Le Premier ministre, Amadou Ba, a effectué hier, lundi 12 décembre, sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale sans solliciter le vote de confiance des députés. Accueilli par une Assemblée nationale agitée par les députés de l'opposition qui ont axé leurs interventions sur la question du troisième mandat, la dette publique, la violation des libertés et autre mal gouvernance, Amadou Ba a préféré ne prendre aucun risque en se passant de cette disposition prévue par l'article 55 de la Constitution.
Une déclaration de politique générale au goût d'inachevé. Le Premier ministre, Amadou Ba, a présenté hier, lundi 12 décembre, les grands axes de la politique qu'il entend mettre en œuvre à travers sa déclaration de politique générale. Cet exercice qui a duré plus de huit tours d'horloge n'a pas été sanctionné par un vote de confiance des députés comme le prévoit l'article 55 de la Constitution pour montrer l'adhésion de la majorité des députés à cette feuille de route présentée par le chef du Gouvernement. Accueilli par une Assemblée nationale agitée par les députés de l'opposition qui ont axé leurs interventions sur la question du troisième mandat, la dette publique, la violation des libertés et la mal gouvernance, Amadou Ba a préféré ne prendre aucun risque. En effet, lors des débats, des députés de l'opposition ont pris la parole pour l'inviter publiquement à se soumettre à cette exigence de vote de confiance sans quoi ils vont introduire dès aujourd'hui, comme le prévoit la loi, une motion de censure. A l'instar de Mamadou Lamine Diallo membre du groupe parlementaire " Liberté démocratie et changement " de la coalition Wallu Sénégal. " Vous avez forcé les portes de l'Assemblée nationale qui ne vous reconnait pas en venant ici. Vous êtes ici, et je pense que vous aurez le courage de demander le vote de confiance avant de quitter l'Assemblée nationale ", avait-il lancé à l'endroit du chef du gouvernement. Abondant dans le même sens, son collègue de l'opposition et président du groupe parlementaire de Yewwi Askan wi, Biram Souley Diop, après avoir dénoncé les nombreux atteintes à l'Etat de droit par des arrestations systématiques des voix discordantes, a précisé à l'endroit du Premier ministre : " au cas vous vous abstiendrez à demander le vote de confiance, je vous informe que nous, députés de Yewwi Askan wi, allons déposer une motion de censure dès demain (ndlr) contre votre gouvernement ".
Tirs groupés de l'opposition sur le Pm
Auparavant, prenant la parole après la lecture par le Premier ministre de sa déclaration de la politique générale, Ahmed Aïdara, député-maire de la ville de Guédiawaye a indiqué à l'endroit du Premier ministre que son discours sur la liberté d'expression et le respect de l'Etat de droit est biaisé par les arrestations des opposants. Loin de s'en tenir là, l'élu de l'opposition a également déploré les 6 milliards dépensés dans la campagne de la Coupe du monde de football en indiquant que ce montant aurait pu servir à financer la rénovation du Lycée Limamoulaye dont les bâtiments sont, selon lui, dans un état de délabrement très avancé. Avant de conclure son propos, le député-maire de la ville de Guédiawaye a également fait remarquer au Premier ministre que le blocage des comptes du groupe Dmédia contredit le slogan de champion du social collé au chef de l'Etat. Prenant la parole, sa collègue Ramatoulaye Bodian a également axé son intervention sur la politique de répression des opposants. " On ne sent pas de démocratie au Sénégal car, le chef de l'Etat continue de plus belle à appliquer sa politique de liquidation de son opposition. On a même vu des journalistes se faire arrêter puis libérer tout simplement parce qu'ils réclamaient la libération de leur confrère Pape Alé Niang".
Abondant dans le même sens, son collègue de l'opposition Abass Sall, après avoir interpellé le Premier ministre sur sa déclaration de patrimoine, soutiendra que la situation actuelle du Sénégal n'a rien à voir avec sa description. " Vous nous avez présenté un Sénégal de rêve mais cela est différent de ce Sénégal où nous vivons. Un Sénégal où l'Assemblée nationale fonctionne sur la base d'un Règlement intérieur tronqué, un Sénégal où des soldats disparaissent en plein Dakar et un procureur de la République est impliqué dans la falsification de procès ". Pour sa part, Mamadou Lamine Thiam, président du groupe parlementaire " Liberté démocratie et changement " a déploré le silence du Premier ministre sur le calendrier électoral, en l'invitant à rassurer les Sénégalais au sujet de l'ambition du chef de l'Etat à briguer une troisième candidature illégale. Abondant dans le même sens, le député maire de la commune de Yeumbeul a invité le Premier ministre à expliquer comment son gouvernement va procéder pour passer d'une croissance actuelle de 4,5% à une croissance à deux chiffres mathématiquement en 2023.
Les députés de la majorité font bloc autour du Pm
Face à ces attaques de leurs collègues, les députés de la majorité ont vigoureusement réagi lors de leur prise de parole. " La dette n'est pas utilisée pour financer la consommation. Le moment de se prononcer sur le mandat n'est pas venu. L'heure est au débat sur le développement du pays. Mes amis n'ont aucune expérience pour parler de votre Dpg, ils sont abonnés aux invectives qui est leur terrain favori ", rétorque Abdoul Mbow. Prenant la parole, Farba Ngom traitant ses collègues de l'opposition de " bodio bodio " qui ont refusé de voter le budget que le président Macky Sall a dégagé pour la prise en charge des problèmes des Sénégalais, a invité ses collègues de la majorité à montrer leur adhésion à la troisième candidature du président Macky Sall par acclamation. Chose faite. Abondant dans le même sens, Cheikh Seck affirmera que Macky Sall sera bel et bien candidat en 2024. " Il y a des questions sur lesquelles vous n'êtes pas tenu de répondre, notamment celle relative au 3e mandat. Car, le Président Macky Sall sera bel et bien candidat puisque sa candidature est une demande sociale. Ceux qui parlent de Karim n'ont qu'à s'adresser à Mimi Touré qui l'avait traqué et emprisonné. Monsieur le Premier ministre, vous êtes sur la bonne voie, tous ceux qui s'agitent ne sont pas lucides ". Réagissant sur la question de l'endettement agité par plusieurs collègues de l'opposition, l'ancien ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr a indiqué que sous Macky Sall, " le Sénégal ne s'endette pas pour supporter son train de vie ou financer des trains blancs ". Dernier à prendre la parole, le président du groupe parlementaire de la majorité, Oumar Youm, a rassuré le Premier ministre du soutien total de son groupe qui, malgré les menaces, a fait adopter les budgets de tous les ministres. Poursuivant son intervention, il a indiqué sur le groupe de la majorité n'est pas figé par la question du 3e mandat, ou encore celle relative aux échéances électorales. " Nous sommes plutôt préoccupés par le développement du Sénégal. Je suis un militant du Sénégal du progrès, des infrastructures routières, qui réconcilie les Sénégalais des zones rurales avec ceux des zones urbaines grâce aux projets importants réalisés par le président Macky ", a-t-il lancé.