Le chef de l’Etat sénégalais, M. Macky Sall, appelle à l’action pour une éradication définitive de la poliomyélite. Il a lancé cet appel lors du Forum pour la Vaccination et l'Éradication de la Polio en Afriquequi s’est tenu le samedi 10 décembre 2022 à Dakar.
Pour faire face à la baisse des taux de vaccination et à la résurgence de la polio, le Président Macky Sall a appelé les chefs d'État et les autres parties prenantes à se remobiliser de toute urgence autour de la Déclaration d'Addis-Abeba sur la Vaccination et du Programme pour la vaccination à l'horizon 2030.
Il les invite aussi à réaffirmer leur engagement en faveur de la vaccination systématique, de l'éradication de la polio, de la lutte contre la résurgence d'autres maladies évitables par la vaccination et de la mise en place de programmes de fabrication de vaccins sur le continent afin qu'aucun enfant ne soit laissé pour compte.
Adoptée en 2017, rappellent les initiateurs du Forum de Dakar, la Déclaration d'Addis sur la vaccination est un engagement historique des chefs d'État africains à faire en sorte que chacun en Afrique, quels que soient son identité et son lieu de résidence, bénéficie pleinement des bienfaits de la vaccination.
C’est dans cette veine qu’a été lancé le Programme pour la vaccination à l'horizon 2030, adopté à l'unanimité par tous les États membres lors de l'Assemblée mondiale de la Santé en 2020, pour fournir un cadre stratégique pour aborder les questions clés de la vaccination dans le contexte des soins de santé primaires et de la couverture sanitaire universelle au cours de la période 2021-2030
En sa qualité de président en exercice de l’Union africaine (Ua), Macky Sall prend ainsi les rênes de la lutte contre la baisse des taux de vaccination et pour l'éradication de la polio en Afrique. Il souligne que 20 ans après la conférence internationale sur vaccination et religion, le présent forum de Dakar montre que la vaccination demeure une priorité.
A son avis, « il faut arrêter le procès d’intention contre le vaccin et la vaccination. Il faut dire haut et fort que la vaccination est un procédé médical sûr qui sauve des vies, surtout des femmes et des enfants qui constituent les couches sociales les plus vulnérables ».
Le président de l’Union africaine appelle ainsi les pays africains engagés dans l’éradication à rester mobiliser vue la tendance baissière de la couverture vaccinale de base partout dans le continent.
Dans l’ordre des priorités, poursuit le chef de l’exécutif sénégalais, la polio mérite une attention particulière. Et d’indiquer que la fragilité des acquis nécessite une remobilisation générale vers l’éradication de la maladie.
A son avis, il s’agit de sonner l’alerte et de porter la mobilisation dans laquelle société civile, partenaires et autres acteurs ont aussi un rôle à jouer.
M. Sall invite ainsi à poursuivre la mise en place d’un écosystème biologique pour des vaccins made in africa.
Au-delà de la production de vaccin, ajoute-t-il, le défi pour l’Afrique est d’accéder à la plateforme de commercialisation au niveau international.
Dans la même veine, son homologue de Guinée Bissau, Umaro Sissoco Embaló, fait remarquer que depuis l’adoption en 1998 de la résolution pour l’éradication de la polio, des progrès ont été certes réalisés, « nous sommes encore confrontés à des difficultés logistiques pour l’acheminement des vaccins dans les zones les plus reculées ».
Président en exercice de la Cedeao, M. Embaló fait part de la nécessité d’une coalition mondiale pour l’éradication de la polio et les maladies infantiles.
Selon lui, la pression de nouveaux foyers de polio y compris des foyers où la maladie a été éradiquée nécessite la vigilance.
Il appelle à renforcer la coopération transfrontalière pour la surveillance de la maladie et vacciner les enfants de « zéro dose » en mutualisant les forces et les moyens.
Sur la même lancée, Paul Kagamé du Rwanda renouvèle l’engagement de son pays pour l’éradication de la polio. A son avis, les récentes de dons de 2,6 milliards de dollars pour l’éradication de la polio a permis de réaliser des progrès.
Il y ajoute l’initiative de l’Union Africaine de production des vaccins qui a permis de produire des résultats avec des unités installés au Sénégal, au Rwanda et en Afrique du Sud.
« Nous avons les ressources et le savoir-faire. Donc travaillons ensemble pour éradiquer la polio de manière définitive », dira l’homme fort de Kigali.
Venu porter le message de Adama Barow, président gambien, M. Ahmeth Lamine Samaké, met le curseur sur les difficultés qui demeurent et qui ralentissent les progrès.
Devant cet état de fait, le porte-voix de Banjul appelle à améliorer l’accès et construire davantage des postes de santé. D’où l’importance de la participation communautaire et la nécessité d’une volonté politique renforcée.
Dr Chris Elias, Président du Conseil de Surveillance de la Polio et Président de la Division du Développement Mondial de la Fondation Bill & Melinda Gates, invite les acteurs à reprendre les efforts d’avance Covid-19 pour éradiquer la polio et renouveler les engagements.
A son avis, « Nous disposons d'outils puissants et d'une dynamique pour réaliser l'une des plus grandes réussites de l'histoire en matière de santé publique : l'éradication de la polio. Les dirigeants d'Afrique et du monde entier s'unissent pour faire en sorte qu'aucun enfant ne soit à nouveau paralysé par la polio. Le moment est venu de renouveler les engagements, de renforcer la vaccination et la réponse aux épidémies, et d'offrir un avenir sans polio à nos enfants. »
Il prie au renforcement des systèmes de prestation de service. Avant de notifier que le partenariat est le moyen de réaliser les objectifs avec le concours des Etats.
Ce qui colle avec l’appel de Mlle Fatoumata Mané, mairesse du Conseil municipal des enfants de Médina Yoro Foula (Sénégal) qui a rappelé les droits des enfants à la protection, à la santé, à l’éducation, à disposer d’un environnement favorable. La jeune fille interpelle les autorités politiques, les agents de santé, les amis de l’Afrique à faire vacciner les enfants africains pour sauver des milliers de vie.
Se remobiliser pour réparer les dégâts causés par le Covid-19
Les spécialistes qui ont pris part au conclave de Dakar ont démontré que malgré les progrès considérables réalisés par les pays africains au cours des dernières décennies pour assurer aux enfants un meilleur départ dans la vie grâce à la vaccination, la pandémie de Covid-19 a entraîné une baisse alarmante du nombre d'enfants recevant des vaccins vitaux.
Selon eux, tous les pays du monde ont connu des perturbations dues à la pandémie de Covid-19 et 25 millions d'enfants dans le monde n'ont pas été vaccinés en 2021.
Deux ans après que la Région africaine de l'Organisation mondiale de la santé ait été déclarée exempte de poliomyélite sauvage, poursuit la même source, des flambées de poliovirus circulants dérivés d'une souche vaccinale continuent de se propager dans des communautés insuffisamment vaccinées.
Avant de préciser que la suspension de quatre mois des campagnes de vaccination contre la polio dans au moins 16 pays africains en 2020, en raison de la Covid-19, a conduit à ce que des dizaines de millions d'enfants ne reçoivent pas de vaccins contre la polio et a contribué à la propagation de flambées de poliovirus circulants dérivés d'une souche vaccinale dans de nombreux pays africains.
Des partenaires financiers réitèrent leurs engagements
Le sommet de Dakar semble allumer la flamme pour impulser une nouvelle dynamique avec des engagements financiers de taille. Le Dr. Ahmed Ogwell Ouma, directeur par intérim du Cdc Afrique, a souligné que « la pandémie a causé une baisse considérable des taux de vaccination de routine dans toute l'Afrique, mais le CDC Afrique l'expertise et l'engagement nécessaires pour inverser cette tendance ».
Avant de lancer : « Nous nous réengageons autour de la Déclaration d'Addis sur la vaccination pour accroître l'accès aux vaccins, améliorer la surveillance et la réponse aux épidémies et investir dans la production de vaccins en Afrique. C'est ainsi que nous protégerons nos enfants des maladies évitables par la vaccination et c'est la clé du nouvel ordre de santé publique auquel nous travaillons. »
Le même engagement est noté chez les responsables de l’Alliance du vaccin (Gavi) qui ont souligné l'importance pour l'Afrique de développer sa propre industrie du vaccin.
Selon Seth Berkley, Directeur Exécutif de Gavi : « Nous sommes déterminés à mettre fin à la transmission de tous les types de poliovirus dans le monde et à travailler avec les pays pour renforcer la vaccination de routine afin d'apporter aux enfants des vaccins vitaux ».
A l’en croire, Gavi travaille avec les pays d'Afrique depuis plus de 20 ans pour fournir un accès aux vaccins et renforcer les systèmes de santé et de vaccination.
Parallèlement à l'accent que nous continuons de mettre sur la vaccination systématique, à l'aide que nous apportons pour lutter contre les épidémies et s'attaquer au problème des enfants dits zéro-dose, qui ne reçoivent aucune dose de vaccins, confie-il, « Gavi soutient fermement la vision 2040 de l'Ua visant à étendre la production de vaccins en Afrique ».
Selon lui, « un écosystème africain florissant de production de vaccins représente une énorme opportunité pour améliorer la sécurité sanitaire et l'autosuffisance vaccinale pour le continent. »