Burundi: Certifier la Propriété Foncière Protège Aussi Bien les Paysages que les Femmes

communiqué de presse

LES POINTS MARQUANTS

  • La restauration du paysage s'attaque aux problèmes de certification foncière au Burundi
  • La société burundaise commence à reconnaître les droits des femmes à accéder à la terre
  • 70% des parcelles reconnues comportent les noms des deux conjoints

Bujumbura, Octobre 2022 - Le Projet de Restauration et de Résilience du Paysage au Burundi, un projet de 30 millions de dollars, a pour objectif de restaurer la productivité des terres et accroitre la résilience des communautés dans les paysages dégradés ciblés. Mais dans ses débuts, sa composante sur la certification foncière, conçue pour résoudre certains problèmes qui constituent un grand nombre de dossiers judiciaires portés devant les tribunaux burundais, a apporté les gains les plus marqués du projet.

La certification foncière a considérablement réduit les problèmes liés à la cohésion sociale auxquels nous étions confrontés dans la commune d'Isare. Elle est systématique et les démarcations de notre propriété avec celle de nos voisins ne sont plus confondues. En tant que ménage, ce titre foncier permettra à nos enfants de jouir paisiblement de leur héritage en toute légalité. Salvator Habonimana et Vanessa Nyandwi Commune d'Isare

Certaines femmes burundaises estiment qu'une communication permanente avec la communauté, en particulier avec les hommes concernant l'enregistrement des noms des deux conjoints sur le titre foncier, est à la base de ces résultats positifs.

" La certification foncière est venue pour donner une place aux femmes dans la société burundaise. Auparavant, en tant que fille unique dans une famille de 5 enfants, je n'avais pas droit à un lopin de terre. Grâce aux explications qui nous ont été fournies par les spécialistes de ce projet, mes frères ont accepté à ce que j'ai un lopin de terre enregistré à mon nom " témoigne Ndayisaba Veronique, venue récupérer son titre.

L'implication de l'administration communale a été essentielle pour le succès de la décentralisation du système de gestion foncière du pays. Le travail de l'administration a renforcé le rôle des propriétaires fonciers en matière de lutte pour gérer efficacement l'érosion et prévenir les glissements de terrain.

Les groupements communautaires développent le terrassement des collines et créent des pépinières qu'ils souhaitent maintenir au-delà de la durée du projet, en utilisant des espèces d'arbres spécifiques pour arrêter les glissements de terrain et les inondations. " La population se sent redevable envers la protection des terres, plus particulièrement quand elles sont enregistrées à leur nom ", indique Désiré Nsengiyumva, Gouverneur de la Province de Bujumbura.

Au-delà des effets qu'il a sur la société, le processus de certification a permis aux propriétaires fonciers d'obtenir des prêts auprès d'institutions de microfinance, en particulier pour des activités génératrices de revenus. "Aujourd'hui, je suis venu récupérer mon titre de propriété que je considère comme mon diplôme. Grâce à ce titre, je suis en mesure de demander un prêt dans une institution de microfinance, d'exercer des activités génératrices de revenus et d'offrir une vie décente à ma famille", a indiqué Ndayisaba, une bénéficiaire du titre.

Les résultats de la composante "certification foncière" du projet ont largement dépassé les attentes. "L'état d'avancement de cette activité est plus que satisfaisant. Au départ, on avait prévu de remettre des titres fonciers à 14,000 bénéficiaires, mais maintenant nous en sommes à plus de 93,000" indique Odette Kayitesi, Coordonnatrice du Projet de Restauration et de Résilience du Paysage au Burundi.

L'une des leçons apprises est que " la société burundaise commence à reconnaitre l'accès aux terres à la femme. Ce qui est un pas de géant au Burundi ", a indiqué Sévérin Nibitanga, Directeur Général de LADEC.

Grâce à l'appui par un financement additionnel du Fonds pour l'Environnement Mondial, la Banque mondiale aidera le Gouvernement du Burundi à étendre les activités du projet à neuf autres collines de la commune de Matongo, dans la province de Kayanza, d'ici 2024.

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