Madagascar: Ranavalona II, une grande protectrice de la forêt

Le Code des 305 articles transforme l'institution établie sous Andrianampoinimerina, dont la forte personnalité et la sagesse placent au-dessus de tous ses contemporains et font qu'il centralise tous les pouvoirs. Cette loi de 1881 crée ainsi des ministères, huit exactement.

Le département de l'Intérieur se charge de la Police et ses six mille cinq cents agents, les Sakaizambohitra, prennent un nouveau nom, les Antily. Les attributions de ce ministère touchent l'état civil, les impôts, les poids et mesures, la vente de terrains... Celui des Affaires étrangères s'occupe des rapports des Malgaches avec les étrangers, des traités et de l'" observation " (l'espionnage ?).

Celui de l'Armée contrôle tout ce qui concerne ce domaine: la discipline, l'instruction, la valeur, le recrutement, l'organisation des expéditions, les garnisons, la défense, la relève, le bon entretien des équipements... Les cinq autres départements sont le ministère des Lois et celui de la Justice car la législation est séparée des règlements divers de la justice. Le rôle de ce dernier est d'" attribuer la Justice et faire rapidement les jugements ". Et celui des Lois, " de faire connaitre les lois ". Celui de l'Industrie a pour charge " les cultures, les animaux, les élevages, la mise en culture des terres vierges, les industries et inventions dans tous les domaines ". Celui des Finances " encaisse, conserve, verse au-dehors " (de l'argent).

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Et enfin, le ministère des Écoles. Comme il est constaté, le deuxième Code de Ranavalona II embrasse divers domaines et secteurs et, à bien des égards, il est toujours d'actualité. Prenons l'exemple de la rubrique " forêts " (art. 91 à 106). De prime abord, il est stipulé que " les grandes forêts et toutes les terres libres appartiennent à l'État : personne ne peut les donner en location ni les vendre sans le consentement du gouvernement ; ceux qui en disposent autrement seront mis aux fers pendant vingt ans ".

En outre, l'utilisation des produits des forêts est règlementée. Les charbonniers et les " sécheurs de bambous " ne peuvent fabriquer leur charbon ni sécher au feu leurs bambous dans l'intérieur de la forêt, mais seulement dans les zones dénudées pour éviter les incendies de forêt. Et ceux qui se livreront à ces occupations à l'intérieur et aux abords des forêts, " seront punis d'une amende de trois bœufs et de trois piastres ". S'ils ne peuvent la payer, ils seront mis en prison à raison d'un " sikajy " par jour jusqu'à concurrence du moment de l'amende. De plus, les charbonniers ne peuvent pas abattre un grand arbre pour fabriquer leurs produits. Ceux qui agissent autrement seront punis d'une amende d'un bœuf et d'une piastre par grand arbre abattu. S'ils ne peuvent payer, ils seront mis en prison à raison d'un " sikajy " par jour jusqu'à concurrence du montant de l'amende. Aucune maison ne peut être bâtie dans la forêt sans l'autorisation du gouvernement.

Si quiconque en érige une pour y demeurer, " il sera puni d'une amende de dix bœufs et de dix piastres, sa maison détruite et il devra payer une indemnité d'un bœuf et d'une piastre par arbre abattu ". Et ceux qui ne peuvent pas payer, en courent la même peine que celle stipulée ci-dessus, soit un emprisonnement à raison d'un " sikajy " par jour jusqu'à concurrence du montant de l'amende. Nul ne peut non plus défricher la forêt par le feu dans le but d'y établir des champs de riz, de maïs ou toutes autres cultures. Seules les parties déjà défrichées et brûlées peuvent être cultivées. " Quiconque pratique de nouveaux défrichements ou étend ceux déjà existants, il sera mis aux fers pendant cinq ans. "

De même, les arbres (palétuviers) des forêts qui se trouvent sur les bords de la mer (mangroves), ne peuvent être abattus ni endommagés inutilement. À moins que ce ne soit sur l'ordre du gouvernement. " Ceux qui endommagent la forêt seront punis d'une amende de dix bœufs et de dix piastres et s'ils ne peuvent la payer, ils seront enfermés à raison d'un 'sikajy' par jour jusqu'à concurrence de l'amende. " Toutes ces dispositions sont prises car " les peuples qui survivent et progressent aux dépens de la Nature ", sont des " populations prédatrices ". Par les défrichements, les agriculteurs qui pratiquent la redoutable technique du brûlis, sont de plus en plus amenés à s'enfoncer dans la forêt. Parallèlement, les activités de chasse et de cueillette qui se poursuivent, augmentent davantage la dégradation de la forêt. " Ainsi, l'occupation humaine se traduit par la modification du milieu géographique. "

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