Afrique du Sud: Cyril Ramaphosa connaîtra-t-il le même sort que Zuma ?

ANC flag and President Cyril Ramaphosa
5 Décembre 2022

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, est dans la tourmente depuis que l'affaire Phala Phala a éclaté, révélant ainsi, au grand jour, le vol de la faramineuse somme de 580 mille dollars dans sa ferme en 2020.

Vol que le président n'avait pas déclaré. Toute chose qui renforce le caractère suspect de ladite manne. Son parti, le Congrès national africain (ANC), s'est réuni le 5 décembre 2022, afin de permettre au successeur de Jacob Zuma de convaincre le Comité exécutif de sa capacité à diriger le pays après ce scandale financier. A-t-il réussi cette mission ? Difficile de répondre par l'affirmative.

Car, en politique, même un oui prononcé haut et fort, peut signifier un non. En tous les cas, le débat qui a lieu aujourd'hui au Parlement sud-africain, nous dira si Ramaphosa a le soutien total de son parti ou non puisqu'un vote sera organisé pour savoir si le rapport d'enquête qui l'incrimine, mérite l'ouverture d'une procédure de destitution ou non.

Certes, l'ANC est majoritaire à l'Assemblée nationale et a même dit qu'il voterait contre, mais cela ne saurait constituer une garantie suffisante pour mettre le président à l'abri d'un naufrage politique, étant donné que certains caciques du parti qui estiment qu'il a fauté et ne peut, de ce point de vue, continuer à diriger la Nation arc-en-ciel, pourraient le lâcher. C'est dire si Ramaphosa peut se faire du mouron. Connaîtra-t-il le même sort que son prédécesseur Jacob Zuma qui avait été contraint à la démission à cause de ses frasques et scandales financiers à répétition ? On attend de voir.

Les héritiers de Nelson Mandela n'arrivent pas à chausser ses bottes

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Mais une chose est certaine : l'avenir politique de Ramaphosa est désormais incertain. C'est d'autant plus vrai que l'homme n'a plus son destin entre ses mains. Si jusque-là, l'ANC ne lui a pas encore tourné le dos, c'est parce qu'il doit tenir, du 16 au 20 décembre prochain, ses primaires pour désigner son leader qui va défendre ses couleurs aux élections générales de 2024. Chasser donc le chef d'orchestre dans un tel contexte, pourrait créer une instabilité non seulement pour le parti, mais aussi pour la Nation. Mais cette mansuétude du parti à l'égard de son champion, pourrait aussi lui être fatale.

Car, il ne fait pas de doute que Cyril Ramaphosa offre ainsi un thème de campagne à ses adversaires. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les héritiers de Nelson Mandela n'arrivent pas à chausser ses bottes. Si fait que de Thabo Mbeki à Cyril Ramaphosa en passant par Jacob Zuma, aucun n'a pu terminer ses mandats constitutionnels dans la dignité comme Mandela l'a fait. Ils se sont tous révélés de piètres dirigeants incapables de respecter les règles de bonne gouvernance.

L'argent et le lucre les ont rendus incapables de voir plus loin que le bout de leur nez. En tous les cas, même si Cyril Ramaphosa échappe à la destitution, cette affaire lui collera à la peau à jamais. Ramaphosa n'aura donc pas fait mieux que ses prédécesseurs, lui qui avait pourtant promis de rompre d'avec les mauvaises pratiques et de redonner un nouveau visage à l'ANC.

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