Après plus de quatre années de détention au Sahel, l'humanitaire allemand Jörg Lange, âgé de 63 ans, a été libéré, a annoncé samedi l'ONG pour laquelle il travaillait, Help.
C'est grâce aux services de renseignement marocains et à leurs contacts avec des groupes jihadistes dans le Sahel, selon le Spiegel, que cette libération a pu avoir lieu.
L'ONG "remercie vivement toutes les personnes qui ont contribué à cette libération ou qui l'ont soutenue, en particulier la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères, la police criminelle, ainsi que les autorités et des amis au Mali, au Niger et dans les pays voisins".
Jörg Lange avait été enlevé le 11 avril 2018 dans l'ouest du Niger par des hommes armés à moto près d'Ayorou, dans une région frontalière du Mali en proie à des attaques jihadistes récurrentes. Son chauffeur nigérien avait été libéré peu de temps après. Selon la presse allemande, Jörg Lange aurait été vendu après son enlèvement au groupe jihadiste "Etat islamique dans le Grand Sahara"(EIGS).
Ces ravisseurs avaient exigé une rançon d'un montant à sept chiffres et envoyé plusieurs vidéos de l'humanitaire, dans lesquelles il appelait le gouvernement allemand à ne pas faire traîner les négociations. Selon Der Spiegel, Berlin avait envisagé de le faire libérer par une unité d'élite de la Bundeswehr, les forces spéciales de la KSK, mais y avait renoncé en raison des risques trop grands d'une telle opération.
Au moins quatre otages occidentaux sont encore détenus au Sahel, selon un décompte ne recouvrant que les cas rendus publics par leur entourage ou leur gouvernement.
Les violences jihadistes au Sahel ont débuté en 2012 au Mali, faisant des milliers de morts et des millions de déplacés. Elles se sont étendues au Burkina Faso et au Niger voisins et menacent désormais les États du golfe de Guinée dont le Togo.
Cette grave crise sécuritaire entraîne des violences en tous genres, dont les kidnappings sont un des aspects, qu'il s'agisse d'étrangers ou de locaux.
Les motivations, idéologiques ou crapuleuses, vont de la demande de rançon à l'acte de représailles en passant par la volonté de marchandage.
La France a achevé en août le retrait de ses troupes qui opéraient au Mali depuis près de dix ans. Mais Paris, qui déploie encore quelque 3.000 militaires au Sahel, s'est donné six mois pour finaliser sa nouvelle stratégie en Afrique.