Madagascar: Région de Diana - Les fruits inondent le marché

Les fruits de saison, surtout les mangues qui font aussi la richesse de la région Diana, envahissent les marchés. Le tonnage des productions est élevé, il est donc important de créer de petites unités de transformation pour éviter le gâchis et pour permettre par exemple aux femmes d'avoir des activités lucratives.

Depuis quelques semaines, les fruits de la saison envahissent le marché de la ville. Des papayes, des ananas, des melons, des letchis, des pastèques etc., sont déversés sur le marché de cette ville, aux couts alléchants et accessibles à toutes les bourses. En particulier, les mangues, grâce à la production du site d'Anamakia et ses environs, à la grande satisfaction des consommateurs du Nord. Les letchis, pour l'instant, proviennen de Sambava, en attendant l'arrivée des fruits issus des communes rurales de Joffre-ville et d'Antsalaka dans le district d'Antsiranana-II.

Si, il y a quelques semaines, les prix des mangues ont été inaccessibles pour un bon nombre de consommateurs, aujourd'hui, presque tout le monde peut en manger. On en trouve dans tous les coins et recoins des marchés et des quartiers de la ville d'Antsiranana. Le tas à 1 000 ariary qui comportait de petits fruits, a bien grossi et doublé en quantité. À l'heure actuelle, cinq ou six grosses mangues sont vendues à ce prix. Un peu plus loin de la ville, les ménagères peuvent également acquérir des tas de 500 à 600 ariary. Transaction impensable, il y a un mois.

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D'après les vendeurs, les prix d'une caisse ou d'une charrette de mangues provenant de la banlieue, ont nettement baissé. Le contenu d'un seau ou " daba " est vendu à 10 000 ariary alors qu'il y a quelques semaines, les couts affichés allaient de 15 000 à 20 000 ariary. Les revendeurs achètent également des seaux de 5 000 et 7 000 ariary. Au marché du quartier d'Ambalavola, sur la route d'Anamakia, les consommateurs peuvent également obtenir un fruit de 100 à 200 ariary. Certains vendeurs descendent jusqu'à 300 ariary pour deux pièces.

Des planteurs ayant des concessions agricoles ou des parcelles résidentielles, des revendeurs, des intermédiaires, voire même des spéculateurs, ne cessent de tirer profit des activités lucratives liées à la commercialisation de mangues. Ces derniers temps, le jus de mangue est toujours présent lors d'un cocktail organisé. La vente s'étend actuellement jusqu'au bord de la route communale ou régionale.

Mangue de Diégo

Il existe plusieurs variétés de mangues dans la région, sauvages ou introduites de l'extérieur telles que les mangue " S " , " manga bory ", " tsy tandry paosy ", zanzibar... Pourtant, la " manga Diégo " connue par l'appellation locale " manga Antongombato ", venant du français " mangue tombante " est toujours spéciale, tant au goût qu'à l'apparence. Sa renommée dépasse même Madagascar.

Malheureusement, même si l'arbre pousse sauvagement partout dans la ville, la forêt des manguiers commence à diminuer, en raison des feux de brousse, de la fabrication du charbon et de la déforestation. Sa taille diminue également. " Auparavant, une mangue pesait 600 grammes, mais maintenant il n'en reste plus que 200 grammes ", témoigne un notable de la région qui affirme que la mangue d'Anamakia existe depuis quatre vingt-dix ans. La dernière exportation de mangues en provenance d'Antsiranana vers l'ile Maurice remonte aux années 1987-1988.

En fait, selon les statistiques, la région Diana compte plus de 4 000 ha de plantations de mangues qui étaient exportées dans le monde entier jusqu'à la fin des années 80. À l'heure actuelle, seuls 3% de la production de mangues de Madagascar est exportée. Les manguiers du Nord portent des fruits trois fois par an, il n'est donc pas étonnant d'en voir en permanence sur le marché, en particulier les achards en bouteille. Selon les explications, un arbre produit pendant soixante à quatre-vingt ans et peut porter de 50 à 500 kg de fruits par an.

Nécessité d'unités de conservation

Comme pour le cas pour d'autres fruits, même si les mangues abondent, on estime que l'inexistence d'une industrie agroalimentaire dans la région est un vrai handicap. Les marchés ne peuvent pas liquider tous les produits. Car l'offre et la demande déterminent le libre-échange, seule une quantité minimale est déversée sur le marché local et les mangues mûres sont pourries sur place. Il faut savoir qu'à Madagascar, beaucoup de gens jettent les fruits alors que d'autres n'en mangent jamais. Notons que le bétail comme les vaches, les chèvres et la volaille en mangent dans la région. Il en est de même pour d'autres animaux domestiques.

C'est pour cette raison que des artisans locaux essaient actuellement de transformer les produits en jus, mais de nombreux dégâts causés par l'électricité fournie par la société Jirama sont aussi inévitables. Car la conservation des fruits et légumes ne se limite pas au seul réfrigérateur, elle peut se faire par le séchage. Ces techniques permettent d'avoir une plus grande autonomie alimentaire. Et pourquoi pas de la pâte de mangues ?

En tout cas, on constate que la conservation des produits en fruits secs et en confiture commence à se développer dans la région. Ces produits se retrouvent déjà dans les épiceries de quartiers et les foires organisées. Certains partenaires techniques et financiers encouragent aussi les paysans à le faire. Il est vrai que les paysans manquent encore de moyens techniques, matériels et financiers, mais il est évident que des étapes sont déjà franchies. Parfois, la mentalité des consommateurs a encore besoin d'être corrigée pour consommer les produits artisanaux malgaches.

" Pour exporter des mangues fraîches, il faut maintenir la chaîne du froid, disposer de centres de triage qui sont des infrastructures qu'il nous faut maintenant mettre en place ", lance Tombomo un artisan de Namakia.

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