Maroc: Les infirmières britanniques entament une grève inédite

16 Décembre 2022

Face à la crise du coût de la vie et du système public de santé, les infirmières britanniques se mettent en grève jeudi, un mouvement inédit qui traduit l'ampleur du mécontentement au Royaume-Uni.

Jusqu'à 100.000 infirmières doivent participer jeudi à cette grève, la première dans les 106 ans d'histoire de leur syndicat, le Royal College of Nursing (RCN), ainsi que le 20 décembre. Le mouvement concerne l'Angleterre, le Pays de Galles et l'Irlande du Nord.

Il intervient après un nouveau mouvement qui a durement affecté les chemins de fer mardi et mercredi et a marqué le début de tensions sociales d'une rare intensité pour les fêtes.

Des cheminots à la police aux frontières, de nombreuses catégories professionnelles seront en grève en cette fin d'année, bousculant les projets de certains Britanniques. Les salariés du Royal Mail, la poste britannique, le sont mercredi et jeudi, en période de nombreuses commandes de cadeaux.

Le gouvernement conservateur, en difficulté dans les sondages, garde une position très ferme contre les syndicats et promet de légiférer pour réduire leurs marges de manoeuvre.

Les infirmières demandent une augmentation des salaires représentant un peu plus de 19% pour rattraper des années de disette qui se sont traduites, pour le RCN, par une baisse de leur pouvoir d'achat de 20% depuis 2010 et l'arrivée des conservateurs au pouvoir. Une demande jugée "inabordable" par le gouvernement.

Saluant "l'incroyable dévouement" de la profession, le ministre de la Santé Steve Barclay a jugé "profondément regrettable" qu'une partie des membres des syndicats maintienne le mouvement, après l'échec des dernières discussions.

Il a assuré dans un communiqué que sa "priorité N°1" était la sécurité des patients, rappelant que le service public de santé, le NHS, est ouvert, en particulier pour les soins urgents.

Dans un Royaume-Uni en pleine crise du coût de la vie, avec une inflation au-dessus de 10% et des prix dans l'alimentaire qui s'envolent, les représentantes des infirmières affirment que leurs membres sautent des repas, peinent à nourrir et habiller leurs familles et finissent par quitter en masse le NHS.

"La charge de travail est horrible. Les infirmiers sont cramés, ils ne peuvent pas apporter un service sûr aux patients", expliquait récemment à l'AFP Mark Boothroyd, infirmier urgentiste à l'hôpital Saint-Thomas de Londres.

Selon lui, nombre de nouveaux arrivants dans la profession la quittent après seulement un an ou deux en raison des bas salaires, plaçant celles et ceux qui restent sous une intense pression.

Selon le Royal College of Nursing, certains services - chimiothérapie, dialyse, soins intensifs et unités pour malades très dépendants - seront épargnés. Mais d'autres verront leurs effectifs comparables à ceux d'un jour de Noël.

Avant la grève, des échanges amers ont émergé au sujet des effets de celle-ci, la responsable de la cancérologie pour le NHS en Angleterre, Cally Palmer, exhortant dans une lettre révélée par la chaîne Sky News le syndicat à s'assurer que la grève n'affecte pas les traitements "vitaux", pour permettre de soigner la maladie ou prolonger la vie des patients.

Un porte-parole du syndicat a dénoncé une "volonté politiquement motivée de salir, de la part d'un gouvernement qui laisse tomber les patients atteints d'un cancer", insistant sur le fait qu'il n'y a "aucun doute" que les malades bénéficieraient de ces soins urgents.

"La sécurité des patients est la principale priorité pour tout le monde", a déclaré le porte-parole du syndicat, soulignant qu'il avait accepté mardi d'étendre les services qui ne seraient pas affectés par le mouvement.

Lors de la séance hebdomadaire des questions au Parlement mercredi, le chef de l'opposition travailliste, Keir Starmer, a qualifié "d'insigne de honte" la grève, appelant le Premier ministre Rishi Sunak à négocier pour que celle-ci soit annulée, ce qui permettrait à "tout le pays de pousser un souffle de soulagement".

Ce à quoi M. Sunak a rétorqué que le gouvernement conservateur suivait les recommandations de l'organisme indépendant dans ses propositions d'augmentations, qualifiant les grèves de "cauchemar avant Noël" imputable au Labour en raison de ses liens avec les syndicats.

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