L'agence Reuters a publié lundi 12 décembre un nouveau volet de son enquête détaillant la violence extrême dont l'armée nigériane a fait preuve vis-à-vis des civils, victimes collatérales de sa lutte contre le groupe terroriste Boko Haram, dans le nord-est du Nigeria.
Après avoir révélé la semaine dernière l'existence d'un programme visant à mettre fin aux grossesses d'anciennes captives des jihadistes, l'agence de presse Reuters raconte en longueur comment les militaires ont régulièrement massacré des enfants et des adolescents soupçonnés de complicité avec l'ennemi ou nés des viols commis par les hommes de Boko Haram.
Cette fois, pas d'opération minutieusement organisée, mais " un massacre itinérant " qui aurait fait " des milliers " de très jeunes victimes dans les villages du nord-est du Nigeria, selon Reuters.
Au total, 15 personnels des forces de sécurité - qu'ils soient soldats, membres des milices d'auto-défense ou gardes armés - ont témoigné d'" assassinats ciblés d'enfants " auxquels ils ont parfois participé directement. Il s'agissait à la fois " d'éliminer les extrémistes, mais aussi de mettre fin à la vie des enfants " nés de viols commis par les insurgés, selon Reuters.
Ces massacres de civils ont eu lieu dans des communautés isolées du nord-est du Nigeria, dans lesquelles les jeunes garçons étaient soupçonnés d'être des informateurs ou d'avoir été endoctrinés par les jihadistes.
De nombreux enfants assassinés pendant des heures après le passage de jihadistes
L'agence de presse détaille une série d'évènements sanglants, notamment " un massacre près d'un point d'eau ", survenu en juillet 2020, aux abords du village de Kukawa, et au cours duquel au moins dix jeunes auraient été abattus par des hommes en uniforme de l'armée. Selon plusieurs témoins, les petites victimes ont ensuite été enterrées dans une fosses commune, aux côtés d'autres civils - hommes et femmes - fusillés à leurs côtés.
En 2018, " plus de 40enfants " auraient été assassinés au cours d'une opération militaire qui a duré " du matin jusqu'à minuit " dans la ville de Gasarwa. Les jihadistes avaient traversée celle-ci auparavant.
Par ailleurs, d'anciennes captives de Boko Haram, libérées par l'armée, ont affirmé que leurs enfants avaient ensuite été tués par injections létales au sein du centre de détention militaire de Giwa Barracks, à Maiduguri.
Une fois de plus, les responsables de l'armée nient en bloc. Ils assurent que " la protection des non-combattants constitue une de [leurs] priorités " au point de " refuser certaines frappes " pour éviter tout dommage collatéral.