Brazzaville — Au moment où l'Afrique enregistre son plus bas niveau de nouveaux cas de COVID-19 depuis le début de la pandémie, une récente augmentation de quatre semaines souligne l'importance de la vigilance à l'approche des fêtes de fin d'année. Il s'agit de la première augmentation soutenue de ce type en quatre mois.
Cette hausse de cas a été enregistrée jusqu'au 20 novembre, mais le nombre de nouveaux cas a légèrement diminué au cours des deux dernières semaines se terminant le 2 décembre, rompant ainsi la tendance à la hausse. Toutefois, les nouveaux cas signalés fin novembre représentent moins de 10 % des cas enregistrés à la même période en 2021 et 2020. Bien que les décès liés à la pandémie ont augmenté de 14 % au cours de la semaine se terminant le 27 novembre par rapport à la semaine précédente, ils sont restés faibles (53), soit environ 4 % des décès enregistrés au cours de la même période en 2021 et 2020. Le nombre actuel de cas de COVID-19 n'exerce pas de pression significative sur les structures de santé, car le nombre d'hospitalisations reste faible.
" Malgré la récente résurgence, il y a de l'espoir que l'Afrique sera épargnée des difficultés qu'elle a connues ces deux dernières années, lorsque la hausse des cas et des décès avait réduit à néant tout espoir de vie normale et engendré de profondes désolations. Même si les tendances actuelles permettent de maîtriser la pandémie, nous suivons de près l'évolution de la situation. Nous devons rester vigilants, continuer à accroître la couverture vaccinale et être prêts à adopter des mesures de prévention plus strictes, si cela s'avère nécessaire ", a indiqué la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l'Afrique. " Les investissements réalisés ces trois dernières années dans la lutte contre la COVID-19 portent leurs fruits. La Région est mieux outillée pour faire face au virus et ses systèmes d'intervention d'urgence sanitaire ont été renforcés. "
En 2022, la réduction globale de la charge pandémique en Afrique allège la pression sur les ressources nationales de santé publique, ce qui donne l'occasion aux pays de renforcer les services de santé perturbés et de porter plus d'efforts sur d'autres priorités de santé publique telles que la vaccination de routine, la surveillance des maladies et la riposte à d'autres épidémies.
Grâce à une surveillance renforcée, cette année la Région a signalé jusqu'à présent 106 épidémies et situations d'urgence sanitaire liées à des crises humanitaires, soit près de 17 % de plus qu'en 2021 et presque autant qu'en 2019 avant l'apparition de la pandémie de COVID-19. Environ 25 épidémies de maladies évitables par la vaccination ont aussi été signalées en 2022. Selon un décompte de l'OMS, treize épidémies ont été signalées en 2020 et 19 en 2021.
La riposte à la pandémie de COVID-19 en Afrique a aidé les pays à renforcer les principales mesures de riposte aux urgences de santé publique, notamment le diagnostic et le dépistage, les soins intensifs et la lutte anti-infectieuse. Ces améliorations peuvent aider le continent à faire face non seulement à la COVID-19, mais aussi à d'autres épidémies.
Au début de la pandémie, le nombre moyen de lits en unité de soins intensifs était d'environ trois lits pour 100 000 personnes, en deçà de la recommandation de l'OMS qui préconise un minimum de cinq lits pour 100 000 personnes. Avec l'appui de l'OMS et des partenaires, 70 % des pays de la Région se sont conformés aux normes en matière de lits en unité de soins intensifs.
La production d'oxygène médical a également été renforcée. Le continent comptait 2600 concentrateurs d'oxygène en 2019 et en compte désormais 6901. En outre, l'OMS a apporté son appui à neuf pays pour qu'ils puissent créer et entretenir des unités de production d'oxygène, ce qui a accru la production de la Région de 7,9 millions de litres d'oxygène par jour, une quantité suffisante pour traiter chaque jour 1130 patients en situation de soins critiques. S'il est vrai que la prise en charge des patients gravement malades de la COVID-19 s'est améliorée, force est de reconnaître que les pays doivent encore renforcer leurs capacités à faire face à une hausse soudaine des cas déclenchés par un nouveau variant mortel et transmissible.
Une évaluation de l'OMS portant sur plus de 5100 structures de santé dans 18 pays et sur 14 indicateurs de lutte anti-infectieuse (tels que le dépistage de la COVID-19 à l'entrée des établissements, l'isolement des cas suspects et l'utilisation d'équipements de protection individuelle) a révélé une amélioration notable, avec un score de 67 % en novembre 2022, en hausse par rapport aux 54 % de juillet 2020. L'OMS recommande que ces structures obtiennent un score supérieur à 75 % et cela est possible en 2023 si des efforts soutenus sont consentis pour atteindre cet objectif. Une lutte anti-infectieuse solide dans les structures de santé est essentielle pour prévenir la propagation d'une série d'agents pathogènes infectieux tels que Ebola et la COVID-19.
L'Afrique a enregistré des avancées considérables concernant le séquençage génomique. Environ 105 000 séquences ont été produites en 2022, contre 58 610 séquences en 2021.
Le dépistage et le séquençage génomique ont baissé dû au faible nombre de nouveaux cas notifiés ces derniers mois. Dans le cadre de sa démarche qui vise à intégrer la lutte contre la COVID-19 dans les services de santé courants, l'OMS recommande aux pays d'adopter des stratégies de dépistage axées sur la détection des nouveaux cas, en particulier au sein des groupes vulnérables tels que les personnes âgées ou celles qui présentent des comorbidités, afin de réduire la gravité de la maladie, et de détecter les nouveaux cas pour limiter la transmission et de surveiller l'épidémiologie virale et son évolution.
Seuls 26 % des Africains sont entièrement vaccinés contre la COVID-19. Au moment où des pays tels que le Cameroun continuent de mener des campagnes de vaccination de masse, d'autres ont commencé à intégrer la vaccination contre la COVID-19 dans la vaccination de routine et dans les services de soins de santé primaires.
" À l'approche de 2023, il est temps de sortir la COVID-19 du mode d'action d'urgence et de l'intégrer dans les soins de santé courants ", a souligné la Dre Moeti. " Nous voyons déjà des pays comme le Ghana et le Nigéria prendre l'initiative à cet égard, et j'encourage d'autres pays à en faire de même. La COVID-19 est là pour durer. "
L'OMS a tenu aujourd'hui une conférence de presse dirigée par la Dre Moeti. Elle était accompagnée de la Dre Jane Ruth Aceng Ocero, Ministre de la santé de l'Ouganda, et du Dr Ahmadou Lamin Samateh, Ministre de la santé de la Gambie.
Étaient aussi présents, pour répondre aux questions, les experts du Bureau régional de l'OMS pour l'Afrique suivants : la Dre Miriam Nanyunja, Conseillère régionale pour la gestion des risques associés aux situations d'urgence, la Dre Dorothy Fosah-Achu, Cheffe de l'équipe Maladies tropicales et maladies à transmission vectorielle, et le Dr Thierno Baldé, Responsable des opérations de réponse à la COVID-19.