Au Nigeria, l'annonce mercredi 7 décembre de la banque centrale de limiter les retraits crée des remous. À partir du 9 janvier prochain, les retraits seront limités à 20 000 nairas par jour (42 euros) et 100 000 nairas par semaine pour les particuliers. Cela pour pousser la population vers une économie de plus en plus dématérialisée, mais dans un pays où le " cash " reste roi, surtout pour ma majorité défavorisée, cette annonce risque de rajouter une couche à la gronde sociale.
Dans sa minuscule échoppe, Nuhu vend du pain et des cacahuètes et permet aussi à ses clients de retirer de l'argent liquide, grâce au terminal bancaire posé sur son comptoir : " J'ai commencé avec une centaine d'euros de capital. Aller au distributeur c'est trop long pour les gens. "
Les longues files d'attentes, la rareté des banques dans certains quartier ou certaines villes ont rendu ces opérateurs de terminaux bancaires incontournables au Nigeria.
Ceux-ci se rémunèrent grâce à de petites commissions. Mais la nouvelle politique de la Banque centrale nigériane (CBN) visant à limiter les retraits pourrait mettre un terme à leur business, selon l'économiste Tunde Adjileye :
" De 70% à 80% de leurs transactions consistent à échanger de l'argent liquide contre une transaction par carte bancaire. Avec cette politique, les gens vont commencer à faire des réserves d'argent liquides. "
Avec cette mesure, la CBN veut pousser plus de Nigérians à utiliser les transferts mobiles ou leurs cartes bancaires pour promouvoir l'inclusion bancaire dans le pays. Mais Gabriel est dubitatif :
" Avec tous les petits commerces, 45euros par jour c'est trop peu. Les gens préfèrent utiliser du cash et le réseau est trop mauvais pour les transactions sur mobile. "
Le gouverneur de la CBN devra justifier cette politique devant l'Assemblée nationale dans les prochains : la transition est jugée trop " drastique " et précipitée par certains députés.