Congo-Brazzaville: . Ahmmed Agargi - " Nous sommes disposés à partager notre savoir-faire avec les frères du continent "

interview

Le chargé d'affaires près l'ambassade du Royaume du Maroc au Congo a souligné, dans une interview qu'il nous a accordée, que les prestations de qualité livrées par les Lions de l'Atlas, lors de la phase finale de la Coupe du monde jouée au Quatar, sont le fruit d'un travail de longue haleine ayant permis à cette sélection de devenir la première formation africaine à jouer une demi-finale de la compétition planétaire. Entretien.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.): Monsieur le chargé d'affaires, depuis combien de temps êtes-vous en poste ici au Congo ?

Ahmmed Agari (A.A.): Je suis nommé à Brazzaville depuis le début du mois de juin et j'ai pu découvrir un pays extraordinaire ainsi que des gens très chaleureux et très accueillants. J'ai été heureux de mon affectation ici puis que cela m'a permis d'œuvrer avec la partie congolaise pour donner un nouvel élan à cette relation d'exception qui existe entre nos deux pays.

L.D.B. : Le Maroc est entré dans l'histoire en devenant la première sélection africaine à disputer les demi-finales d'une Coupe du monde. Comment analysez- vous cet exploit des Lions de l'Atlas ?

A.A.: J'estime que cet exploit est le fruit d'un travail qui a débuté depuis plus d'une décennie. Sous la conduite éclairée de sa majesté le roi, notre pays a mis sur place toutes les infrastructures nécessaires. A titre d'exemple, l'Académie Mohammed VI pour la formation dans le domaine du football a permis d'alimenter l'équipe nationale de joueurs talentueux et performants, comme EN-Nesyri, Ounahi, Agherd et Tagnaouti. Actuellement, le Maroc a franchi le mur psychologique qui permettra de motiver les autres sélections africaines lors des prochaines Coupes du monde.

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L.D.B.: Quelle a été la recette pour le Maroc?

A.A.: Grace à son infrastructure et ses cadres formateurs, le Maroc arrive à former des joueurs de haut niveau, sans oublier la communauté marocaine établie à l'étranger qui fournit aussi des joueurs de qualité comme Ziyech qui évolue à Chelsea, Hakimi au PSG et Mazraoui au Bayern de Munich... . Il y a lieu de signaler qu'avec un tel effectif, l'équipe marocaine a commencé cette compétition avec l'ambition d'aller le plus loin possible. Actuellement, le Maroc a envoyé un message fort aux autres sélections africaines qu'il faut croire en soi pour pouvoir aller de l'avant. Les talents sont là, il faut les accompagner et les former pour pouvoir relever le défi.

L.D.B.: A la faveur de ce parcours à la Coupe du monde, peut-on envisager l'avenir du football africain en général et du Maroc en particulier avec beaucoup d'optimisme ?

A.A.: Je suis optimiste de nature, très confiant. Je sais pertinemment que le continent africain regorge de talents. Ce qu'il faut, c'est de mettre en place des infrastructures et des formations nécessaires. Dans ce domaine, le Maroc est précurseur et disposé à partager son expertise et son savoir-faire avec ses frères du continent. Il faut commencer par la formation des jeunes pour pouvoir alimenter les équipes nationales. C'est un travail de longue haleine et aussi un travail de prospection.

L.D.B. : Le Maroc avait les moyens de prolonger le plaisir face à la France. Mais l'issue du match a été très cruelle. Quels enseignements tirez- vous de cette rencontre ?

A.A.: On avait la possibilité de gagner ce match mais c'est le football. Dans le haut niveau comme le match de mercredi, il y a quelques détails qui font la déférence, comme la gestion des blessures et la répartition des efforts fournis depuis le début de la compétition, sachant que l'entraîneur n'a pris en main la sélection que seulement trois mois avant le début de la Coupe du monde. Néanmoins, il a réussi la mise sur place d'un esprit d'équipe et de liens forts entre les joueurs. Maintenant, il faut tirer les enseignements nécessaires de ce parcours extraordinaire et commencer d'ores et déjà à préparer la prochaine Coupe du monde en mobilisant toutes les ressources nécessaires. Ceci est valable pour les autres équipes africaines qui doivent aborder les prochaines Coupes du monde avec l'objectif de les remporter.

L.D.B.: Etes- vous d'avis que le manque d'expérience a pesé sur la balance ?

A.A.: C'est vrai que nous avions en face les champions du monde. Le Maroc a dominé la France en terme de possession de balle. Mais dans le football moderne, il faut être réaliste comme on l'a été dans les autres matches contre la Belgique, l'Espagne et le Portugal. A un moment donné, on a fait douter les Français et malgré le fait qu'ils avaient marqué le deuxième but, on a continué à pousser jusqu'au bout. Ce qui démontre que cette équipe du Maroc a du caractère.

L.D.B.: Votre pays qui a fait rêver tout un continent n'a gagné la Coupe d'Afrique des nations qu'une seule fois, en 1976. Pensez-vous que cette génération dispose désormais des moyens pour gagner la prochaine édition en Côte d'Ivoire ?

A.A.: Le Maroc doit gagner la prochaine Couped'Afrique des nations pour confirmer la prestation réalisée lors de la Coupe du monde, Qatar 2022. En mon humble avis, il serait souhaitable de renouveler la confiance à l'entraineur national, Oualid Régragui, qui fait un travail remarquable et qui honore les techniciens nationaux et africains qui n'ont rien à envier aux entraîneurs étrangers.

L.D.B.: La fédération royale marocaine de football et celle du Congo de football sont liées par un contrat de partenariat. Que vous inspire cette coopération ?

A.A. Nous avons une expertise et un savoir- faire non négligeables que nous pouvons partager avec nos frères congolais. Le Congo est un pays qui regorge de talents et le notre est disposé à partager son expérience dans le cadre du partenariat qui les lie. Il faut aussi penser à mettre en place des terrains de proximité pour permettre aux jeunes de s'épanouir.

L.D.B.: Pour conclure...

A.A.: Je souhaiterai un jour voir, ici à Brazzaville, la mise en place de l'Académie Denis-Sassou-N'Guesso de football, personnalité pour laquelle j'ai une très grande estime. Ce centre permettra au Congo de former des joueurs de grande qualité qui pourraient évoluer dans de grands championnats à l'étranger. Ce qui contribuera au rayonnement de votre pays.

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