Madagascar: Amerigasy way of life - Émotion... de censure

La monnaie circule ! Le rêve américain devient réalité pour certains, tant mieux pour eux ! Parce qu'ils se sont donnés à fond pour quitter le fond, maintenant ils ont le fond ! Ils n'ont rien à envier. De l'autre côté, les démunies grincent des dents, rêvant d'avoir de grosses sommes d'argent, comptant sur les 10 doigts de leurs mains leur priorité.

Vantard pour les uns, fierté du devoir accompli pour les autres, le challenge money de la semaine dernière a suscité un débat ! " C'est pour dire qu'ils ne connaissaient pas la crise ", avance Reniala Rasoamandimby une doctorante en sociologie, en constatant l'attitude des stars malgaches de ces derniers temps. Cette ostentation ne date pas d'aujourd'hui, mais elle a pris de l'envergure ces trois dernières années. Une période où la pandémie a dégonflé les porte-monnaies. Comme dans tous les secteurs, le domaine événementiel a été touché. Durant un an et demi, les manifestations culturelles ont été mises en veille, ce qui a eu, bien entendu, une lourde conséquence pour les stars malgaches, bien qu'ils ne cessent de produire dans leur studio. Jusqu'ici, certes, les activités reprennent, cependant, les artistes demeurent amaigris. Ils rattrapent le retard perdu durant ces deux malheureuses années en enchaînant des concerts dans les zones les plus reculées. L'objectif, c'est d'amasser le plus de billets. Effectivement, la fatigue envahit le corps, l'argent thésaurisé payera les frais médicaux.

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De l'autre côté, il y a des artistes qui ont survécu. Les soubiques de tosika fameno ne devraient même pas approcher leur cuisine. Donc, pour se dissocier de ceux qui ont le ventre creux, il faut mettre le paquet sur le paraître. " Allonger la masse de billets sur la table. Prendre des photos avec un sac plein d'argent, on ne le voyait que dans des films américains ! Dans les clips de gangsta rap. On n'osait pas faire ça dans les années 1990. Mais, on rêvait d'être comme ça, au fond de nous. Nous n'allons pas mentir. Qui ne veut pas être riche ? Mais, nous n'allons pas faire comme ça. " affirme Léonard Andriamaharitra un cinéphile. En vérité, l'argent est sacré pour certains groupes ethniques malgaches. " C'est le fruit de la sueur de notre front. Il ne faut pas jouer avec ! Vôla a un hasina, on ne le vénère pas ! ", a fait savoir la traditionaliste Doria Ndriamahafaly. Afficher sa réussite, c'est la tendance actuelle. Une mentalité américaine, c'est ce que disent ceux qui ont effectué le pèlerinage au pays de la liberté. Un état d'esprit difficilement assimilé par les Malgaches. Une population timide qui n'ose pas lever la face. Elle hoche la tête quand elle reçoit un ordre.

Endoctrinée par " izay mangina volamena ", littéralement le silence est d'or, Madagascar renforce son attitude insulaire. Une apparence parfois trompeuse, puisqu'au fond, elle a soif de succès. L'humilité est la base de la culture malgache. Pourtant, la vantardise fait également partie du quotidien. L'adage Ny vola no maha rangahy, littéralement, c'est l'argent qui fait l'homme, est également inculqué dans l'esprit des hommes malgaches. Car on est libre quand on est riche. Ça sous-entend que l'on peut tout acheter ! C'est d'ailleurs sur cette vision que la génération actuelle forge sa vie. Témoins de la corruption, de la violence symbolique, les jeunes malgaches veulent avoir facilement de l'argent pour l'étaler en public.

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