Le gouvernement sud-africain a présenté ce vendredi 9 décembre un projet de loi pour dépénaliser la prostitution, et diminuer ainsi les violences faites aux femmes qui continuent d'augmenter dans tout le pays.
Le ministre de la Justice Ronald Lamola a présenté le projet de loi, avec comme objectif que l'offre et le recours à des services sexuels ne soient plus considérés comme des délits.
C'était également l'une des demandes contenues dans le plan de lutte contre les violences faites aux femmes, rédigé en concertation avec la société civile, rapporte notre correspondante à Johannesburg, Claire Bargelès : ce projet de loi viendrait mettre fin aux poursuites pénales pour prostitution, tant du côté de ceux qui offrent des services sexuels que de ceux qui y ont recours.
Alors que le meurtre de plusieurs travailleuses du sexe, en octobre dernier, avait choqué le pays, le ministre de la Justice espère que la mesure permettra de mieux protéger ces personnes vulnérables, en ne faisant plus d'elles des criminelles et en leur offrant un meilleur accès aux soins.
Une première étape avant de nouvelles mesures
Pour le ministre, rendre illégale la prostitution " n'a pas arrêté la vente ou l'achat de sexe. Cela a plutôt conduit à davantage de violences contre ces travailleurs ". Le gouvernement espère ainsi réduire les violences subies par les prostituées. " Cela permettra un meilleur accès aux soins, moins de discrimination et de stigmatisation ", a expliqué Ronald Lamola lors d'un point presse.
Cette dépénalisation n'est qu'une première étape, et le ministère entend par la suite mettre en place de nouvelles mesures pour réguler le secteur.
Ce projet de loi a été salué par les associations féministes. Le groupe de défense des droits des prostituées Sweat espère que la dépénalisation permettra " un meilleur échange " entre les prostituées et la police. Selon les associations, 150 000 femmes en Afrique du Sud sont des travailleuses du sexe.
Contexte de violences accrues contre les femmes
Si plusieurs associations et syndicats ont applaudi cette décision, d'autres groupes ont déjà annoncé leur opposition, notamment le Conseil sud-africain des églises.
Cette proposition intervient également dans un contexte de violence accrue à l'égard des femmes dans tout le pays : selon la police, elles ont augmenté de 13 % entre 2017 et 2022. En Afrique du Sud, un viol est déclaré toutes les 12 minutes et les féminicides ont été multipliés par deux sur le premier trimestre de l'année, par rapport à l'année précédente. En 2021, le taux de féminicides dans le pays était déjà cinq fois supérieur à la moyenne mondiale.