Maroc: Nick Bollettieri L'entraîneur qui voulut être roi

Pour atteindre le plus haut niveau, il faut savoir passer par des choses difficiles. J'ai fait ce qui devait être fait. Le tennis n'est pas un sport d'enfant de chœur

Nick Bollettieri, c'était la gagne à tout prix. L'entraîneur star du tennis des années 90, autant admiré que détesté pour ses méthodes parfois controversées, est mort à l'âge de 91 ans, a annoncé lundi l'académie qu'il avait créée.

Andre Agassi, Maria Sharapova, Monica Seles ou encore Jim Courier: certains des plus grands champions du tennis mondial ont fait leurs classes au sein de la célèbre Académie Bollettieri (aujourd'hui IMG Academy) en Floride.

Le formateur avait aussi conseillé les soeurs Williams et Boris Becker.

"Je ne peux me souvenir d'un autre coach ou mentor durant ma carrière qui ait eu un tel impact sur ma vie", a réagi dans une vidéo diffusée via Twitter l'ex-championne russe Maria Sharapova.

Mais la fin (la victoire) peut-elle vraiment justifier tous les moyens ? D'abord encensées, les méthodes de l'instructeur américain finiront par être dénoncées pour leur trop grande dureté.

"Pour atteindre le plus haut niveau, il faut savoir passer par des choses difficiles. J'ai fait ce qui devait être fait. Le tennis n'est pas un sport d'enfant de choeur", justifiait Bollettieri à longueur d'interviews.

Ancien militaire, le natif de Pelham, banlieue désargentée au nord de New York, a appliqué au tennis la discipline musclée des Marines américains.

Il n'a pourtant touché sa première raquette qu'à l'âge de 20 ans, en 1951, lorsqu'un cousin, féru de la petite balle jaune, vient passer ses vacances chez lui.

"Il m'a proposé de faire une partie. Le terrain de tennis le plus proche se trouvait à une demi-heure de route. Nous y sommes retournés chaque jour pendant deux mois", relate Bollettieri.

Engagé chez les parachutistes pendant la Guerre de Corée, Bollettieri peaufine son jeu entre deux opérations militaires pendant quatre ans. A son retour aux Etats-Unis, il annonce à son père: "Papa, je veux devenir n°1 mondial des entraîneurs de tennis."

Il se fait un nom en devenant l'instructeur du tout jeune Brian Gottfried, futur 3e mondial en 1977.

En 1978, il fonde sa propre académie de tennis en rachetant un ancien champs de tomates en Floride.

"Nick a eu une idée de génie qui l'a fait sortir du lot. L'idée n'était pas d'apprendre le tennis aux enfants mais de leur apprendre à devenir un joueur complet. Nos joueurs savent monter à la volée, s'arranger avec la pression d'un match et grandir", a expliqué Gabriel Jaramillo, ancien vice-président à l'IMG-Bollettieri Academy.

S'entraîner avec Bollettieri, c'est souscrire au règne du "No pain, no gain", de la sueur et des larmes.

"Pour modifier un coup (...) il faut répéter la même frappe environ trente mille fois à l'entraînement. C'est le tarif, le minimum syndical", expliquait Bollettieri, entré au Hall of Fame en 2014.

Dans son académie, où certains jeunes aspirants arrivent parfois dès le plus jeune âge, c'est l'entraînement et la vie à la dure: couvre-feu, pas de tabac ou de télévision, contacts réduits avec la famille et le monde extérieur, concurrence exacerbée... Et bien sûr des heures et des heures sur le court.

"Un bon mental, c'est à 80% un bon physique", estime Bollettieri, qui travaille également sur le "fighting spirit" de ses disciples. Certains iront jusqu'à qualifier l'Académie de "prison de haute sécurité".

Cette méthode musclée réussit à certains (Courier, Seles) mais en brisent d'autres. Qu'importe: dans les années 90, pour jouer au tennis au plus haut niveau, le passage en Floride est quasi obligé.

La silhouette affutée de l'entraîneur américain, visage buriné et lunettes de soleil vissées sur le nez, apparaît sur tous les grand tournois et la "patte Bollettieri" devient peu à peu la base de toute formation en tennis.

"Je suis le meilleur entraîneur du monde. Je n'ai aucun doute là-dessus", témoigne l'intéressé dans son livre sorti en 1994.

Cette époque marque l'apogée de Bollettieri avant le déclin amorcé par la rupture avec Agassi, qu'il considérait comme son fils spirituel.

Cette relation complexe entre les deux Américains sera notamment explorée dans le documentaire "Love Means Zero" consacré à Bollettieri par le cinéaste Jason Kohn.

"Quand les gens ont visionné mon film, certains sont sortis de la projection en disant: +Ce gars est d'un narcissisme incroyable, quel sale type + et d'autres en déclarant: +C'est vraiment un mentor fantastique, un coach de génie !+", expliquait Kohn en 2017, résumant bien toute l'ambivalence qui entoure Bollettieri.

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