Afrique de l'Ouest: Les citoyens veulent la matérialisation de la force anti coups d'Etat et djihadisme

La décision prise courant ce mois de décembre à Abuja, au Nigeria, par les dirigeants de créer une force régionale vouée à intervenir non seulement contre les terroristes mais aussi en cas de coup d'Etat, comme certains pays l'ont connu depuis deux ans, est largement encensée par la population. Depuis qu'elle a été rendue publique, des voix s'élèvent partout, appelant à concrétiser cette mesure devant permettre de restaurer la paix et la sécurité là où le besoin se fait sentir.

La concrétisation d'une force régionale antidjihadiste et contre les coups d'Etat est voulue dans tous les Etats de la région. Et presque tout le monde croit que l'organisation régionale a les moyens d'une telle politique ainsi que la capacité nécessaire de faire face à des situations de putsch où que cela intervienne.

L'on se souvient qu'en janvier 2017, l'ancien chef de l'Etat gambien, Yaya Jammeh, qui refusait de céder le pouvoir au président élu, avait fini par fuir son pays face à la pression de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui menaçait d'intervenir militairement pour qu'Adama Barrow puisse prendre ses fonctions.

Pour donner suite à l'engagement des chefs d'Etat de la Cédéao ou leurs représentants réunis dans la capitale fédérale du Nigeria, des responsables militaires de la région vont se retrouver dans la deuxième moitié de janvier 2023 pour discuter des modalités d'établissement de la force régionale. Cela s'avèrera nécessaire puisque l'insécurité est un facteur primordial des coups d'Etat militaires qui ont secoué la région depuis 2020, notamment au Mali, au Burkina et, pour d'autres raisons, en Guinée.

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La question du financement de la prochaine force régionale préoccupe tout autant les dirigeants de la Cédéao dont les armées nationales n'ont pas assez d'équipements militaires et préfèrent coopérer avec des acteurs extérieurs : Organisation des Nations unies, France, Russie, pour ne citer que ces exemples. C'est pour cela qu'en la matière, ils ont " décidé de ne pas s'en remettre uniquement aux contributions volontaires qui ont déjà montré leurs limites ", mais entendent demander le soutien des partenaires.

Pour le président de la Commission de la Cédéao, Omar Touray, la décision de créer une force militaire régionale face aux coups d'Etat et au djihadisme est on ne peut plus " salutaire " pour les pays membres de l'espace communautaire.

Les Etats prennent en main leur propre sécurité

" Les dirigeants de la Cédéao ont décidé de recalibrer notre architecture sécuritaire. Il s'agit de prendre en main leur propre sécurité et non plus de s'en remettre à des acteurs extérieurs ", a expliqué le président de la commission de l'organisation régionale.

Les chefs d'Etat et de gouvernement sont " résolus à établir une force régionale qui interviendra en cas de besoin, qu'il s'agisse de sécurité, de terrorisme ou de rétablir l'ordre constitutionnel dans des Etats membres ", a assuré Omar Touray. Ce qui est indispensable puisque plusieurs pays de la région sont en proie à la propagation djihadiste qui, partie du nord du Mali, a gagné le centre de ce pays, mais aussi le Burkina Faso et le Niger, et s'étend vers le sud et le golfe de Guinée.

En attendant les conclusions de la rencontre des responsables militaires, la situation politique au Mali, au Burkina Faso et en Guinée, trois pays dirigés par des juntes militaires, préoccupe la Cédéao. Inquiète d'instabilité et de contagion, l'organisation régionale fait pression depuis des mois pour un retour aussi rapide que possible des civils à la tête de ces Etats suspendus des organes décisionnels de la Cédéao. Deux d'entre eux, notamment le Mali et le Burkina, sont gravement ébranlés par la propagation djihadiste. Ils ont été le théâtre de deux putschs en l'espace de moins d'un an.

La pression faite sur les juntes au pouvoir les a amenées à revoir leur politique. En effet, les militaires se sont engagés sous cette contrainte à céder la place au bout de deux ans et d'une période dite de transition au cours de laquelle ils disent tous vouloir " refonder " leur Etat. Ce qui n'empêche nullement les dirigeants ouest-africains d'examiner minutieusement les actes accomplis par les uns et les autres sur la voie de ce qu'ils appellent un " retour à l'ordre constitutionnel ".

Les dirigeants des Etats d'Afrique de l'Ouest ont, en outre, saisi l'occasion de leur rencontre à Abuja pour exiger de la junte au pouvoir au Mali qu'elle libère avant janvier les quarante-six soldats ivoiriens prisonniers depuis juillet sous peine de sanctions.

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