Une enquête nationale sur les risques auxquels font face les utilisateurs des services financiers numériques (Sfn) au Sénégal, réalisée par l'Observatoire de la qualité des services financiers (Oqsf) en collaboration avec le Groupe consultatif d'assistance aux pauvres (Cgap), révèle que 78% des usagers ont été confrontés à un risque et que 43% sont victimes de tentative de fraude.
L'enquête qui porte sur un échantillon de plus de 1 500 utilisateurs et utilisatrices de Service financier numérique (Sfn) sur l'ensemble du pays, révèle qu'au cours des 12 derniers mois, certains risques, tels que la fraude et le manque de transparence, ont affecté de nombreux utilisateurs du mobile money au Sénégal. Ainsi selon l'étude : " 78% des utilisateurs ont ainsi été exposés à au moins un risque lié à l'utilisation des Sfn. 55 % ont manqué d'informations sur les coûts avant d'effectuer une transaction, 43 % ont été victimes de tentative de fraude, et 44% ont eu à faire face à des interruptions du réseau les empêchant d'effectuer une transaction ". Le Sénégal a connu une forte croissance du mobile money qui a créé de nouvelles opportunités économiques à une échelle sans précédent et notable, et le pays adopte de plus en plus les Sfn pour créer des opportunités supplémentaires d'inclusion financière pour les consommateurs. Cependant, l'enquête révèle que les Sfn exacerbent également les risques existants pour les consommateurs, selon la recherche mondiale du Cgap, et continuent d'introduire de nouveaux risques en constante évolution, dont la croissance de certains dépasse le taux d'adoption des Sfn par les consommateurs. A noter que cette enquête s'inscrit dans le cadre d'une initiative lancée par le Cgap en 2021 visant à renforcer la protection des consommateurs de services financiers numériques de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).
Habib Ndao, secrétaire exécutif de l'Oqsf pour sa part dira que cette étude s'inscrit dans le cadre de la promotion et de la mise en œuvre de la stratégie régionale d'inclusion financière et dont l'objectif principal est de mieux " appréhender les principaux risques auxquels sont exposés les utilisateurs de Sfn en vue de formuler des recommandations adaptées visant à encadrer l'expansion du mobile money, levier d'inclusion financière mais également d'étudier les voies et moyens de soutenir le développement d'un écosystème responsable des Sfn ".
L'atelier qui a réuni des acteurs clés de l'écosystème des Sfn au Sénégal diagnostique les solutions à mettre en place afin de minimiser les risques auxquels font face les usagers de Sfn. Aujourd'hui, " certes, les Sfn sont absolument essentiels pour améliorer le développement, réduire la pauvreté et apporter des services aux usagers qui leur permettent d'améliorer leur vie, mais force est d'admettre qu'il y a des soucis de sécurité importants à résoudre ", dira Eric Duflos de Cgap. Il précise : " Cette étude nationale nous donne beaucoup de chiffres, mais ne rentre pas en profondeur dans l'analyse des problèmes. Pour analyser ces problèmes, il va falloir faire des études plus qualitatives puisque cette étude est quantitative ". Donc, " on a une cartographie nationale des problèmes mais ça ne donne pas une compréhension profonde des causes des problèmes pour trouver des solutions adéquates ", a-t-il expliqué.