Les élections législatives en Tunisie auront lieu samedi 17 décembre. Jeudi soir, avant le silence électoral, le média alternatif Nawaat a organisé deux débats à Tunis, dans le contexte d'un durcissement autour de la liberté d'expression.
A Tunis, la campagne des législatives a suscité peu de débats d'idées, les médias étant cantonnés à inviter chaque candidat par tirage au sort, souvent réduits à présenter leur programme dans un temps limité et équitable au sein des radios et des télévisions. Plateforme d'opposition sous la dictature devenue un média en ligne de référence, Nawaat a choisi d'organiser deux débats jeudi 15 décembre, à la veille du silence électoral : le premier sur les jeunes, le second sur le manque d'alternatives face à la dérive autoritaire de Kaïs Saïed.
Une vingtaine de personnes étaient rassemblées dans les locaux du média, en plein centre-ville de Tunis, pour écouter sociologues, politiques et activistes discuter des législatives mais aussi de la situation politique. Pour Firas Kefi, chargé de la communication à Nawaat, il s'agit d'un débat précieux dans un contexte où les inquiétudes pèsent sur la liberté d'expression. Il y a selon lui " une absence d'espace pour l'expression sur la chose publique depuis le 25 juillet. C'est donc le rôle de Nawaat de proposer un espace alternatif où l'on peut échanger ".
" On n'a pas l'impression qu'il y a des élections "
Afef Daoud, présidente du conseil national du parti social-démocrate Ettakatol et intervenante dans le débat, dresse un triste bilan de la campagne électorale qui a suscité peu d'engouement au sein des élites. " On n'a pas l'impression qu'il y a des élections demain, soupire-t-elle. Il n'y a pas de débat public sur les grandes politiques publiques. " Pour elle, cette situation revient principalement " au choix qu'a fait unilatéralement le président de quelque part réduire le rôle du Parlement, de choisir des élections sur des personnes mais en niant le rôle des partis. "
1058 candidats sont en lice pour ce premier tour. Une grande majorité des partis d'opposition boycottent le scrutin, une première dans les élections de l'après-révolution.