Je relaie volontiers le "Plaidoyer conjoint" des Organisations de la société civile (Alliance Voahary Gasy, Lampogno, Five, Rohy) et du secteur privé (FivMpaMa), avec le soutien du projet USAID Hay Tao, pour alerter sur la situation catastrophique des aires protégées Menabe-Antimena (Sud-Ouest) et Masoala, Makira, baie d'Antongil (ci-gît le ala atsinanana).
Plaidoyer pour l'application stricte et expéditive des textes en cas de destructions inconsidérées, trafics, corruptions, portant atteinte à l'Environnement. Plaidoyer pour assimiler le régime de détention et d'utilisation des tronçonneuses à celui des armes.
Plaidoyer pour doter les agents des Eaux et Forêts des moyens (humains, financiers, matériels) de leur mission de salut public. Vieille (et vaine) réclamation que la nécessité d'augmenter les ressources financières étatiques allouées à la gouvernance environnementale : l'État sait trouver des milliards pour construire une autoroute au coeur d'une forêt protégée, mais n'a pas les moyens de recruter un millier de gardes-forestiers (moins de 5 agents forestiers pour les 1.800.000 hectares de la zone Masoala, Makira, baie d'Antongil), ou pour se constituer une marine de garde-côtes capable d'arraisonner la douzaine de bâtiments qui transbordent nuit et jour des tonnes d'arbres arrachés à la forêt de Masoala. Ni pour déplacer et fixer ailleurs les migrants qui prennent d'assaut l'aire protégée de Menabe Antimena. Déforestation massive par la transformation d'aires protégées en zone de culture (Menabe Antimena) ou l'exploitation illégale de bois précieux, sinon l'implantation de milliers de "chercheurs d'or" au coeur même d'une forêt primaire (Parc naturel Makira). Schéma connu et archi-connu de la disparition de la "Nature Cinq Étoiles".
Un arrêté interrégional (Analanjirofo, SAVA, Sofia) pour encadrer la vente et la détention des tronçonneuses, véritables armes de destruction forestière massive : 3 hectares de forêt peuvent être abattus en 3 jours. Et alors que l'on compte une douzaine de revendeurs de tronçonneuses à Maroantsetra, véritables dealers des 769 tronçonneuses en activité dans 56 Fokontany. "Antsokosoko hita maso" ou l'illégalité au vu et au su de tout le monde : il existe à Maroantsetra un marché libre du bois de "nato", qu'on sait pertinemment provenir d'une aire protégée.
Connivence d'élus au discours populiste, corruption d'agents de l'administration et ignorance du Code des aires protégées par le Tribunal de Maroantsetra. "Ici, c'est Madagascar" et nous sommes en 2022. "Antsokosoko hita maso" ou le clandestinement au grand jour: la circulation illicite de bois et de charbon, depuis la forêt de Masoala vers Sainte-Marie, Soanierana-Ivongo, Mananara-Nord, Maroantsetra; le porte-à-porte des braconniers à Maroantsetra pour proposer des lémuriens. "Antsokosoko hita maso" ou la complicité passive d'agents d'une administration qui s'en remet au PPP, dont elle devient l'otage par dette morale, pour assurer tant bien que mal ses missions régaliennes.
Une loi pénale plus sévère devrait exister pour doubler ou tripler la peine encourue par les officiels ou des élus qu'intéressent surtout l'abus de pouvoir et l'immunité dévoyée. Le statut d'autorité devrait systématiquement constituer une circonstance aggravante en cas de crime environnemental. Cette punition plus sévère serait assortie d'une mise sociale à l'Index des élus qui encouragent au crime : "Anjakao ny zava-boahary", autant massacrer la forêt (et ses habitants, la faune endémique) plutôt que de réguler les naissances chez une population humaine à la démographie galopante pour alimenter un réservoir de futurs électeurs sans discernement.