La pénurie d'enseignants dans les universités restera d'actualité. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique a zéro poste budgétaire, pour 2023.
Incohérent. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Mesupres) ne bénéficie d'aucun poste budgétaire, dans la loi de finances initiale 2023. Les neuf mille postes budgétaires créés au titre de l'année 2023 sont accordés au ministère de l'Éducation nationale, au ministère de la Santé publique, au ministère de l'Enseignement technique et professionnel, au ministère de la Justice, au ministère de la Sécurité publique, au ministère de la Défense nationale, et au Secrétariat d'État en charge de la Gendarmerie nationale.
Le syndicat des Enseignants-chercheurs et des chercheurs-enseignants de l'enseignement supérieur (Seces) hausse le ton. "La loi de finances initiale de 2022 a prévu plus de cinq cents postes budgétaires pour le Mesupres, cela a été réduit à deux cents, dans la loi de finances rectificative. Pour 2023, il est de zéro. Comment peut-on négliger l'enseignement supérieur qui est la base du développement, à ce point ? Tous les dirigeants de ce pays sont, tout de même, passés dans les universités pour arriver là où ils sont maintenant" lance le président national du Seces, le Dr Faliarivony Randriamialinoro, hier. Le Seces ne cesse de tirer la sonnette d'alarme sur le sous-effectif des enseignants dans les universités publiques.
"Le nombre d'étudiants admis dans les universités publiques, augmente de 11%, chaque année. Et pourtant, les enseignants qui passent à la retraite et ceux qui décèdent ne sont pas remplacés", enchaine-t-il. Il critique l'empressement de l'État à construire des universités, sans tenir compte de la pénurie d'enseignants-chercheurs. "Une université n'est pas seulement une infrastructure, il s'agit, aussi, de ressources humaines", précise le Dr Faliarivony Randriamialinoro. Même un haut responsable au sein du Mesupres a soulevé cette incohérence des priorités. "Ce n'est pas normal qu'il y ait zéro poste budgétaire pour notre département. (... ) On ne peut pas créer des universités, si on ne dispose même pas de ressources humaines", réagit cette source.
Le Seces estime à près de trois mille, les besoins pour combler le gap d'enseignants dans les six universités de Madagascar et celles qui sont récemment, ouvertes, comme celles à Itasy, à Antsirabe, à Mandritsara, à Ambatondrazaka, à Sava. "Plusieurs parcours seront fermés, à ce rythme, car il n'y aura plus de spécialiste", avertit le Dr Faliarivony Randriamialinoro. C'est déjà le cas à l'Ecole normale supérieur d'Antananarivo (ENS).