Madagascar: Des conventions de Fokonolona adaptées aux populations

Dans un texte sur les documents écrits anciens sur le Fokonolona, Razoharinoro-Andriamboavonjy aborde la réforme dans l'Armée et dans l'Administration sous la royauté en Imerina. L'archiviste-paléographe souligne aussi que le Code des 305 articles étant adopté, il faut étudier leur application au niveau des Fokonolona et leur adaptation aux réalités de chaque circonscription (lire précédente Note).

Elle cite ainsi, en exemple, la Convention du fokonolona d'Antananarivo, décidée en avril 1885, sous Ranavalona III. Elle donne des indications détaillées sur la protection du droit de propriété et le respect de l'ordre public, sur la lutte contre la délinquance et les forfaitures, sur le contrôle à exercer sur chaque individu au sujet des travaux d'intérêt communautaire et enfin, sur la surveillance des étrangers en transit dans la région.

La Convention du fokonolona de Fisakana, passée en aout 1885, consacre davantage ses dispositions sur le contrôle du cheptel bovin afin de déterminer si les zébus signalés sont en transit ou appartiennent à des habitants de la région. " On s'informait de leur provenance, des motifs de leur intégration subite aux biens d'Untel, etc." Comme Fisakana a une vocation rizicole, les conventions contiennent de longs passages sur les entretiens des rizières.

La Convention du Fokonolona d'Ambohimasina accorde une place importante aux règlementations de l'immigration dans sa région. En raison de l'existence d'immigrants, il est exigé de ces derniers de faire cause commune avec le fokonolona et de donner la preuve de leur solidarité en s'acquittant de toutes les obligations vis-à-vis de l'État. " En cas d'infraction à ces prescriptions et surtout s'ils refusaient de hurler avec les loups, une amende de trois piastres leur était infligée. "

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Des passages sur la lutte contre l'alcoolisme sont aussi visibles dans toutes les Conventions. À l'exemple de celle passée en 1884 à Ambatofinan-drahana, qui est presque consacrée, dans sa totalité, à la lutte antialcoolique. " Cela laisse supposer que l'alcoolisme se répandait au point d'alerter la conscience des habitants pour engager une lutte contre ce fléau. "

Les Conventions (vers 1885) présentent une autre similitude. Celle-ci réside au fait de mettre en place des " mpiadidy " comme cadres au sein des fokonolona. Il s'agit " d'éléments allogènes, des natifs élus par le fokonolona de la région ". Leurs attributions consistent à recevoir les plaintes, indiquer les procédures à suivre et convoquer en assemblée les membres du fokonolona.

Ils sont également habilités à mettre les condamnés en demeure de payer leurs amendes. " Ce qui n'avait pas pour but de les placer au-dessus du fokonolona, mais plutôt de les rendre les égaux de tous les habitants. " Ils sont révocables et remplaçables. En cas de délit, ils peuvent aussi être déférés devant les autorités administratives. Leur nombre varie selon l'importance de la région.

Beaucoup de conventions attachent également la même importance à prévoir les peines dont sont passibles les contrevenants. Elles sont proportionnelles au niveau de transgression de la loi.

À partir de la forme de certaines conventions, l'archiviste-paléographe tire une conclusion. L'organisation du Fokonolona est pour le peuple un moyen de participer directement à la démocratisation de l'Administration, car le maintien de l'ordre est de sa compétence au sein de la circonscription. " C'est pourquoi il appartient au peuple d'exécuter les travaux, dont le but est d'assurer le développement économique de la circonscription et d'exercer un contrôle en vue de la participation de chaque individu à ces travaux. "

Cependant, en encourageant la mise en culture des terres et la lutte contre l'oisiveté, le développement économique n'est pas le seul objectif du fokonolona. Il vise aussi à harmoniser la vie sociale. " La mise de tous les citoyens sur le même pied d'égalité devant l'obligation du respect des conventions et le culte de la discipline, était la condition de cette harmonisation. Il devait en résulter, de l'avis de tous, la félicité de tous les habitants de la région. "

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