Burkina Faso: Incursions terroristes dans la Sissili - Panique et sauve-qui-peut dans plusieurs villages

Depuis le samedi 3 décembre, les populations de plusieurs villages des départements de Boura, de Niambouri et de Sily, dans la province de la Sissili, région du Centre-Ouest, ont perdu le sommeil et leur tranquillité habituelle. Une colonne motorisée d'individus armés a été aperçue dans plusieurs villages. La folle rumeur d'un chef dozo et de son épouse égorgés, le saccage des bureaux de la préfecture et de la mairie de Niambouri ainsi qu'une antenne de téléphonie mobile ont semé une peur panique et une onde de frayeur qui ont secoué toute la province de la Sissili.

Sauf erreur ou omission, c'est la première attaque enregistrée dans cette province frontalière du Ghana. Des Hommes armés non identifiés (HANI) ont été aperçus sur des motos, 10 à 20 binômes, dans les villages de Lassané, Laponé, dans la commune de Niambouri , et à Saadon, commune de Sily située au nord-ouest de Léo, chef-lieu de la province. Est-ce la même colonne d'HANI qui a été aperçue à Zamouna, Bofian et Kélindou dans la commune de Boura, à l'ouest de Léo ?

Quoi qu'il en soit, une peur panique doublée d'une psychose s'est emparée des populations de ces villages, notamment au vu du saccage des bureaux de la préfecture et de la mairie de Niambouri, des prêches ici et là de ces HANI qui les invitent à se convertir à l'islam et promettent de revenir. Il n'en fallait pas plus pour que la majorité des familles des villages visités emmènent femmes et enfants en des lieux jugés plus sûrs, principalement à Boura, à Bozo et à Fielmon, au Ghana.

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Selon le commissaire de police de Boura, cette ville compte déjà un millier de réfugiés à la date du mercredi 7 décembre, tandis que les autorités ghanéennes de Fielmon lui ont déclaré avoir recensé 700 Burkinabè arrivés dans leur ville, fuyant la menace terroriste. A la paroisse de Bozo, diocèse de Diébougou, où des fuyards sont aussi arrivés, le vicaire donne le chiffre de 434 personnes déplacées internes recensées, hier en fin de matinée. Hier mercredi au matin, des déplacés internes arrivaient encore à Léo et des témoins signalent qu'ils sont nombreux autour des bureaux de l'Action sociale. Les mêmes témoins signalent par ailleurs qu'après les premières frayeurs, des fuyards s'en retournaient chez eux.

Plusieurs enseignants du primaire et du secondaire dans les villages des 3 communes visitées par les HANI ont plié bagage et les cours y sont interrompus depuis le lundi 5 décembre. La liste des écoles, lycées et collèges fermés au Burkina s'allonge donc.

La police de Boura ne confirme pas les assassinats dans le village de Saadon dont plusieurs fuyards font état ni les rumeurs sur la décision des autorités burkinabè de faire évacuer les abords des forêts classées dans les communes de Boura, Niambouri et Sily. Comme quoi, les rumeurs ajoutent à la psychose et il y a beaucoup plus de peur que de mal.

Néanmoins, il faut faire remarquer que cette incursion et ces prêches de HANI dans ces 3 communes frontalières du Ghana interviennent moins d'un mois après la décision des pays membres de l'Initiative d'Accra de déployer une force multinationale dans la lutte contre le terrorisme en Afrique de l'Ouest. Cette force, si elle se matérialisait, devrait avoir Tamale, une ville du nord du Ghana à environ 200 km de Léo, comme siège de l'état-major avec Ouagadougou comme centre du renseignement. Le GSIM et /ou l'EIGS veulent-ils donner un avertissement aux autorités ghanéennes et aux Etats partie prenante à l'Initiative d'Accra ?

Côté autorités burkinabè, elles doivent réagir rapidement pour aider les responsables de la province de la Sissili et des 3 communes susmentionnées à gérer les déplacés internes et à garantir plus de sécurité aux sites sensibles souvent visés par les terroristes.

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