Depuis quelques jours, une campagne internationale de lutte contre les violences faites aux femmes est lancée, l'échelle planétaire. En plus des violences physiques, économiques, morales, etc. les femmes sont confrontées à des difficultés passées sous silence. Au Sénégal, les effets des changements climatiques portent atteinte aux activités féminines, sans qu'une grande attention n'y soit accordée.
La 27ème Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 27) s'est clôturée le 18 novembre dernier à Sharm El-Cheikh, en Egypte. L'objectif reste le même : limiter le réchauffement global de la planète à 1,5°C. L'Afrique, continent le moins émetteur de gaz à effet de serre (4%), reste le plus touché par les impacts des changements climatiques. Alors que le président de la République Macky Sall, président en exercice de l'Union Africaine (UA) a rappelé l'urgence des soutenir la résilience africaine, les femmes ne sont pas très prises en compte dans les revendications.
Et pourtant au moment où il est célébré les "16 jours d'activisme" destinés à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles (du 25 novembre au 10 décembre de chaque année, sur initiative des Nations Unies - ONU), il est établi, selon ONU-Femmes, que "les femmes et les filles sont confrontées à des obstacles plus importants pour s'adapter aux évolutions climatiques, à des répercussions économiques disproportionnées, à une augmentation des activités de soins et du travail domestique non rémunérées, et à un risque accru de violence en raison des effets cumulatifs de la crise. Ces inégalités entre les sexes profondément enracinées se sont aggravées après la COVID-19, ce qui signifie que davantage de femmes et de filles sont exposées aux risques climatiques, et disposent d'une capacité d'action amoindrie pour trouver des solutions".
Au Sénégal, la situation n'est guère reluisante. A en croire le responsable de la Cellule genre du ministère de l'Environnement et du Développement durable, Salimata Ba, "les femmes sont dans une situation très critique, à tous les niveaux. Même au niveau de l'autonomisation, elles ont beaucoup de problèmes". Le constat est, souligne-t-elle, que "leur principale source de revenus, c'est soit l'agriculture, la transformation ou le secteur informel. Et les impacts des changements climatiques touchent ces secteurs". Salimata Ba juge qu'en cas de catastrophe, comme les inondations dans les villes, "elles perdent généralement leurs investissement. Et là, elles ne sont pas prises en compte dans le dédommagement".
Autre réalité, au Sénégal, les femmes rurales ne contrôlent pas la terre et ne peuvent donc pas mener des activités durables. Or, "pour faire face aux effets des changements climatiques sur les activités agricoles, il faut des ouvrages techniques qui demandent du temps. Et comme elles ne sont pas propriétaires, c'est difficile pour elles d'accéder à ces innovations technologiques", déplore-t-elle. C'est pourquoi les politiques de résilience aux changements climatiques doivent prendre en compte les besoins des femmes. "Il faut que les politiques qu'on imagine dans le cadre des changements climatiques prennent en compte la spécificité des femmes, pour qu'il y ait beaucoup plus de justice."
L'expert en Politique économique sensible au genre, Alioune Dione est aussi du même avis. "Les politiques doivent être conçues de manière à ne pas creuser les inégalités", dit-il. D'après toujours Alioune Dione, il y a une volonté politique, certes ; mais il faut que les impacts des changements climatiques soient appréhendés dans une perspective d'égalité entre hommes et femmes.
A la COP 27, les organisations féminines, dans le Women Gender Constituency, ont critiqué le manque de prise en compte de leurs propositions, malgré toutes les expertes et négociatrices mobilisées, et l'absence de participation possible dans le groupe de travail de la Convention climat qui était chargé de discuter du bilan et des suites du plan d'action genre.