Les adolescents qui jouent de façon "problématique" aux jeux d'argent et de hasard, dont les paris sportifs, malgré l'interdiction aux mineurs, ont souvent mémorisé publicités et posts d'influenceurs et s'imaginent pouvoir "maîtriser la chance" ou gagner leur vie avec ces jeux, selon une étude.
Dévoilée mercredi, celle-ci se base sur une enquête auprès de 5.000 jeunes de 15 à 17 ans commandée en 2021 par l'Autorité nationale des jeux (ANJ) à l'association Sedap (Société d'entraide et d'action psychologique), dont les premiers résultats ont été publiés en février.
Elle a révélé que plus d'un tiers (34,8%) d'entre eux étaient joueurs en 2021, depuis l'âge de 13,3 ans en moyenne et surtout que parmi eux, la part des joueurs dits "problématiques" -(c'est-à-dire à risque soit modéré, soit excessif de perdre le contrôle de leur pratique) avait plus que triplé depuis 2014, passant de 11% à 34,8%.
Le deuxième volet publié mercredi, alors que la Coupe du monde de foot fait bondir le volume de paris sportifs en ligne, s'intéresse aux "facteurs individuels ou environnementaux" liés aux "pratiques problématiques des jeux d'argent et de hasard des adolescents".
Pour les auteurs de l'étude, "la méconnaissance des problèmes potentiels liés aux activités de jeux d'argent ou leur banalisation", tant chez les parents que les jeunes, ainsi que "le peu d'initiatives de prévention généralisée dans les écoles", représentent "un nouveau défi pour la santé publique".
L'étude montre un risque de jeu excessif "particulièrement élevé" pour les jeunes qui jouent en ligne, à des jeux multiples, avec des montants de mise élevés, parfois empruntés auprès de leurs amis.
Ces adolescents affichent des "croyances erronées" telles que "+l'illusion de contrôle+, qui les amène à penser qu'ils peuvent maîtriser la chance ou qu'ils peuvent gagner leur vie en pratiquant ces jeux".
Ils ont souvent mémorisé des messages publicitaires ou reçu des publicités ciblées -vidéos de sportifs connus, posts d'influenceurs- et ont été marqués par une première expérience de gains (parmi leurs amis).
La moitié de ces jeunes joueurs excessifs constatent des impacts négatifs du jeu sur leur vie quotidienne (stress, difficultés de concentration, de ponctualité/présence à l'école...) et quatre sur dix disent "avoir eu besoin d'aide pour contrôler leur pratique" soit deux fois plus que les joueurs adultes.
Enfin, ils "sont plus enclins à ne pas se fixer de limites" et à "faire une simple pause après des pertes conséquentes", ce qui pourrait signifier que "les recommandations préconisées par les stratégies de +jeu responsable+ des opérateurs ne sont pas toujours connues, ni parfois adaptées aux jeunes joueurs excessifs".