L'incursion gouvernementale a rejeté tous les amendements présentés par le Groupe socialiste
Le Groupe socialiste à la Chambre des conseillers a, en tout état de cause, voté contre le Projet de loi de Finances (PLF) de l'an 2023, l'incursion de la majorité tripartite ayant été encore plus manifeste.
En effet, tous les amendements par ailleurs pertinents et constructifs présentés par les conseillers parlementaires ittihadis, ont été rejetés en dépit de leur teneur attachée à la préservation de l'intérêt des citoyens et du pays.
A cet égard, le président du Groupe usfpéiste, Youssef Aïdi, lors de la séance plénière de discussion dudit PLF, a exprimé ses regrets quant à cette politique inouïe traduisant un rétrécissement inquiétant de la marge démocratique de la part du gouvernement, estimant que ce dernier a été inopportunément préoccupé par les équilibres budgétaires et comptables au détriment de la stabilité sociale. L'Exécutif, a-t-il noté, n'a pas eu suffisamment de courage pour concevoir un PLF équitable à même de mettre un terme à la dimension alarmante du marasme sociétal, d'endiguer le fossé et recouvrer la confiance de la population en l'action politique.
Youssef Aïdi a souligné, là-dessus, que le PLF de l'an 2023 ne tient pas compte de la conjoncture critique que traversent les différentes catégories sociales de notre pays ni de la situation déplorable des entreprises marocaines prises entre les tenailles de l'approvisionnement, la hausse des frais de production et le spectre de la faillite auquel ont succombé 11.800 d'entre elles en 2022 de même que l'on s'attend à ce que 12.200 autres subissent le même sort au courant de l'année 2023.
Le président du Groupe socialiste à la Chambre des conseillers a relevé que le gouvernement n'a présenté rien de concret à ces entreprises pouvant favoriser la résilience de leurs activités et la gestion de la crise au lieu d'être acculées au licenciement de leurs travailleurs convertissant nombre de familles à la pauvreté et la vulnérabilité. A cet égard, les conseillers ittihadis ont observé que l'on a opté pour des mesures classiques manquant de cohérence avec les attentes de la population et ne répondant pas à l'ambition des perspectives voulues par les entreprises qui aspirent à franchir le pas vers une nouvelle étape d'épanouissement et de sauvegarde de leurs activités...
Par ailleurs, Youssef Aïdi a mis l'accent sur les affres de la situation actuelle très délicate qui constituent un test très difficile des capacités aussi bien de l'acteur gouvernemental que de l'institution parlementaire, d'autant plus que la sécheresse, le ralentissement du progrès, le niveau ascendant de l'inflation et le recul des indicateurs du développement humain supposent que le PLF soit une occasion nécessairement propice pour la présentation d'une vision collective de dépassement de la crise. Car, a-t-il poursuivi, tout retard ou toute tergiversation pourrait occasionner un climat de doute et d'incertitude qui pourrait bouleverser la stabilité de notre pays.
Le parlementaire ittihadi a alerté l'assistance quant au spectre de la sécheresse qui entraîne des enjeux très délicats en lien avec la souveraineté alimentaire et la sécurité hydrique qui constituent les fondements de la sécurité stratégique nationale et de la stabilité, sachant, à ce propos que 2022 a été une année désastreuse sur le plan économique au cours de laquelle notre économie nationale a accusé un niveau très faible de croissance, dans les limites de 1,1% et une hausse de l'inflation ayant souvent atteint jusqu'à 6%, même dans les situations les plus optimistes.
Le président du Groupe socialiste a ajouté, dans le même ordre d'idées, que cette année là s'est caractérisée par l'innovation du gouvernement de l'hérésie de recourir aux marges financières pour combler l'incertitude des hypothèses émises lors de la préparation de la loi de Finances 2022. L'Exécutif, déplore-t-il n'a pas eu l'audace d'établir un projet de loi de Finances rectificatif qui aurait permis de contourner de nombreux dysfonctionnements et aurait été peut-être l'occasion de corriger plusieurs erreurs commises dans la préparation de ladite loi.
Les conseillers ittihadis se sont, en outre, montrés sceptiques quant à la capacité du gouvernement à réaliser un taux de croissance de 4% dans un contexte mondial fort difficile et à l'ombre d'indicateurs nationaux confirmant que la demande intérieure s'achemine vers le recul. D'ailleurs, des données frustrantes ont été conclues par des institutions nationales telles que le Haut-Commissariat au plan confirmant que 81% des ménages marocains pâtissent de la détérioration de leur situation sociale du fait de la hausse des prix et que 3,2 millions de Marocains de la classe moyenne oscillent entre la vulnérabilité et la pauvreté, de même que 44% des ménages disposent de comptes bancaires en rouge.
Et Youssef Aïdi de s'interroger comment on pourrait réaliser un taux de croissance de 3,2% en 2023 alors que le taux international reculera à 3,2% après 4,1% en 2022. " Comment pourrait-on entendre que le Maroc accuse un recul économique pendant que le monde est en progression et se rétablit lorsque les autres pays sont en difficulté, sachant que le Royaume est ouvert à 80% sur l'économie mondiale ", a-t-il martelé.