Maroc: Demi-finale France # Maroc - Tajine de poulet pour les Lions de l'Atlas

analyse

Historique, exceptionnelle, fabuleuse... les adjectifs, aussi dithyrambiques les uns que les autres, ne manquent pas depuis le 10 décembre 2022 pour qualifier la performance du Maroc. Samedi, Les Lions de l'Atlas se sont en effet qualifiés pour les demi-finales du Mondial 2022 en battant la Seleçao das Quinas de Christiano Ronaldo par le score d'un but à zéro.

Une réalisation, ironie du sort, ronaldesque, de En-Nesyri qui s'est littéralement envolé à la 42e minute de jeu pour rabattre le ballon d'un coup de tête rageur. Une avance qu'ils ont su conserver - il fallait le faire - jusqu'au coup de sifflet final grâce au courage, à la détermination et à la solidarité dont les joueurs ont su faire montre. Autant dire les mêmes ingrédients utilisés pour venir à bout des adversaires successifs qui se sont mis en travers de leur marche glorieuse.

Comme lors de leurs précédentes rencontres, les assauts répétés de leurs vis-à-vis ne sont pas parvenus à prendre cette inexpugnable citadelle chérifienne qui a écœuré jusque-là tant et tant de sélections. Ils s'attendaient encore à souffrir, ils ont effectivement une fois de plus terminé le match sur les rotules mais les Lions, fidèles à leur habitude, ont toujours plié l'échine sans pour autant succomber. Ils ont ainsi, tour à tour, écorné les Diables rouges belges, noyé les Canucks dans le Saint Laurent, ils ont fait voir rouge à La Roja espagnole avant de s'offrir le Portugal. Un tel parcours ne peut pas être juste dû à la chance ou au hasard, autrement dit à " la rencontre de deux séries causales indépendantes ", pour reprendre la formule d'Antoine Augustin Cournot.

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Le sélectionneur Walid Régragui a donc raison, qu'on ne vienne pas lui parler d'exploit, de miracle, c'est juste du travail, de la rigueur et de la combativité, des valeurs qu'il a su inculquer à son équipe et qui donnent les résultats qu'on voit depuis trois semaines au Qatar.

C'est la preuve par le football qu'avec un peu de moyens et beaucoup d'organisation et de volonté, l'Afrique peut y arriver, que ce soit dans le sport ou dans bien d'autres domaines au lieu de s'abriter invariablement derrière le manque de ressources financières pour s'encrouter dans la médiocrité et l'à-peu-près. En éliminant le coach Fernando Santos et ses protégés, le Maroc devient le premier pays africain à entrer dans le carré d'as d'une coupe du monde. En 1990, en 2002 et en 2010, le Cameroun, le Sénégal et le Ghana n'y étaient pas parvenus. Vous avez bien dit historique ?

La malédiction des quarts est pour ainsi dire exorcisée, à jamais on l'espère. Mais maintenant que le plafond de verre qui obstruait notre horizon a été brisé, on se met à rêver du graal avec la fébrilité du chercheur d'or qui sent la pépite. Et à dire vrai, il est à portée de main, ou plutôt de crampons, pour ces fauves de l'Atlas qui ont du tajine au poulet au menu de ce mercredi et qui pourraient ne faire qu'une bouchée du Coq français, qu'ils croisent en seconde demi-finale. Certes, les tricolores, champions du monde en titre, sont de sérieux prétendants à leur propre succession ; certes en cinq rencontres entre les deux nations depuis 1988, la France s'est imposée trois fois pour un nul et une victoire marocaine (aux tirs aux buts) mais ce sera la première fois qu'ils se retrouvent dans le cadre d'une compétition officielle, de surcroît pour un ticket de finale en coupe du monde. Rien à voir donc avec un match de gala et les garçons de Didier Deschamps n'ont qu'à bien se tenir. Le rêve marocain et africain peut en effet devenir réalité si la rage de vaincre est toujours là (la fatigue et les blessures mises à part, il n'y a aucune raison qu'il en soit autrement) et si les astres continuent de s'aligner comme ils l'ont été jusque-là pour le capitaine Romain Saïss et ses coéquipiers qui savent défendre à onze quand il le faut, offrant pratiquement leur corps pour la patrie et pour le continent dont ils font la fierté.

Et si c'était tout simplement l'année du Lion ! Et si c'était l'année de l'Afrique, ce berceau de l'humanité dont les enfants font les beaux jours des plus grands clubs européens et mondiaux mais dont les équipes nationales arrivent rarement à se faire une place au soleil sur la planète foot ! Il ne reste guère plus à nos porte-étendards que deux marches pour se hisser au sommet de l'Olympe du sport-roi et sauf glissade, ils ont tous les atouts pour les gravir. A eux de continuer de croire en leur capacité.

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