Même si le continent africain a été rudement frappé par la Covid-19, il a su développer une résilience qui lui a permis de la contenir. Cependant, d'une manière générale, les systèmes de santé demeurent fragiles. Aujourd'hui, il est plus que jamais nécessaire de les renforcer en se basant particulièrement sur les leçons apprises de cette pandémie. C'est en tout cas l'un des objectifs de la tenue de la Conférence internationale sur la santé publique en Afrique (Cphia), dont la deuxième édition a lieu au Rwanda (13 - 15 décembre 2022), après celle de 2021.
KIGALI - Un nouvel ordre de la santé publique en Afrique. C'est ce que préconise le Dr Ahmed Ogwell Ouma, Directeur par intérim du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Cdc Afrique). Il estime " qu'il est temps de faire les choses différemment en Afrique ". " Nous avons décidé de transformer les défis en opportunités, lesquelles doivent nous permettre de renforcer nos systèmes de santé ", lance-t-il, soulignant qu'il est temps de faire de l'Afrique un continent confiant, capable de développer ses capacités internes avec des ressources endogènes ". Le Dr Ouma s'exprimait, hier, lors de l'ouverture de la deuxième Conférence internationale sur la santé publique en Afrique (Cphia, en anglais). Cette rencontre, qui se tient à Kigali, au Rwanda, du 13 au 15 décembre, a pour thème " Reprise post-pandémie : L'Afrique à la croisée des chemins ". Elle vise, entre autres, à " créer une plateforme unique à travers laquelle les dirigeants, les chercheurs, les décideurs et parties prenantes d'Afrique pourront partager les résultats de leurs travaux de recherche en matière de santé publique ainsi que leurs perspectives, tout en ouvrant une nouvelle ère de collaboration scientifique et d'innovation sur le continent ".
Si le Directeur par intérim de la Ccd Afrique est convaincu que les choses doivent changer et peuvent changer, il se fonde notamment sur la capacité de résilience du continent durant la pandémie de Covid-19. Une période pendant laquelle " l'Afrique a su gérer des urgences de santé publique complexes ". En plus, " nous sommes devenus plus efficaces avec des ressources locales ". Car, en 6 mois, renseigne-t-il, des laboratoires ont été créés partout. Le séquençage pour identifier les différents variants du nouveau coronavirus a pu se faire. " Tout ce travail s'est fait pendant le confinement. Il s'agit là d'une réussite africaine sans précédent ", se réjouit-il. Pour cette raison, le Directeur général de l'Oms, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesu, intervenu par visioconférence, n'hésite pas à dire que " c'est le moment de renforcer les systèmes de santé en Afrique ".
Parcours transformateur
Dans la même dynamique, le Pr Senait Fisseha, coprésidente de la Cphia, relève la grande capacité de transformation de l'Afrique. " Et elle l'a montré avec l'avènement de la Covid-19 ", réitère-t-elle, convaincue que " les enseignements de la pandémie de Covid-19 doivent nous pousser à aller au-delà ". D'ailleurs, cette conférence vise à " contribuer à ce parcours transformateur, à penser et à améliorer la santé publique en Afrique ", ajoute le Pr Agnès Binagbaho, coprésidente de la Cphia 2022. Aussi, le Pr Fisseha souligne-t-il la nécessité de mettre en place des partenariats dynamiques et d'œuvrer pour une meilleure prise en charge des populations les plus marginalisées afin de leur fournir les services et soins appropriés. Selon elle, la Conférence internationale sur la santé publique en Afrique est une occasion de mettre en place des systèmes de santé résilients, d'assurer la production locale en termes de vaccin et d'autres produits de la santé. " La Cphia est un mouvement pour faire avancer le Nouvel ordre de santé publique africain ", affirme-t-elle, soulignant qu'il est temps de " transformer les choses comme nous n'avons jamais pu le faire ".
Cela est faisable, si l'on se fie aux propos du Dr Ahmad Ogwell Ouma, Directeur par intérim de la Ccd Afrique. " Le nouvel ordre africain de la santé publique est possible. Déployons-nous pour en faire une réalité ", plaide-t-il. C'est en tout cas la seule issue pour " avoir l'Afrique que nous voulons " comme l'a dit le Pr Agnès Binagbaho, coprésidente de la Cphia 2022. Mais elle est d'avis que pour aborder les questions sanitaires de façon cohérente, " nous devons adopter une approche multisectorielle ".
Mise en place d'un " Prix pour le personnel de santé de première ligne "
Le Dr Ahmad Ogwell Ouma, Directeur par intérim du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Cdc Afrique) a, le 13 décembre 2022, lors de son allocution à l'ouverture de la deuxième Conférence internationale sur la santé publique en Afrique (Cphia) qui se tient à Kigali, au Rwanda, insisté sur la nécessité de renforcer les capacités des personnels de santé africains à tous les niveaux. Selon lui, malgré un contexte difficile, ces agents font un travail formidable, surtout ceux qui sont en première ligne dans la prise en charge médicale. Ce fut notamment le cas lors des vagues très mortelles de Covid-19, même si l'Afrique, contrairement à ce qui était attendu, a été moins touchée par cette pandémie, comparé à l'Europe ou aux États-Unis. Ainsi, pour honorer ces personnels, la Cdc Afrique a-t-elle décidé de mettre en place " un Prix pour le personnel de santé de première ligne ", annonce le Dr Ouma. Selon lui, " nous devons croire en nous pour renforcer notre personnel de santé, mobiliser davantage de ressources domestiques ".
L'autre annonce faite dans le cadre de la Cphia concerne les jeunes. " Une équipe consultative des jeunes sera mise en place au sein du Cdc Afrique ", informe-t-il. Selon le Directeur par intérim de cette institution, il est nécessaire d'impliquer cette frange importante de la population africaine dans la prévention et la prise en charge des maladies dans le continent. Signalons que la mission est de " renforcer les capacités, les compétences ainsi que les partenariats avec les institutions de santé publique en Afrique afin de prévenir, de détecter et de répondre rapidement et efficacement aux crises sanitaires, et ce, en s'inspirant de la science, des politiques fondées sur des preuves ainsi que des interventions et programmes basés sur les données ".
(Envoyée spéciale)