Afrique de l'Est: Etat de la nation - Félix Tshisekedi tacle le Rwanda et la Communauté Internationale !

La tradition a été respectée. Félix Antoine Tshisekedi a tenu ce samedi 10 décembre 2022, au Palais du Peuple, le discours sur l'état de la nation devant le parlement réuni en congrès. Il n'a rien loupé, en tout cas. Car, tous les secteurs de la vie nationale y ont été largement évoqués.

D'un ton ferme, Félix Antoine Tshisekedi a dénoncé l'agression rwandaise sous couvert du M23 dans la partie Est du pays qu'il qualifie de *drame humanitaire* et de *velléités expansionnistes* du Rwanda, tout en saluant la mémoire des millions des victimes de ces atrocités dont celles de Kishishe dans le Nord-Kivu.

Au passage, il a taclé la communauté internationale qui, selon lui, reste aphone face à " ces conflits armés attisés par des forces négatives entraînant ainsi des violences insoutenables sous toutes leurs formes, ainsi que le pillage systématique des richesses naturelles dans son indifférence quasi-totale.

Il reconnaît, par contre, que l'état de siège instauré pour venir à bout de ces mouvements rebelles qui écument l'EST de la RDC avait déjà commencé à produire des résultats escomptés, avant d'être mis en mal, il y a quelques mois, par la résurgence du M23 soutenu par le Rwanda.

La voie diplomatique et la riposte à la menace ont été les deux options levées pour rétablir la paix dans la partie Est de la RDC.

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Pour ce faire, il a évoqué les assises de Nairobi du 20 juin 2022 au terme desquelles, " il a été signifié d'abord aux groupes armés locaux,la cessation immédiate des hostilités les engageant ; et ensuite,aux groupes armés étrangers, leur départ du territoire national ; et enfin, spécifiquement, au M23,le retrait de ses troupes des territoires qu'il occupe.

Ainsi,une force régionale composée des troupes des Etats membres de la communauté d'Afrique de l'EST se déploierait-elle dans la zone de conflit et procéderait au désarmement des groupes armés locaux et étrangers réfractaires ", a-t-il indiqué, tout en confirmant que les premiers contingents de cette force régionale avaient déjà foulé le sol congolais.

Félix Tshisekedi a salué, par ailleurs, la démarche du parlement qui, à travers la recommandation du 8 novembre 2021 a déclaré " le M23 comme groupe terroriste et interdit au gouvernement de procéder à l'intégration,au mixage et au brassage au sein des forces armées de la République Démocratique du Congo,de la police nationale congolaise et tout autre service de sécurité des éléments issus des groupes armés,qui se sont livrés à des violations massives des droits de l'homme au préjudice des populations ".

Un clin d'œil a été fait à l'endroit des Fardc qui restent déterminées à défendre la patrie et à poursuivre l'ennemi jusqu'à son dernier retranchement.

Le chef de l'État a également appelé la population à la vigilance, plus particulièrement, la jeunesse à qui il a demandé de se faire massivement enrôler au sein des forces de défense et de sécurité.

Etat de siège éternel ?

La question relative à la durée de l'état de siège a toujours été au centre de plusieurs questionnements en RDC.

Si, pour certains, cette mesure a su apaiser les tensions sécuritaires dans l'EST de la RDC, pour d'autres, par contre, l'ont considérée d'inefficace pour manque des résultats, tout en exigeant même sa levée.

Pour Félix Antoine Tshisekedi : " l'état de siège n'a pas vocation à s'éterniser. Certes,il impose à nos populations de consentir des sacrifices qui affectent leur mode de vie habituel. Mais, il demeure le cadre approprié et compatible avec la nature des opérations déployées pour mieux affronter les ennemis ".

Quels mécanismes contre la pauvreté?

Félix Antoine Tshisekedi dit ne pas comprendre le contraste qui caractérise une nation comme la RDC, " gracieusement nantie dans la diversité de ses richesses mais pauvre ".

L'astuce selon lui reste le programme de développement local des 145 territoires, " PDL-145T " en sigle,qui vise à " réduire dans notre pays,les inégalités spatiales, à redynamiser les économies locales et améliorer les conditions et le cadre de vie de nos concitoyens "

Ce programme reparti sur trois exercices budgétaires dont le coût total est évalué à 1,66 milliards de dollars américains à financer sur ressources propres de la RDC et autres partenaires au développement a pour mission spécifiques d'améliorer l'accès des propositions des territoires ruraux aux services socio-économique de base tel que les centres de santé, les bâtiments administratifs, les routes de desserte agricole, l'accès à l'eau et à l'électricité.

Comment se porte l'économie du pays?

"Les indicateurs macroéconomiques ont connu une performance significative durant le dernier trimestre de l'année 2022", à en croire Félix Tshisekedi.

Le chef de l'Etat brandit pour preuve l'amélioration des recettes publiques qui a permis " l'augmentation des dépenses d'investissement sur fonds propres de l'ordre de 0,2 du PIB, soit près de 20 % des réalisations de l'année.

Un résultat qui résulte de la mise en œuvre du pacte de stabilité entre le gouvernement et la banque centrale du Congo entamé depuis 2020 en vue d'une bonne coordination de la politique budgétaire et monétaire ", a lâché le Président de la République.

Faisant aussi remarquer que grâce aux achats des devises de la Banque Centrale du Congo lorsque les conditions le permettaient, les réserves internationales brutes de la Banque centrale du Congo ont augmenté à hauteur de 4,1 milliards de dollars à la fin du mois de septembre 2022, équivalent à 2,1 mois d'importation. Niveau jamais atteint par le pays auparavant.

Qu'en est-il de l'éducation?

Félix Tshisekedi qui a toujours réclamé la parité de la gratuité de l'enseignement depuis son accession à la magistrature suprême a dressé un tableau plutôt satisfaisant de l'éducation de base en RDC.

Quelques chiffres en filigrane

Le budget alloué à l'éducation est passé de 9,1% de 2021 à 2022 à 23.9 % de 2022 à 2023.

La prise en charge par l'Etat de 23.150 nouvelles écoles de plus sur les 41 739 écoles publiques avant la gratuité,soit un accroissement de 55% : désormais, 64.889 écoles publiques bénéficient des frais de fonctionnement.

La prise en charge à ce jour, par le Trésor public avec les efforts propres du gouvernement de 266.220enseignants nouvelles unités (NU) aussi bien du niveau matériel, primaire que secondaire.

L'augmentation de rémunération qui passe de 148 milliards de FC à 224 milliards de FC, soit un accroissement de 57,1%.

La Santé n'a-t-elle toujours pas de prix ?

La couverture d'une santé universelle reste l'un des axes majeurs dans le programme d'action du chef de l'État.

Abordant le système sanitaire en RDC,Félix Tshisekedi s'est montré plutôt un peu déçu au regard des chiffres en sa possession.

" Malgré quelques améliorations,les prestations de soins et de services de santé connaissent les problèmes récurrents sanitaires ; une faible qualité de soins et de services offerts,une faible résilience des structures de santé face aux urgences sanitaires,une faible utilisation des soins et services disponibles et une faible recevabilité publique des services de santé ", a-t-il déclaré

Avant de donner quelques chiffres y relatifs :124 zones de santé sur 516, soit 24% ne disposent pas d'un hôpital général de référence.

Elections en 2023?

La question relative à l'organisation des élections est celle qui a le plus suscité des débats, à la veille d'une année électorale en RDC.

Félix Tshisekedi s'est montré rassurant, quant à la tenue des scrutins en 2023.

Mais, pour lui, toutes les conditions inhérentes pour la tenue de ces scrutins devraient être réunies.

"Je tiens à préciser que pour consolider notre jeune démocratie encore fragile, le respect des cycles électrique demeure une exigence.

Ainsi donc, il est fondamental de pouvoir se mobiliser pour que le prochain scrutin soit organisé dans le délai constitutionnel.

Au cours de mon discours sur l'État de la nation en décembre 2021, J'avais attiré votre attention sur les prochaines élections.

Je m'étais solennellement engagé et j'avais sollicité l'engagement de tous pour des élections que nous voulons inclusives, transparentes et crédibles.

Je suis donc heureux et confiant d'affirmer ce jour que l'année 2023 sera essentiellement électorale, avec l'organisation de scrutins multiples et à tous les niveaux, sur base du calendrier publié par la commission électorale nationale indépendante,le 26 novembre 2022", a-t-il rassuré.

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