Congo-Kinshasa: Le choléra se propage parmi les populations fuyant les combats entre l'armée et le M23

La République démocratique du Congo cible 2 millions de personnes dans sa campagne de vaccination contre le choléra (archive)
communiqué de presse

Les équipes MSF font face à une recrudescence du nombre de cas de choléra parmi les populations déplacées suite aux combats entre l'armée congolaise et le Mouvement du 23-Mars (M23). Ce dernier avait lancé fin octobre une nouvelle offensive dans la région du Nord-Kivu, située dans l'est de la République démocratique du Congo.

En l'espace d'une quinzaine de jours, le nombre de cas de choléra a augmenté de façon préoccupante sur le territoire de Nyiragongo, dans le Nord-Kivu. Entre le 26 novembre et le 11 décembre, les équipes MSF ont pris en charge 472 patients, dont 143 enfants de moins de cinq ans, dans le centre de traitement du choléra de Munigi, une localité située à quelques kilomètres seulement de Goma. Le nombre de cas a pratiquement doublé depuis le 7 novembre, date à laquelle 256 patients avaient été admis dans la structure.

Depuis la fin du mois d'octobre, des dizaines de milliers de personnes fuyant les combats dans la région ont rejoint celles déjà présentes depuis des mois sur les sites de déplacés du territoire de Nyiragongo. La situation humanitaire continue de se dégrader et plus de 177 000 personnes déplacées, selon les Nations unies, viennent désormais s'ajouter aux communautés locales. Elles vivent dans des conditions désastreuses, à la merci des intempéries et des épidémies.

" Étant donné le manque de nourriture, d'abris, de latrines et de douches, tous les ingrédients sont réunis pour une catastrophe sanitaire, s'inquiète Simplice Ngar-One, coordinateur de projet MSF. L'augmentation des cas de choléra ces derniers jours est d'ailleurs un indicateur de plus de la détérioration de la situation et du manque criant d'assistance humanitaire. "

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Conditions propices à la propagation du choléra

" J'ai fui mon village dans le groupement de Rugari avec mes six enfants et mon mari il y a un mois et depuis, nous n'avons reçu quasiment aucune aide. Nous n'avons ni douches, ni toilettes. Pour nourrir ma famille, je pars aux champs, malgré les risques que cela comporte, pour essayer de trouver quelques pommes de terre, raconte Nyira Safari, 45 ans. Depuis deux jours, ma fille Zawadi, âgée de 8 ans, souffre de diarrhées et de vomissements. Comme elle était très faible et avait du mal à se tenir debout, je l'ai emmenée au centre de santé. "

Les équipes MSF prennent quotidiennement en charge de nouveaux patients touchés par le choléra, dans les centres de traitement de Munigi ou dans celui du centre de santé de Kanyaruchinya, une localité voisine, où a été prise en charge Zawadi.

" Ce que nous redoutions est en train de se produire : les cas de choléra se multiplient à cause de la promiscuité et des conditions de vie dégradées dans les sites informels de déplacés, explique le Dr Alain Bishikwabo Irenge, responsable médical du centre de traitement du choléra de Munigi. Nous avons mis en place deux tentes supplémentaires et augmenté notre capacité de prise en charge à plus de 100 lits. En parallèle, nous intensifions nos activités communautaires pour renforcer la sensibilisation et assurer une détection précoce des cas, car trop de patients nous arrivent tardivement, dans un état de déshydratation déjà sévère. "

Conséquences visibles du manque d'assistance

De premiers cas confirmés de choléra avaient déjà été notifiés en août à Kanyaruchinya, à la suite de quoi MSF avait organisé une vaccination pour environ 6 000 personnes au mois de septembre. Début novembre, face à l'apparition de nouveaux cas confirmés, les équipes MSF ont réalisé une nouvelle vaccination auprès de 3 600 personnes, pour tenter de freiner la propagation.

" Depuis juillet, nous alertons sur les risques sanitaires, y compris épidémiques, pour les communautés déplacées dans le territoire de Nyiragongo. Les nouveaux déplacements massifs qui surviennent depuis la fin du mois d'octobre contribuent à dégrader une situation sanitaire déjà extrêmement précaire ", explique Simplice Ngar-One.

Depuis des mois, les personnes déplacées continuent de manquer de tout. Certaines personnes dorment à même le sol, sous de simples moustiquaires, en bord de route. Les infrastructures sanitaires, notamment les toilettes et les douches, à proximité des sites de déplacés restent également largement insuffisantes. " Dans le centre de santé de Kanyaruchinya, les infections respiratoires, les maladies diarrhéiques et les infections cutanées se comptent par dizaines chaque jour, déplore Simplice Ngar-One. Malgré nos appels, la mobilisation actuelle est loin d'être à la hauteur et c'est d'autant plus incompréhensible que ces personnes se trouvent à seulement quelques kilomètres de Goma, où l'on compte de nombreux acteurs humanitaires. "

Depuis le début du mois de novembre, en moyenne 250 consultations sont assurées quotidiennement au centre de santé de Kanyaruchinya. Un poste de santé va également être mis en place sur le site informel de déplacés " Bassin du Congo " à Munigi. Par ailleurs, les équipes MSF continuent à fournir de l'eau sur six sites à Kanyaruchinya et Munigi, elles ont mis en place des points de lavage des mains et réalisent de nombreuses activités de sensibilisation.

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