L'état de santé du journaliste sénégalais Pape Alé Niang, en détention depuis un mois près de Dakar pour " divulgation d'informations de nature à nuire à la défense nationale ", s'est " dégradé " au neuvième jour de sa grève de la faim, a appris l'AFP samedi auprès d'une confédération syndicale et d'un de ses avocats.
" Pape Alé Niang a vu son état de santé se dégrader sérieusement. Dans la nuit (de vendredi à samedi), il a été évacué dans une clinique (à Dakar) pour y être hospitalisé ", a annoncé dans un communiqué Ibrahima Lissa Faye, un responsable de la Coordination des associations de presse (CAP), qui regroupe plusieurs syndicats de presse. M. Niang " est mis sous observation par son médecin traitant dans une clinique privée " à Dakar, a affirmé à l'AFP Moussa Sarr, un de ses avocats, confirmant les informations de la CAP. " Son médecin traitant a confirmé qu'il est extrêmement éprouvé ", a indiqué Me Sarr sur la radio privée RFM.
Détenu à Sébikotane, M. Niang observe depuis le 2 décembre une grève de la faim pour protester contre son " emprisonnement injuste et arbitraire ". Ses avocats ont introduit vendredi une demande de liberté provisoire à l'issue de son audition le même jour par un juge du tribunal régional de Dakar. Patron du site d'informations en ligne Dakar Matin, le journaliste a été arrêté le 6 novembre puis inculpé le 9 novembre pour " divulgation d'informations de nature à nuire à la défense nationale ", " recel de documents administratifs et militaires " et " diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques ".
Selon les syndicats de la presse, les autorités reprochent à M. Niang d'avoir diffusé des messages confidentiels sur le dispositif sécuritaire autour de l'interrogatoire du principal opposant politique, Ousmane Sonko, le 3 novembre dans une affaire de viols présumés, et d'avoir appelé à descendre dans la rue.
L'arrestation puis la détention du journaliste ont suscité une vague de critiques de la presse et de la société civile contre le pouvoir. De nombreuses organisations de défense des droits de l'Homme et l'opposition exigent sa libération.
Le Sénégal est 73e sur 180 au dernier classement sur la liberté de la presse de établi par RSF. Le pays a perdu 24 places par rapport à 2021.