Les chiffres font froid dans le dos. 131 civils, selon la MONUSCO et 272 selon le gouvernement congolais, ont été massacrés le 29 novembre 2022 au cours d'actes de représailles dans deux localités du Nord-Kivu, Kishishe et Bambo, en zone sous contrôle du M23. Fort logiquement, les autorités de Kinshasa pointent du doigt le mouvement rebelle et invite la Cour pénale internationale (CPI) à se rendre sur les lieux pour des enquêtes à toutes fins utiles.
En attendant de voir quelle suite réservera la Justice internationale à cette requête du gouvernement congolais, cette tragédie montre toute l'urgence à agir pour ramener la paix dans cette région martyre de la RDC. Et à vrai dire, dans cette perspective, la balle est dans le camp du président Félix Tshisekedi qui, pour l'instant, refuse de s'asseoir à la même table que les rebelles du M23. Il est temps qu'il ravale son orgueil pour l'intérêt de ces populations qui, depuis des décennies, sont en proie à d'indicibles souffrances du fait des exactions des groupes armés.
C'est même un devoir pour lui en tant que Chef de l'Etat dans la mesure où il est le premier responsable de la sécurité de tous les Congolais. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, il aurait tout à gagner politiquement s'il parvenait à une paix négociée avec les rebelles à l'orée des prochaines élections. Non seulement, en effet, ce serait le gage d'une élection apaisée avec une participation de tous les Congolais, mais son image de faiseur de paix pourrait lui attirer la sympathie des populations qui pourraient lui accorder le second mandat qu'il convoite.
Le M23 doit montrer patte blanche dans cette affaire
Toute attitude contraire donnerait lieu à des élections chaotiques et contestées qui ne feraient que jeter de l'huile sur le feu. En attendant que Tshisekedi se décide à faire ce pas salutaire pour son peuple, l'on peut déjà saluer le geste de bonne volonté du M23 qui a évoqué, pour la première fois, la possibilité d'un retrait de ses positions à l'Est de la RDC.
En effet, le 6 décembre dernier, le mouvement s'est dit " prêt à amorcer un désengagement et à se retirer " indépendamment des conclusions du mini-sommet de Luanda en Angola et des pourparlers de Nairobi au Kenya qui viennent de prendre fin. Il serait dommage que ces signes encourageants ne soient pas saisis au rebond par les autorités congolaises pour aller vers une désescalade durable au grand bonheur des populations qui vivent l'horreur au quotidien.
Cela dit, le M23 qui se défend d'être à l'origine de cette orgie sanglante qui n'a épargné ni femmes ni enfants, doit montrer patte blanche dans cette affaire. Cela lui donnerait du crédit et peut même pousser la communauté internationale à exercer plus de pression sur Kinshasa pour aller vers une paix négociée. Mais s'il s'avérait que le mouvement est coupable, ces massacres révèleraient au monde entier toute la laideur de la face de ce mouvement rebelle. Et dans ce cas de figure, les responsables peuvent toujours courir les rues mais ils finiront par être rattrapés.
SAHO