Moussa Dadis Camara a bel et bien parlé ce lundi 5 décembre au procès du massacre du stade de Conakry, mais lors d'une comparution express de sept minutes pour dire qu'il n'était pas en mesure de comparaître pour des raisons de santé. Le président du tribunal lui a donné une semaine.
Le président du tribunal, Ibrahima Sory 2 Toumkara, a décidé de renvoyer l'affaire au lundi 12 décembre. Il est presque 11 heures ce matin quand le président du tribunal appelle à la barre Moussa Dadis Camara. Dans le box des accusés, il se lève et marche lentement jusqu'au pupitre en bois placé devant le pupitre.
Alors que le magistrat demande à l'accusé s'il préfère s'asseoir ou rester debout pour parler, l'ex-chef d'État putschiste, évoque son état de santé : " Je souffre depuis longtemps, dit-il d'un ton plaintif. Je ne suis pas au-dessus de la loi. Si vous m'obligez, j'essaierai d'être à votre disposition. Mais en toute sincérité, je ne me sens pas en état pour le moment. Je m'en remets à votre sagesse. Je n'ai pas le choix, monsieur le président ".
Le président l'interroge : " Vous voulez dire que vous êtes souffrant, que vous n'êtes pas en mesure de vous adresser au tribunal? " Dadis Camara répond par l'affirmative et dit avoir contracté le paludisme. Il assure être affaibli.
Ce n'est pas la première fois que Moussa Dadis Camara alerte sur son état de santé. C'est ce qu'a laissé entendre le président du tribunal lors de l'audience de ce matin. L'ancien chef de la junte et ses conseils avait déjà demandé un délai de trois semaines, un délai désormais épuisé, selon Ibrahima Sory 2 Toumkara. À la question de savoir dans combien de temps, il serait apte à comparaître, Dadis Camara n'a pas voulu donner de réponse, mais il a confié être pressé après s'être battu pendant plus de 13 ans pour être devant ce tribunal.
" Peur de venir affronter la justice "
Après l'audience, l'un des avocats de Toumba, l'ex-chef de camp de Dadis Camara, a pris la parole sur les marches du tribunal. Il a dénoncé une mesure dilatoire pour gagner du temps. Il ne comprend pas pourquoi l'ancien chef d'État a dorénavant " peur de venir affronter la justice. Rien ne prouve que Dadis est malade ". Selon lui, Moussa Dadis Camara est le neuvième prévenu appelé à la barre dans le procès du massacre du stade de Conakry qui compte onze prévenus au total. Ce procès s'est ouvert il y a deux mois.
Après les accusés, ce sont les victimes et les témoins qui viendront raconter la répression sanglante du 28 septembre 2009.