À Madagascar, les bacs et bennes à ordures débordent dans de nombreux quartiers de la capitale. Alors que près de 1 000 tonnes de déchets sont générées chaque jour à Antananarivo, la Société municipale d'assainissement (SMA) ne parvient à en collecter que 550 tonnes. La situation devient critique aux alentours des marchés où les déchets végétaux sont encore plus nombreux en cette saison du litchi et des mangues.
Devant le marché d'Anosibe, l'un des plus grands de la capitale, des monticules d'ordures ont envahi la rue et pris la place de certains marchands de fruits et légumes. Les clients de Sahondra, 50 ans, sont de moins en moins nombreux : " Vous voyez là, on est installé sur les ordures. Regardez toutes les mouches sur ma marchandise. On est dans la saleté complète. Personne ne veut venir acheter ici. "
Se frayant un chemin entre les étals avec leurs brouettes, les agents de nettoyage continuent de déverser restes de nourriture, branches, feuilles et pelures de fruits aux pieds des marchands. " Ce sont les déchets du marché couvert qu'on ramène ici. On ne fait que notre travail, mais ce qu'on demande, c'est qu'il y ait des camions bennes qui viennent pour les enlever parce que là, c'est trop. Tout le monde est en difficulté ici ", explique l'un d'eux.
Des camions, la société d'assainissement d'Antananarivo chargée de la collecte des ordures n'en possèdent que 20 alors qu'il en faudrait au moins 30, indique son directeur général, le colonel Jaona Ravoavy Andrianaivo. Une situation qui suscite aussi la colère des habitants du quartier, raconte Nehemia, un chasse-mouches dans la main : " On vit avec les ordures toute la journée. Dès le matin, l'odeur nous donne la nausée. On nous demande de respecter les mesures sanitaires, mais eux, ils ne ramassent pas les ordures qui peuvent provoquer des maladies. Regardez, elles bloquent même la circulation et ça crée des embouteillages. "
Pas assez d'argent pour financer le ramassage
" Les moyens ne suivent pas le rythme de génération des déchets. Nous finançons nos activités avec les redevances sur les ordures ménagères collectées par la commune, avec les impôts sur le foncier et la propriété bâtie. Mais avec les contextes du Covid-19, ça fait deux ans que ces taxes n'ont pas été collectées. Donc là, on a tout épuisé, fait savoir le directeur général de la Société d'Assainissement d'Antananarivo.
" Normalement, en cette période de pluies et des fruits, on augmente un peu le nombre de bacs, mais on ne peut pas le faire pour le moment ", poursuit-il. La SMA compte travailler avec les marchands qui possèdent des charrettes aux alentours des marchés pour acheminer les ordures jusqu'à un site approprié.