Tunisie: L'Ugtt nie sa participation à l'élaboration du programme de réformes | Taboubi - " Une bataille nationale contre le système "

14 Décembre 2022

- "Nos positions sont claires et franches, notre bataille ne concerne pas le gouvernement, mais l'ensemble du système".

- "L'Ugtt n'a aucun problème à traiter avec le FMI".

- Réunion, le 21 décembre, du bureau exécutif élargi de l'Ugtt.

Désormais, il ne se passe plus une journée sans que l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) ne fournisse une déclaration par l'intermédiaire de son secrétaire général, Noureddine Taboubi, ou de l'un de ses collaborateurs les plus médiatisés, comme Sami Tahri, Samir Cheffi ou Slaheddine Selmi, pour dégager la responsabilité de la centrale syndicale ouvrière de l'accord que le gouvernement Najla Bouden est sur la voie de conclure avec le Fonds monétaire international (FMI) et pour dire le plus clairement du monde : "Contrairement à ce que répandent les ministres de Najla Bouden, l'Ugtt n'a pas participé à l'élaboration du programme des réformes soumis au FMI, un programme sur la base duquel la Tunisie va bénéficier du tant attendu crédit estimé à 1,9 milliard de dollars sur quatre ans pour appuyer son programme de réformes.

Noureddine Taboubi va encore plus loin, pour déclarer, en réponse à une question posée par une journaliste à l'occasion d'un séminaire organisé par la Fédération générale de l'agriculture relevant de l'Ugtt : "Nous sommes comme tout le monde. Nous ne savons rien, absolument rien, de ce que le gouvernement a proposé au FMI dans le but d'obtenir son accord à propos du crédit dont tout le monde parle".

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Il ajoute à l'adresse des journalistes qui l'entouraient pour recueillir sa réaction à propos des "informations ou discrétions" selon lesquelles l'accord en question serait signé le 19 décembre 2022, c'est-à-dire deux jours après les élections législatives anticipées programmées le samedi 17 décembre : "Si vous disposez de détails ou de données officielles sur le contenu du plan de réformes soumises au FMI, offrez-vous l'opportunité d'en avoir connaissance".

Et comme la déclaration faite par Marc Gérard, représentant permanent du FMI, aux médias tunisiens à l'occasion des Journées nationales à l'entreprise indiquant notamment que "les discussions du FMI avec l'Ugtt sont bonnes", aurait créé un semblant de remous au sein des milieux syndicalistes, Noureddine Taboubi paraît avoir décidé d'éclairer les choses, pour dire carrément : "Le syndicat n'a aucun problème à traiter avec le FMI", sans pour autant infirmer ou confirmer les propos de Marc Gérard.

Le secrétaire général de l'Ugtt préfère, plutôt, engager une nouvelle guerre ou guéguerre avec le gouvernement actuel mais contre "l'ensemble du système".

Il est tranchant: "La bataille que nous menons aujourd'hui est une bataille nationale et ne concerne pas le gouvernement, mais l'ensemble du système".

Et l'appellation "l'ensemble du système" signifie clairement, comme le souligne Noureddine Taboubi lui-même, "ces gouvernements successifs qui sont des gouvernements dirigés depuis l'étranger", clame-t-il.

Il reste à savoir pourquoi Noureddine Taboubi a choisi la voie de l'escalade à l'encontre du gouvernement au moment où il ne reste que moins d'une semaine pour que le gouvernement ait accès finalement au crédit du FMI ou pour être plus clair à la première tranche qui lui sera servie en mars 2023.

La réponse est claire : l'Ugtt exprime sa conviction, via un communiqué publié lundi 12 décembre, à l'issue de la réunion de son bureau exécutif, qu'il ne lui est plus permis de se taire face aux "mensonges" rapportés par les ministres de Najla Bouden et aussi par le gouverneur de la Banque centrale prétendant que la centrale syndicale ouvrière a participé à l'élaboration du programme gouvernemental soumis à l'approbation du FMI.

L'Ugtt est claire : "Nous ne sommes pas dans l'obligation d'appliquer des accords auxquels nous n'avons pas participé ni de près ni de loin, outre le fait que ces accords aggravent la souffrance du peuple et nuisent aux intérêts de la Tunisie".

Autrement dit, les syndicalistes refusent "la levée de la compensation, la privatisation des entreprises publiques, la pression sur la masse salariale et l'augmentation des impôts sur les salariés", comme le souligne la déclaration finale de la réunion du bureau exécutif de l'Ugtt.

Il est à préciser que Noureddine Taboubi a annoncé la réunion, le 21 décembre, d'une session du bureau exécutif élargi, en présence des responsables syndicaux régionaux.

En outre, il a fait part de la décision de l'Ugtt d'appeler à la tenue, dans les plus brefs délais, de la commission administrative nationale.

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