L'organisation de défense des droits humains Amnesty International publie ce lundi 12 décembre un rapport sur les conditions de vie et l'exploitation économique des enfants des rues au Sénégal, les talibés. Ce rapport interpelle, une fois de plus, les dirigeants politiques sur le manque de volonté de protéger ces enfants.
Comme des fantômes, ces enfants des rues apparaissent au petit matin pour mendier et disparaissent à la nuit tombée pour réintégrer leurs écoles, leurs daaras (nom des écoles coraniques au Sénégal). Personne n'est en mesure de donner leur nombre. Entre 50 000 et 200 000 rien qu'à Dakar, indiquent des études menées par l'État et des ONG ces dernières années. Pour Amnesty international, c'est l'une des priorités de l'État : cartographier et connaître toutes les daaras du Sénégal pour évaluer le nombre d'enfants, mieux contrôler ces lieux et les chefs religieux qui les dirigent.
Pas assez de moyens pour la protection des mineurs
L'organisation de défense des droits de l'homme rappelle aussi qu'une loi est en place depuis 2005, qu'elle interdit la traite et l'utilisation des enfants pour mendier, mais qu'elle n'est pas suffisamment appliquée. Interrogés par Amnesty International, des responsables de la protection d'enfants rappellent que les fonds alloués représentent moins de 1% du budget de l'État et que ce montant est en baisse depuis 2015.
Macky Sall a annoncé récemment sa volonté de créer une journée nationale de daaras. Pour Amnesty International, le président du Sénégal doit avant tout accentuer les contrôles sur ces écoles coraniques.
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