Madagascar: Compétitivité - Le secteur textile peut mieux faire

Sur l'indice global de performance du secteur textile, la Grande île se classe 128ème, bien loin derrière certains de ses concurrents sur le continent.

Des efforts sont à consentir pour que le secteur monte en compétitivité. L'étude effectuée sur les forces et les faiblesses du secteur textile malgache révèle que si son délai d'exportation satisfait les clients, le coût de transport et de conformité jusqu'à la frontière, estimé à 868 dollars, représente plus du double de celui du Bangladesh (408,2 dollars), et presque trois fois plus que celui du Vietnam (290 dollars). Selon les spécia-listes, les entreprises du secteur sont appelées à investir davantage dans la modernisation de leurs équipements et renforcer le volet formation de son personnel afin de réduire ses coûts et s'arrimer aux attentes du marché mondial en termes de conformité et de performance technique.

On estime d'ailleurs que le faible niveau de compétitivité du secteur explique en partie le salaire peu élevé des ouvriers malgaches. Une situation qui, à terme, risque de défavoriser de manière structurelle l'ensemble de l'industrie. Ainsi, des investisseurs, notamment basés à Maurice, pourraient miser sur la performance croissante de l'Éthiopie et de l'Égypte dans ce secteur très concurrentiel, au détriment de la Grande île. Il est aussi noté qu'à cause du manque d'infrastructures de base, les industriels malgaches du textile doivent dépenser plus que ses concurrents en matière de transport et de logistique.

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À constater que Mada-gas-car a historiquement beaucoup profité de l'arrivée en nombre d'installations de production textile à forte intensité de main-d'œuvre. Les entreprises mauri-ciennes privilégiant cette stratégie ont créé leurs premières filiales à Madagascar dans les années 1990. Cette tendance est similaire à la délocalisation des industries de la Chine vers le Vietnam

voisin à la recherche de coûts plus compétitifs. Aujourd'hui, les exportations malgaches de textile et d'habillement sont en grande partie consti-tuées de vêtements, avec une part dominante de produits tissés. Le secteur emploie près de 400.000 personnes et les exportations vers les États-Unis ont augmenté significativement depuis le début des années 2000,

affichant une croissance plus rapide que les exporta-tions vers l'Union européenne (UE).

Mais le nouveau con-texte, notamment au niveau du marché et de la gestion des coûts, impose une nouvelle approche. Du côté des autorités, on soutient que la donne est en passe d'évoluer et apporte comme entre autres preuves la mise sur les rails de grands projets comme l'aménagement d'une zone économique spéciale, le Moramanga Textile City, dédiée au textile en collaboration avec le Mauritius-Africa Fund.

Consolider les acquis

Ce pôle textile nécessiterait un investissement de près de 200 millions de dollars et pourrait potentiellement générer plus de 100 000 emplois directs et indirects.

Pour un industriel textile opérant depuis une quinzaine d'années, Madagascar doit savoir consolider ses acquis pour renforcer sa position. Lui qui rappelle que les facteurs clés qui ont conduit au développement du secteur de ces dernières années étaient l'accès facilité au marché grâce à des accords commerciaux préférentiels tels que l'African Growth and Opportunity Act (AGOA) avec les États-Unis, remis sur les rails en 2014, et l'Accord de partenariat économique (APE) avec l'Union européenne, ajoutés au développement des zones franches à vocation exportatrice. Les États-Unis et l'UE dominent toujours les exportations de vêtements en provenance de la Grande Île.

Pour l'Economic Deve-lopment Board of Madagas-car (EDBM), les efforts se poursuivent pour que le secteur textile malgache puisse gagner en performance. Il s'agit, selon cette agence de promotion des investissements, de concentrer les ressources publiques et privées dans des zones spécifi-ques pour fournir aux entreprises des infrastructures dédiées et fiables

pour faciliter la production et réduire les coûts (énergie, télécommunications, adduction d'eau et traitement des effluents, aires de stockage, logistique, etc.). On évoque également le projet d'aménagement de sites centraux regroupant les entreprises de production et d'exportation, leurs sous-traitants et les services liés au développement de la chaîne de valeur dans le secteur.

L'EDBM qui ajoute que le secteur devrait profiter aussi du " développement d'un environnement règlementaire et institutionnel favorable, à travers des services administratifs dédiés ou offerts sur place, lesquels permettront de réduire les délais et les coûts pour les entreprises, la fourniture des incitations fiscales et douanières compétitives et une gestion des impôts et taxes plus souple aux entreprises pour stimuler la production et les exportations ".

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