Alors qu'il était réputé " vaincu " après la " guerre " de Goma contre la coalition formée par les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) et la Monusco (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation au Congo), le Mouvement du 23 mars était curieusement gratifié de substantielles "primes" pour son insurrection armée.
En effet, dans les " Déclarations de Nairobi " signées d'une part par Raymond Tshibanga, ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération Internationale et de la Francophonie, pour le compte du gouvernement congolais, et d'autre part par Bertrand Bisimwa, président du
Mouvement du 23 mars, le régime de Kinshasa a fait profil bas, comme si c'est lui qui avait perdu la " guerre " de Goma.
Il est difficile d'expliquer les larges concessions faites au M23, bénéficiaire d'une amnistie en faveur de ses cadres et combattants tant civils que militaires pour " faits de guerre ", de la libération de ses prisonniers, des indemnisations pour les biens de ses membres " spoliés ", " pillés ", " volés " ou " détruits ", du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion sociale de ses combattants, du financement par le gouvernement des projets de développement en faveur de ses membres dans des zones de leur réinstallations à l'Est du pays, des " réformes institutionnelles et structurelles" dans les secteurs de la sécurité, de l'administration, des finances publiques, de la justice, des ressources naturelles, etc.
Par ailleurs, obligation était faite au gouvernement de Kinshasa de satisfaire au cahier de charges du CNDP (Conseil National pour la Défense du Peuple) de Laurent Nkunda et Bosco Ntaganda, signataire de l'Accord du 23 mars 2009.
L'unique obligation faite au M23 était de déposer les armes et de se transformer, s'il le voulait en parti politique.
Cadeaux empoisonnés
9 ans après, le M23 continue de s'appuyer sur les Déclarations du 12 décembre 2013 à Nairobi, pour revendiquer un nouveau dialogue avec le gouvernement en place à Kinshasa en vue de l'évaluation des engagements non tenus. Le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, qui a fermé la porte à toute négociation éventuelle avec le M23, se trouve devant deux cadeaux empoisonnés sous la forme de deux " accords " signés par les Kabilistes avec un fort parfum de complaisance, pour ne pas dire de trahison des intérêts vitaux de la Nation.
Ce qui est fort gênant dans l'affaire est que certains Chefs d'Etat de la sous-région des Grands Lacs semblent donner du crédit aux revendications du M23 présumées non satisfaites par Kinshasa. C'est ce qui justifierait, à leurs yeux, l'interminable guerre de l'Est, avec l'Ouganda et le Rwanda comme principaux tireurs de ficelles à présent connus.
En plaidant pour de nouvelles négociations entre le gouvernement congolais et les terroristes du M23, certains " médiateurs " et " envoyés spéciaux" de la Communauté Internationale dans les Grands Lacs voudraient, en réalité, pousser Félix Tshisekedi à la faute, en lui faisant endosser le lourd passif lui légué par les Kabilistes. Le piège est là. Il appartient aux nouveaux décideurs au pouvoir d'ouvrir l'œil et le bon, pour ne pas replonger le pays dans une nouvelle spirale de revendications en faveur des criminels et leurs parrains.