Congo-Brazzaville: Assemblée nationale française - Une conférence tenue sur "Brazzaville, capitale de la France libre"

Facilitée par Carlos Martens Bilongo, député de la huitième circonscription du Val d'Oise, la conférence sur l'évocation de la place et du rôle de Brazzaville pour la France a été présentée par Brice Arsène Mankou, sociologue-enseignant congolais, à l'Assemblée nationale française.

La rencontre s'est tenue le 9 décembre dans les locaux de l'Assemblée nationale française, en présence des ambassadeurs des deux Congo en France, Isabel Machik Ruth Tshombe, pour le Congo Kinshasa, et Rodolphe Adada, pour le Congo Brazzaville; du Pr Cyrille Musila, ambassadeur de la République démocratique du Congo (RDC) auprès de l' Unesco; Emmanuel Brouiller, consul du Congo en Normandie; l'ancien député, ministre et ambassadeur honoraire Pierre Michel Nguimbi; ainsi que des députés Brice Dimitri Bayendissa et Devic Bisssouta, venus du Congo pour la circonstance.

Moment mémoriel où il a été question de rappeler que Brazzaville fut la capitale de la France libre de 1940 à 1942, et de l'Afrique équatoriale française de 1910 à 1958. Pour ce rappel quatre-vingts ans plus tard de ces enjeux historiques et géopolitiques, l'initiative pourrait faire jurisprudence.

Jean Yves Le Drian, ancien ministre des Affaires étrangères, lors du colloque " De Gaulle et Brazzaville, une mémoire partagée entre la France, le Congo et l'Afrique ", avait déjà amorcé le travail de mémoire à propos de la capitale du Congo. Il proposait de devoir continuer à écrire l'histoire avec cette ville africaine.

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Puisque l'histoire est un éternel recommencement, lors de cette conférence, l'intervention de Rodolphe Adada et celle de Carlos Martens Bilongo, membre de la Commission affaires étrangères, vice-président du Groupe amitié France-Congo ont abondé dans ce sens. "C'est à partir de Brazzaville que le général de Gaulle va organiser la résistance de la France libre contre l'occupation nazie", ont-ils précisé.

Ce qui a permis au sociologue-enseignant à l'Université de Rouen Normandie de revenir sur ce rôle de Brazzaville pour la France libre. S'appuyant sur les écrits de l'historien et écrivain Hopiel Ebiatsa, le conférencier a déclaré que " C'est à Brazzaville, après l'appel du 18 juin 1940, que revint l'insigne honneur de permettre au général de Gaulle de parler au monde ", avant d'ajouter: " Une plaque de bronze le rappelle encore, rue Lamothe, à l'endroit de l'ancien immeuble où débuta Radio-Brazzaville, en 1935. On peut y lire : " Hommes de toutes conditions, respectez ce modeste lieu. C'est ici que le plus grand Français, Charles de Gaulle, fit ses premières émissions sur le sol de la France libre. "

Par ailleurs, Brice Arsène Mankou n'a pas manqué d'évoquer les propos de l'historien canadien Eric Jennings : " Avec quelle rage l'anti gaullisme (... ) s'acharne à propager la légende de la résistance de Londres ! Aux uns comme aux autres, j'oppose la vérité : la France libre fut africaine ".

Sur la même lancée, Brice Arsène Mankou cite Jacques Soustelle en ces termes: " À l'automne 1940, le Royaume-Uni n'apporte effectivement à la France libre ni combattants ni matières premières, ni territoire national ni souveraineté. La France libre s'étendait en réalité de la frontière tchado-lybienne au fleuve Congo ", tout en déduisant que " Sans ces territoires, quelle crédibilité, quelle reconnaissance internationale, quel argument à faire valoir contre Vichy qui clamait "la fidélité" de l'empire ?

Alors que l'on connaissait le rôle des combattants d'Afrique du Nord qui rejoignent la lutte en 1943, ainsi que les exploits de la résistance intérieure et la lutte alliée dans leurs moindres détails, le sort de l'Afrique équatoriale française (AEF) et du Cameroun, bastions gaullistes de la première heure, était demeuré jusqu'ici curieusement méconnu. Au nom de la Croix de Lorraine, l'AEF et le Cameroun ont été appelés jusqu'en 1943 à compenser la quasi-totalité de l'empire, mais également de la métropole, hors combat elle-aussi ".

Brice Arsène Mankou, distingué par l'association Ordre Lafayette France, séance tenante, s'est dit satisfait de voir autant de monde avec une belle représentation diplomatique et surtout, la participation de ressortissants de l'Afrique centrale. " Cette proposition de loi que nous voulons dépasse le simple cadre de Brazzaville... Elle concerne plutôt le périmètre de l'Afrique francophone. C'est de cette manière que nous porterons ce projet de loi pour que Brazzaville jouisse d'une reconnaissance officielle et que son histoire soit enseignée et que le 27 octobre 1940 avec l'appel de Brazzaville soit célébré dans toute l'étendue de la France ", a-t-il dit.

Dans l'assistance, des personnalités de marque et plusieurs Congolais des deux Congo. Parmi les participants, les membres du think tank Ateliers citoyens du Congo de Marien Fauney Ngombé, le journaliste Mavyne Loti Loutonadio, Yvon Eddy Steeve Mougany, président de l'association Conscience Républicaine, et Roseline Morelli, présidente de l'association les Amis d'Auguste.

Brin d'histoire

Brazzaville, capitale de l"Afrique équatoriale française (AEF), comptait quatre territoires français: le Moyen-Congo (aujourd'hui Congo Brazzaville), le Gabon, l'Oubangui-Chari (aujourd'hui Centrafrique) et le Tchad.

Elle a été zone stratégique et la ville d'où sont parties les premières forces armées de la France libre. C'est toujours à Brazzaville que le général de Gaulle lança son manifeste pour constituer le Conseil de défense de l'empire. C'est là que se tint, sous l'égide du général de Gaulle, la conférence dite de Brazzaville qui permit de jeter les bases de l'Union française.

C'est enfin dans cette ville que le général de Gaulle prononça un important discours sur l'autonomie, l'autodétermination des peuples, discours qui donna la voie à la décolonisation et deux ans après aux indépendances de la plupart des pays africains francophones.

S'il faudrait rappeler quelques dates, retenons simplement que c'est à Brazzaville, pendant l'occupation nazie, que le général de Gaulle va organiser la résistance à partir de cette vie qui compte dans l'histoire de la France.

Le 27 octobre 1940, le général Charles de Gaulle lance un "Manifeste de Brazzaville", capitale de l'AEF. Par ce discours vigoureux, il affirme son autorité et annonce la constitution d'un Conseil de défense de l'empire depuis Brazzaville.

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