Congo-Kinshasa: CPI - La RDC exige l'ouverture d'une enquête judiciaire internationale sur les massacres de Kishishe

Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo exige des enquêtes judiciaires sérieuses sur le massacre de plus de 200 congolais tués à Kishishe en fin de semaine dernière. A cet effet, la ministre de la justice a été dépêchée aux Pays-Bas où elle rencontrera le procureur général de la Cour pénale internationale pour exiger l'ouverture d'enquêtes judiciaires internationales afin que les auteurs et co-auteurs des atrocités à l'Est en général, et celles de Kishishe, en particulier, répondent de leurs actes.

C'est ce qu'a affirmé le ministre de la communication et médias, porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, hier, lundi 5 décembre 2022, au cours du briefing hebdomadaire co-animé avec son collègue de l'industrie, Julien Paluku.

Intervenant en tant que personne ressource, pour ses 12 ans passés à la tête de la province du Nord-Kivu en tant que gouverneur, Julien Paluku s'est appesanti sur trois axes qui, selon lui, dérangent depuis des décennies la partie Est de la RDC. Il s'agit, a-t-il dit, de l'axe de la guerre, axe de l'accord et celui des massacres. L'ancien gouverneur de Nord-Kivu a rappelé la genèse du chapelet des atrocités en RDC. "La RDC est victime depuis 1994, lorsqu'elle a accueilli des milliers des refugiés qui venaient du Rwanda, après que certains des rwandais aient commis le génocide. Et c'est depuis lors que nous avons connu des successions des guerres. Parce que deux ans après, c'était la guerre de l'AFDL en 1996, puis en 1998 la guerre du RCD, six ans plus tard en 2004, c'était la guerre de Jules Mutebusi et Laurent Kunda à Bukavu, et en 2006 et 2007 avec la création du CNDP... Puis 2009, 2010 le mouvement se transforme en M23 et nous voici en 2022. C'est ça la succession des guerres que la région a connues", a-t-il retracé.

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Pour le ministre, cette suite de guerres a amené le Congo à pouvoir se livrer à des négociations et à des accords intermittents dont celui de Lusaka en 1995, celui de Sun city en 2002, le 23 janvier 2008 avec le CNDP et tous les groupes armés. L'aboutissement de tous ces accords, dit le ministre, n'est autre que l'intégration des anciens rebelles au sein de l'armée nationale, chose qui, estime-t-il, est une stratégie d'affaiblissement permanant des FARDC. Ces criminels n'ont cessé de commettre des massacres partout où ils sont passés. Le massacre de Kakobola, le massacre de Kasika, celui de Kiwandja avec le CNDP en 2008, pour ne citer que ceux-là.

Julien Paluku fustige, par ailleurs, les allégations du Président Rwandais Paul Kagame, qui accuse la RDC d'alimenter les FDLR pour que ces derniers attaquent le Rwanda. Pour le ministre, cette affirmation est un argument jugé consommable au niveau international pour se faire une santé internationale et attirer la sympathie de la communauté internationale. Il rassure, cependant, qu'il n'existe aucune stratégie politique de la RDC, qui peut utiliser des vieilles personnes à l'âge de 60, 70 et 80 ans pour les préparer à aller attaquer le Rwanda. Les FDLR aujourd'hui, c'est une partie des génocidaires rwandais qui se sont réfugiés et qui se promènent dans les forêts. Ils ont l'âge très avancé. "Ce sont des vieillards qui ne survivent que de la cueillette. Ilsne peuvent constituer aucune menace. Kagame se sert du discours des FDLR pour survivre au niveau international", a éclairci le ministre de l'industrie, qui a ajouté que pour connaitre l'âge des éléments des FDLR, il faut connaitre l'âge de Paul Kagame.

M23, recette rwandaise

Le M23 a été ressuscité pour poursuivre les missions du Rwanda en République démocratique du Congo, a souligné à son tour le porte-parole du gouvernement. Tout ça, poursuit le ministre, parce que Kigali constate qu'il y a désormais un élan de développement de la RDC. Le ministre Muyaya a réitéré les propos du Chef de l'Etat, selon lesquels les peuples rwandais ne sont pas ennemis de la RDC, plutôt le régime dirigé par Paul Kagame.

Par ailleurs, Patrick Muyaya a, à l'occasion, salué la position américaine sur l'agression dont est victime la RDC et espère, à ce propos, la même position de la part d'autres pays du monde. "Nous apprécions la clarté de la position américaine qui a été réitérée aujourd'hui et nous espérons que tous les autres pays emboiteront les pas pour que nous puissions émettre une même vue sur celui qui est coupable et voir les conséquences à tirer pour ramener la paix", a déclaré le ministre Muyaya.

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