Le réalisateur et producteur des films à succès, " Le blanc d'Eyenga 1 et 2 ", et bien d'autres revient avec le long métrage, Walaandé, adapté du roman de Djaïli Amadou Amal.
Les cinéphiles camerounais et africains retiennent leur souffle. Le film Walaandé de Thierry Ntamack est attendu comme l'arbre fruitier qui manquait dans le verger. Il n'est pas encore sorti, mais l'on l'annonce déjà dans des grandes cérémonies internationales de récompenses cinématographiques.
Le tournage de Walaandé démarre cette semaine dans la région de l'Extrême-nord. La présidente de la maison de production Zili Jungle studio, Augustine Moukodi, l'a précisé au cours de la conférence de presse tenue le 1er décembre dernier à Yaoundé, dans l'arène du Quartier Mozart. " Le produit fini devrait être livré en mars 2023, juste avant le festival de Cannes, prévu en mai ", a-t-elle renchéri.
A cette rencontre d'échanges avec des professionnels de média, le producteur (zili), Jean Pierre Bekolo ; les acteurs, Aïcha Diallo et Babba Sadou, le réalisateur, Thierry Ntamack ; le propriétaire des lieux, Emile Bekolo ; ont donné du répondant aux questions de journalistes.
La parole est donnée d'abord à Emile Bekolo qui a sanctifié les lieux par son mot de bienvenue. Jean Pierre Bekolo est venu ensuite expliquer les conditions de production et du temps de tournage, et surtout l'espoir que ce film portera pour le cinéma camerounais et africain. " Le plus important est de faire le film comme la compagnie américaine Walt Disney. Walaande vise le marché de la famille en Afrique ", a-t-il rappelé d'entrée de jeu.
A tout seigneur tout honneur, Thierry Ntamack a pris le pouvoir à l'effet de mettre les participants au même niveau de compréhension et d'informations autour du film Walaande : de sa genèse et surtout à ses prévisions de tournage.
Scripto sensa
La phase des questions-réponses a permis de lever le voile sur ce film, qui sans être sorti sur les écrans, fait déjà parler du beau monde. Mais pas suffisant comme éloges pour épater ce journaliste de la presse écrite sous cape. Il pense que le cinéma camerounais est à la croisée des chemins ; et le place dans une aventure ambigüe, exactement comme Cheikh Amidou Kane, illustre écrivain africain, le décrivait dans son ouvrage, " aventure ambiguë ". Le journaliste, Fabrice Beloko, abondant dans le même sens, reste tout de même optimiste. Pour lui, ce cinéma-là voit la lueur d'une lumière qui jaillit dans la pénombre.
Le professionnel de média fait allusion au projet Scripto sensa qui est l'une des solutions devant changer le visage du cinéma africain. " Je salue Jean Pierre Bekolo, et toute son équipe qui ont pris l'engagement de mettre le cinéma de l'Afrique noire sous le feu des projecteurs ". Il est question de lui donner un contenu textuel et thématique varié et surtout la probabilité qu'il glane des prix lors des grand-messes du 7e art organisées sur le continent et pourquoi pas challenger des productions occidentales dans des différents cérémonies de récompenses dans le domaine du cinéma.
La société Zili a organisé à cet effet, deux ateliers d'adaptation des romans en scénario. Le roman " Walaandé, l'art de partager un mari " de Djaili Amadou Amal, Prix Goncourt des lycéens, qui vient par ailleurs de recevoir les insignes Doctorat Honoris Causa à l'Université Sorbonne en France ; faisait partie des six scénarios retenus par la maison de production Zili Jungle Studio. " Walaandé, l'art de partager un mari " a été adapté par Thierry Ntamack, qui rappelle avoir compris et pris beaucoup d'enseignements lors du premier atelier Scripto sensa, où il était parmi les 30 bénéficiaires.
Il déclare que l'œuvre Walaande, a abordé les mêmes thématiques que son dernier film intitulé " Ne crains rien je t'aime ", qui traite également des violences faites aux femmes. Djaïli Amadou Amal en fait une œuvre mi- autobiographique et surtout calqué sur des faits qu'elle a subis. Il s'agit du mariage forcé, d'éducation de la jeune fille, de coexistence dans le foyer polygamique, entre autres.
Pour affiner l'écriture du scénario, la société a mis sur pied un incubateur appelé " room d'écriture ". Logés dans la même enseigne, enseignants de français, scénaristes professionnels et des dignitaires d'une culture donnée se retrouvent pour se rassurer de ce que tous les contours ont été passés au peigne fin ; afin de se rassurer que le public cible se retrouve dans toutes articulations du film. C'est ce qui a été fait dans le cadre de Walaandé. Ces relecteurs déclarent avoir passé des nuits blanches à réécrire le scénario.
Nouvelle expérience
Thierry Ntamack, encore appelé Molla de Mboa Manga, de par son rôle incarné dans les longs métrages " Le blanc d'Eyenga 1 et 2 " se lance ainsi dans une nouvelle aventure. Il dit se concentrer uniquement aux aspects technico artistique pendant le tournage du film ; pour ne plus perdre de l'énergie comme dans le cas de ses précédentes réalisations, dans lesquelles il a été comme un couteau suisse en jouant en même temps les rôles d'acteur, de réalisateur et de producteur. " Travailler sur les us et coutumes, des réalités de la région de l'Extrême-Nord Cameroun est une nouvelle expérience, intéressante et excitante ", déclare-t-il.
Thierry Ntamack est acteur, réalisateur et producteur de cinéma. Après son baccalauréat, sa passion et ses rêves de gosse vont rapidement le conduire dans les amphithéâtres de l'Université de Yaoundé 1, notamment Faculté des Arts du Spectacle. Il est présenté comme un amoureux de la pratique. De ce fait, la lourdeur des cours théoriques vont vite le lasser. Son équipe renseigne que c'est alors qu'il crée sa propre troupe théâtrale et fait plusieurs tournées en Afrique. Il est vite repéré par quelques metteurs en scène et enchaine progressivement plusieurs courts et longs métrages. En 2007, il passe brillamment le concours des Classes Libres du Cours Florent de Paris et obtient une bourse d'excellence du gouvernement français pour sa formation. Quatre ans plus tard, il fonce à New York compléter sa formation et décide de rentrer au Cameroun contribuer à relancer le cinéma en créant " Le cinéma au prix d'une Bière ". En 10 ans déjà, Thierry Ntamack a réussi à captiver et émouvoir des millions de camerounais en réalisant :
Sur la route d'un ange (2011) ;
Le blanc d'Eyenga (2012) ;
Le blanc d'Eyenga 2 (2014) ;
La patrie d'abord (2016) ;
Le serpent de bronze (2018) ;
Ne crains rien je t'aime (2019).