À 32 ans, le défenseur Romain Saïss a fait de la Coupe du monde l'objectif de sa saison. L'ancien joueur de Wolverhampton, capitaine de l'équipe marocaine, apporte de la sérénité dans un groupe jeune, lui qui a connu sa première cape en 2012. Mardi 6 décembre, il affronte l'Espagne en huitièmes de finale, une phase que le Maroc n'avait pas atteinte depuis 1986.
Débuter sa vie de footballeur dans un championnat national et se retrouver au Mondial au Qatar en huitièmes de finale, trente-six années après le dernier exploit des Lions de l'Atlas. Romain Saïss a déjà réussi son Mondial au Qatar.
Né dans la Drôme, dans le sud-est de la France, d'un père marocain et d'une mère française, le capitaine du Maroc est sur le pont depuis dix années en sélection. Sa première cape, il la doit à Rachid Taoussi, en novembre 2012, dans le cadre d'un match amical opposant le Maroc au Togo le 14 novembre 2012 à Casablanca (défaite, 0-1). Mais il ne sera pas appelé pour le rendez-vous de la CAN en Afrique du Sud en 2013.
Quatre années sans les Lions de l'Atlas
Romain Saïss devra ronger son frein quatre années avant de retrouver la sélection en 2016, sous la houlette du Français Hervé Renard, pour les éliminatoires de la CAN 2017 au Gabon, où il formera la charnière centrale avec Mehdi Benatia. Aujourd'hui, l'ancien joueur de Wolverhampton peut savourer ce rendez-vous au Qatar, jusqu'à s'en lécher les doigts. Il avait déjà été du voyage en Russie au Mondial 2018. Et lors des CAN 2019 en Égypte et 2021 au Cameroun.
" C'est exceptionnel d'être avec son pays. Les émotions sont décuplées. On est fier et on ne veut pas s'arrêter en si bon chemin ", nous a confié Romain Saïss après la victoire face au Canada. " Le premier tour a été intense, on a quand même joué le finaliste et le demi-finaliste de 2018 (Craotie et Belgique) ", avoue-t-il. Le voilà dans de bonnes dispositions pour souffrir mentalement face aux Espagnols. Si la génération 86 a marqué le foot marocain, Saïss, buteur face à la Belgique, veut " faire mieux " pour prolonger son " bonheur " et celui du groupe.
De l'eau a coulé sous les ponts pour l'ancien amateur de l'AS Valence, qui faisait à l'époque la vaisselle dans le restaurant de son père pour gagner un peu d'argent. Ce fan de Sergio Busquets, qui a " toujours été une source d'inspiration " pour lui, va se retrouver face à son idole espagnole.
Un premier contrat pro sur le tard
Romain Saïss, qui a suivi des études commerciales tout en jouant en amateur, a signé son premier contrat professionnel en février 2012 à Clermont Foot (Ligue 2), à quelques semaines de son vingt-deuxième anniversaire. Il est transféré ensuite au Havre, où il joue au milieu de terrain aux côtés de l'international algérien Riyad Mahrez. Alors que Mahrez file à Leicester, Saïss rejoint Angers dans l'élite française. Ses performances finissent par convaincre le club de Wolverhampton de payer environ 3 millions de livres sterling pour le signer, en août 2016.
" Je suis toujours resté concentré, même si, lorsque vous atteignez 21 ans et que vous êtes encore amateur, vous savez que cela devient moins probable pour vous ", avait-il confié au quotidien britannique The Guardian. Et d'ajouter : " Mais je savais qu'il y avait d'autres joueurs qui avaient percé tardivement, comme Franck Ribéry qui, comme moi, n'est même jamais allé dans une académie. Alors j'ai continué à travailler ".
De nature calme, discret, Romain Saïss a fait le bonheur des supporters de Wolverhampton, qu'il a quitté à la fin de l'exercice 2021-2022 pour le Beşiktaş JK en Turquie, après avoir joué 206 matchs en six saisons, et inscrit quinze buts dont neuf en Premier League. " Il est important dans la vie du groupe. C'est une belle aventure pour lui. Quand il a été sélectionné en 2012, j'étais adjoint ", témoigne à son sujet le coach marocain Walid Regragui.