Tunisie: L'entreprise autrement | Nettement plus flou

14 Décembre 2022

Il est clair qu'en Tunisie, l'obscurité est en train de gagner du terrain et que la situation est devenue nettement plus floue.

Ce qui n'arrange personne, les agents économiques en premier. Ces derniers, tout le monde le sait, ne peuvent jamais avancer à tâtons, surtout les investisseurs, moteurs réels de la croissance, donc responsables en partie du développement du pays. Aujourd'hui, l'argent dont l'origine est louche et qui vit encore en cachette, est en train de se transformer en terrains et en pierres. Cela fait travailler le bâtiment, mais au détriment du secteur de la promotion immobilière et pour appauvrir encore plus les ménages qui n'arrivent pas à acquérir un logement décent.

Blanchiment d'argent et évasions fiscales quand vous nous tenez. Une autre partie de l'argent fantôme continue d'alimenter commerce parallèle, importations anarchiques, corruption de tous genres, ainsi que d'autres fléaux, gangrénant ainsi notre économie et confisquant par là même l'avenir des générations futures. Tout cela à cause, entre autres, du flou, de l'inertie et de l'ambiance électrique qui règnent, hélas, dans le pays. A quelques jours d'un scrutin à hauts risques, que la plupart des spécialistes ont taxé d'illégal et hors-la-loi, et qui ajoutera, certainement, une bonne dose de flou, rien n'est clair du côté de Carthage, encore moins du Côté de La Kasbah. A tel point que du côté de la Place M'hamed-Ali, par exemple, tout est devenu très clair et la colère est, aujourd'hui, exponentielle et l'hiver risque de devenir très chaud.

%

Idem pour d'autres organisations nationales et professionnelles qui ont nettement exprimé leurs réserves à l'égard de plusieurs points vitaux de la vie économique et sociale, tels que la future politique des subventions et le projet de loi de finances (décret-loi pour être précis) et parfois même leur refus de bon nombre de ses dispositions et aussi de la manière grâce à laquelle il a vu le jour au sein des couloirs mal éclairés de l'administration, et à la lumière éblouissante des exigences du FMI. Ajoutons à cela le refus clair de la plupart des partis politiques et de larges composantes de la société civile de tout ce qui se passe depuis le 22 septembre 2021 et son fameux texte n°117 (d'autres depuis le 25 juillet 2021, date du coup de force du locataire de Carthage) et le bois est prêt pour alimenter l'éventuel incendie.

Il faudrait donc agir avant que l'irréparable ne survienne, surtout que le futur soi-disant Parlement va donner une pseudo-légalité à tout un échafaudage précaire car nettement illégal. Cela sans parler du manque flagrant de compétences et de personnes possédant une bonne expérience dans le domaine de la gestion des affaires publiques. Incompétence et opportunisme (même pour la course à la présidence de la République) sont, hélas, devenus la règle depuis des lustres, surtout après 2011. Auxquels il faudrait ajouter la mentalité et les pratiques mafieuses qui sont devenues une quasi règle. Nous avons eu aux affaires publiques des incompétents et des débutants qui sont en plus arrogants.

Des personnes qui n'ont jamais rien dirigé même pas un service ou une association et qui se retrouvent dans les hautes sphères de la décision. La visite du locataire de Carthage à une usine de lait après avoir entendu une femme crier à la pénurie, et la discussion qui a eu lieu au sein de ladite usine (simple coïncidence sémiologique) à propos du problème du lait, démontre encore une fois à quel point nous devons avoir peur.

Les conflits idéologiques et aussi ceux pour les intérêts personnels ou corporatistes continuent, par ailleurs, de peser lourdement sur notre pays et d'empoisonner la vie politique. Cette dernière continue, de son côté, à participer à notre marche forcée vers la faillite totale et généralisée.

Chacun croit qu'il est le seul détenteur de la vérité, essaye de s'ériger en sauveur ou en donneur de leçons et s'active pour nous imposer sa vision et ses solutions qui, la plupart du temps, sont obsolètes, utopistes et parfois simplistes et irréalisables, pis encore aux conséquences catastrophiques si elles se concrétisent.

C'est pour cela qu'un dialogue sérieux et transparent, réunissant toutes les composantes patriotiques et démocratiques du pays, doit être instauré sans plus tarder. Et tout le montage du 25 juillet 2021 doit partir car devenu un vrai problème, pire, une calamité.

Une nouvelle révolution, institutionnelle, cette fois-ci et non par la rue, doit voir le jour. Et le locataire de Carthage doit comprendre qu'il représente l'échec et l'absence d'aucun espoir pour remettre le pays en selle, et qu'un congrès transitionnel (voir, SVP, nos précédentes chroniques) doit prendre les rênes du pays.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.