Afrique: États-Unis/Afrique/Occident - Ahoua Don Mello souhaite que des liens coloniaux disparaissent

Dans un entretien exclusif à Radio France internationale, le 14 décembre, Ahoua Don Mello, consultant du patronat russe sur les dossiers africains et représentant pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale de l'alliance entre la Russie, la Chine, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud, a donné son point de vue sur les relations entre l'Afrique, la Russie et l'Occident.

Compte tenu de la popularité croissante de la Russie dans les pays africains et de la détérioration des relations avec la France, Ahoua Don Mello a évoqué la différence d'approche de ces deux pays.

En ce qui concerne la France, l'expert pense que " les derniers liens coloniaux doivent sauter, notamment à la question monétaire, militaire et à la question de l'économie des matières premières ". De l'autre côté, la Russie, selon lui, n'imposera jamais une politique aux pays africains. Il ajoute que la Russie ne fait pas autre chose que " d'aider les forces progressistes qui luttent contre les derniers boulons de la colonisation ".

Parlant de la Centrafrique et du Mali, où la Russie est vue comme une alternative à la France, Ahoua Don Mello pense " qu'il est bon de prendre conscience que les derniers liens coloniaux doivent sauter. Il a fait allusion notamment aux questions monétaire, militaire et économique. " " De l'autre côté, vous avez la Russie qui se positionne, mais vous ne verrez jamais les Russes venir imposer une politique à un pays africain. Ça ce n'est pas possible ", a-t-il assuré.

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L'expert Ahoua Don Mello estime également que la présence militaire de la Russie en Afrique n'est pas aussi nombreuse que celle de la France ou de l'Amérique. Selon lui, il y a plusieurs groupes militaires américains et français dans les pays africains. Par conséquent, si le Mali ou la République centrafricaine veulent travailler avec la Russie, ils ont parfaitement le droit de le faire.

S'exprimant sur " les allégations d'exactions " imputées aux militaires russes, l'expert ivoirien a dénoncé " l'Occident qui cherche à instrumentaliser la question des droits de l'Homme, parce qu'on voit le silence que les Occidentaux observent quand eux-mêmes sont responsables de ces exactions. On voit comment ils montent en épingle... "

Sur la question des entreprises minières russes qui s'intéressent à certaines matières premières africaines, comme la bauxite de Guinée-Conakry, Ahoua Don Mello a répondu : " Depuis les années Sékou Touré, l'accord entre la Guinée et la Russie est un accord d'abord militaire, dont le financement a été par le biais de la bauxite ". Selon lui, la Russie opère dans le secteur minier pour financer ces accords de coopération avec ces différents pays. " Elle n'est pas un acteur majeur ". En Guinée, a-t-il poursuivi, ce sont les Américains et les Chinois qui sont des acteurs majeurs dans le secteur de la bauxite.

S'agissant du sommet Etats-Unis/Afrique tenu du 13 au 15 décembre à Washington, le consultant du patronat russe sur les dossiers africains a déclaré que les Etats-Unis se sont réveillés brusquement pour proposer ce sommet, car la position de l'Afrique a beaucoup gêné les Américains et les Occidentaux. Après tout, c'est désormais à l'Afrique de choisir le meilleur pour son continent ".

Ahoua Don Mello a également noté qu'après le sommet Russie-Afrique, qui s'est tenu à Sotchi en 2019, un deuxième est prévu en Russie, dont la date sera annoncée prochainement. " Il y aura un nouveau sommet Russie-Afrique en 2023 et ce sera en Russie, a-t-il dit.

" Les besoins de l'Afrique sont énormes. C'est à nous de choisir le meilleur de chaque offre parce que l'Afrique n'a pas à choisir un camp ou un autre ", a conclu l'expert ivoirien, Ahoua Don Mello.

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