Tunisie: Taxis individuels et collectifs | Entrée en vigueur des nouveaux tarifs officiels ce jeudi - Serait-ce la fin de la gabegie ?

14 Décembre 2022

L'entrée en vigueur des nouveaux tarifs dès jeudi 15 décembre 2022 doit pouvoir réconcilier le taxi et le client. Et reléguer les applications mobiles de transport, objet de la discorde, au second plan.

Les taxis tunisiens attendent impatiemment la mise en place des nouveaux tarifs sur leurs compteurs automatiques. Une mise à niveau qui vient contrecarrer la hausse continuelle du prix de l'essence en Tunisie, qui affecte sensiblement l'exercice de leur activité.

Déjà accablés par diverses charges, comme la prime d'assurance qui s'élèverait, selon eux, à 3.000 dinars par an et des infractions à leur encontre, c'est une bouffée d'air que leur offre l'Etat, au moment où les finances publiques sont exsangues. Toutefois, cela se fait quelque peu au détriment de la clientèle, qui risque d'en faire les frais, même si cela peut mettre fin au recours intempestif aux applications mobiles qui ne résolvent pas tous les problèmes en matière de transport individuel en Tunisie, loin s'en faut.

Pour rappel, la majoration principale concerne une hausse sur le tarif des taxis individuels, collectifs, louages et touristiques qui sera applicable à partir de jeudi 15 décembre 2022. Cela fait suite à une décision du ministère des Transports, publiée au début du mois en cours qui introduit de nombreux changements, essentiellement tarifaires, à l'avantage des taxis. Les différentes augmentations sur les tarifs sont publiées à titre indicatif car elles restent en attente d'approbation définitive, avec parution au Journal Officiel de la République Tunisienne. Ainsi, la prise en charge, soit le tarif initial admis, coûtera désormais 900 millimes au lieu des 540 millimes actuels. Soit plus de 66%.

%

Majoration globale de 15%

Mais bien plus encore, si bien que le client doit s'attendre à payer globalement 15% de plus dès jeudi, pour une même course, un même trajet qu'auparavant, d'après l'aveu d'un taxi qui pense que cela va encourager les taximen à continuer d'exercer avec sérénité leur profession. En apparence, c'est une mauvaise nouvelle pour le client, mais on peut espérer une amélioration du service rendu et moins de désagréments. A fortiori.

Car avec le ras-le-bol d'une frange de la clientèle contre les tarifs pratiqués par les applications mobiles de transport qui dépassent l'entendement, il y a lieu d'espérer une amélioration dans le rapport du taxiste avec son client. En effet, le service de mobilité "Bolt" qui subit un procès pour non-protection des données personnelles de ses clients, est devenu hors de prix pour les Tunisiens, malgré l'intégration d'un tarif économique. C'est, en fait, un blocage généralisé qui s'est créé avec un retard à la commande de surcroît, puisque le client lambda est carrément " déplumé ", ce qui marque la fin du succès de ces applications mobiles de transport, depuis 3 ans sur le territoire tunisien. Un taximan a fait même écho qu'avec l'application " Bolt " et avec un pic de circulation, le trajet Tunis-Gammarth peut coûter jusqu'à 70 dinars. Dans un pays où le Smig est de 400 dinars, le décalage avec la réalité est surprenant.

Hausse des tarifs en détail

S'agissant du décompte kilométrique, le compteur marque désormais un montant de 46 millimes tous les 79 mètres parcourus par le taxi, au lieu de 40 millimes actuellement. Pour les déplacements de nuit, entre 22h00 et 5h00 du matin, il sera facturé 50% en plus du tarif affiché par le compteur du taxi. Le recours à un taxi, de l'Aéroport vers la ville, porte un coût de 4,5 DT supplémentaires au tarif affiché par le compteur à l'arrivée. En sus des frais de bagages qui sont entendus, un coût supplémentaire qui sera additionné au tarif total du trajet, de l'ordre d'un dinar pour chaque bagage de plus de 10 kilos.

Pour les taxis dits touristiques, le tarif de prise en charge sera désormais de 1,350 DT, avec en sus un décompte de 70 millimes pour tous les 70 mètres parcourus et autant pour toute les 23 secondes d'arrêt. Pour les louages (transport interrégional en taxis collectifs), la prise en charge est de 0,850 DT par passager et le même montant majoré pour toute distance parcourue entre 5 et 10 km.

En Tunisie, les expressions objets de la colère et de la moquerie de la population, comme " irjaa ghodwa" (reviens demain) pour critiquer la lenteur et la lourdeur administrative, s'appliquent également aux taxis avec la célèbre réplique "mouche fi thniti" (ce n'est pas mon chemin) connue des taximen qui recalent leurs clients et les plantent sur place à leur insu. Malheureusement, ces attitudes ont encore libre cours en 2022.

Les taxis partisans du moindre effort continuent d'enlever et remettre leur plaquette sur le toit de leur véhicule jaune, pour signifier qu'ils sont hors service. Un autre taxi happé par un client en direction du centre-ville de Tunis lui indique froidement qu'il roule en direction de La Marsa, alors qu'il est supposé être " en service ". On espère vivement la fin de la gabegie avec cette nouvelle tarification, mais rien ne garantit que ce soit le cas dans la durée... L'improvisation reste la règle numéro 1 en Tunisie.

Enfin, un témoignage d'un taximan rappelle l'intérêt de généraliser l'attribution du document visant l'autorisation d'être propriétaire de son véhicule, en plus du badge et de la carte professionnelle. Cela permettrait d'avoir plus de taxis, une clientèle rapidement satisfaite et de véritables débouchés et perspectives pour les professionnels du secteur, qui désespèrent voir leur activité plus développée, valorisée et soutenue. Ainsi, il y aurait plus de chauffeurs de taxi que de véhicules jaunes, la plupart des taxis. Alors attendons voir dès jeudi...

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.