistes et aux techniciens.

"Des contenus et des orientations éditoriales parfois instables"

Il convient de "relativiser la viabilité des médias, qui n'ont pas les mêmes statuts, les mêmes modes de financement et les mêmes formes de gestion", note aussi Kassé, estimant que "c'est la raison pour laquelle certaines [entreprises de presse] à financement unipersonnel ne vivent pas longtemps, tandis que les groupes de presse disposant d'outils de gestion performants arrivent à tenir".

Pour la seconde catégorie, il cite Sud Communication, Wal Fadjri et le groupe Futurs Médias, "qui résistent à la concurrence des organes financés entièrement par l'Etat, à savoir la RTS, l'APS et Le Soleil". "Certains journaux et radios créés et financés par des hommes politiques ont disparu, avec la perte du pouvoir de ces hommes politiques", fait-il remarquer. APS

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