Le premier tour des élections législatives tunisiennes se tient samedi prochain 17 décembre. Mais malgré le passage à un scrutin uninominal à deux tours, dans les zones rurales comme Beja, dans le nord de la Tunisie, la campagne intéresse peu les électeurs, préoccupés par les questions économiques.
La campagne électorale a démarré depuis le 25 novembre en Tunisie. Ils sont quelque 1 058 candidats à battre le pavé, des individus aux profils très divers ont pris le dessus sur les partis politiques comme le veut la nouvelle loi électorale avec le système de scrutin uninominal à deux tours.
Mais au marché de la ville de Beja, à une centaine de kilomètres de Tunis, les clients parlent plus de la hausse des prix et des pénuries que des candidats aux législatives. Jamel a 61 ans, il a suivi la campagne mais se dit désabusé. " On a du mal à trouver du lait, du gaz, du sucre, où est-ce que l'on va comme ça ? s'emporte-t-il. Vous me parlez d'élections ? Mais c'est le dernier de mes soucis. " Compte-t-il aller voter ? " Déjà s'il y a un taux de participation qui atteint 20%, ce sera inespéré ", estime-t-il.
Des électeurs désabusés
Sabeur, vendeur de légumes depuis 25 ans, ne croit plus à une répartition des pouvoirs, même si ceux du nouveau Parlement sont déjà très réduits. " La solution, c'est que le président de la République soit plus ferme et fort, sinon ça ne sert à rien ", avance-t-il.
Dalila Melki, ouvrière agricole, reste sceptique sur les profils des candidats. " Pourquoi j'irai voter ? On a été étouffés par les politiques, les inégalités ne cessent de se creuser tandis qu'eux s'enrichissent ", se désole-t-elle.
Une indécision qui touche aussi Hamdi Larbi, vendeur de persil de 25 ans. " Qu'est-ce qu'ils vont vraiment apporter au pays ? Qu'est-ce qu'ils vont nous donner de plus ? S'interroge-t-il. Moi je me demande s'ils pourront enfin répondre aux demandes des jeunes chômeurs qui restent inactifs. "
Malgré la promesse faite par le président Kaïs Saïed d'un nouveau système politique, plus proche du peuple, la réalité de la crise économique et le taux d'inflation à 9,8% ont pris le dessus sur les slogans de la campagne électorale.