Afrique du Nord: Drame migratoire de Melilla - Amnesty dénonce une "tuerie de masse"

Plus de 350 migrants interceptés par les garde-côtes libyens dans un centre de détention en Libye, en janvier 2018.

Amnesty international a publié mardi les résultats de son enquête sur le drame de Melilla, six mois après la mort de 37 candidats à l'exil et la disparition de 77 autres lorsque des centaines d'entre eux s'étaient massés au poste frontière entre le Maroc et l'Espagne. L'ONG dénonce la violence extrême des autorités et les accuse de ne pas participer aux enquêtes.

Selon le rapport de l'ONG, qui a recueilli de nombreux témoignages de migrants présents le 24 juin à la frontière entre le Maroc et Melilla et analysé des vidéos et images satellites, " les méthodes employées par les autorités marocaines et espagnoles (...) ont contribué à la mort d'au moins 37 personnes ". Et 77 autres sont " toujours disparues ", ajoute le rapport qui évoque une " tuerie de masse ".

Amnesty international dénonce également la violence dont on fait preuve les autorités marocaines et espagnoles ce 24 juin lorsque près de 2 000 clandestins, en majorité originaires du Soudan, avaient tenté de pénétrer dans l'enclave de Melilla, située sur la côte nord du Maroc. " On a sauvé une personne de 28 ans qui est originaire du Soudan. Elle nous a dit: "la police espagnole nous a aspergé les yeux pendant que la police marocaine nous jetait des pierres à la tête". Et certains policiers marocains les frappaient à la tête ensuite pour vérifier qu'ils étaient vivants ", raconte Manon Filloneau, chargée de plaidoyer Migrations pour Amnesty international France.

" On atteint un degré d'inhumanité qui est vraiment incroyable "

De plus, les autorités des deux pays n'auraient pas fourni " de secours médical adapté ". " Ils ont refusé l'accès à la Croix-Rouge et ont laissé des personnes, les corps amoncelés sans assistance pendant au moins 8h sous 30 degrés à l'ombre. Des personnes ont pu mourir à ce moment-là. Ce qui s'est passé après aussi, c'est que des personnes ont été expulsées par bus à plus de 1 000 km pour certaines. D'autres disent avoir été emprisonnées et torturées en prison du côté marocain. On atteint un degré d'inhumanité qui est vraiment incroyable ", ajoute Mme Filloneau.

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Et Amnesty dénonce par ailleurs " la non-coopération totale de l'Espagne et du Maroc sur les enquêtes ". " Nous, ce qu'on leur demande principalement, c'est la vérité, la justice et des réparations pour les victimes ", ajoute la chargée de plaidoyer. Et le même constat a été fait par le Défenseur des droits espagnol. Dans une lettre adressée vendredi à plusieurs ONG et consultée par l'AFP, il a jugé que les explications du ministère de l'Intérieur n'avaient " pas été suffisantes " jusqu'ici.

De son côté, le ministère espagnol de l'Intérieur a " fermement rejeté ", dans un communiqué, les " accusations (...) sans preuve " de torture, qu'il a qualifiées d'" affirmations fausses d'une extrême gravité ".

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